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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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aussitôt au point convenu et s’arrêtèrent à cent pas de la porte du Temple.
    Un peu après onze heures, Jacquemin Corentin apparut.
    Il raconta que la rue de la Hache était gardée à ses deux extrémités par de fortes barrières de gardes prévôtales, qu’il lui avait été impossible de franchir l’une ou l’autre de ces deux barrières, qu’il avait failli être arrêté en essayant de passer, et qu’il n’avait dû son salut qu’à la longueur de ses jambes, longueur grâce à laquelle il avait rapidement laissé en arrière des hommes noirs lancés à sa poursuite.
    – Je n’ai donc rien vu, ajouta-t-il. Mais en revanche, j’ai entendu : la rue est pleine de tumulte et de cris de mort. On s’y bat, c’est sûr. On s’y bat avec rage, avec fureur.
    Bel-Argent demeura silencieux.
    – Que dis-tu de cela ? fit Corentin.
    – Tu dis que la rue de la Hache est bourrelée de gardes ?
    – Elle en déborde. Et ils crient comme des enragés contre le sire de Ponthus, ce pauvre gentilhomme !
    – Elle crie, la vilaine prévôtaille ! Pourquoi as-tu lu ?
    – C’est toi qui l’as voulu ! Et ils jurent de l’occire…
    – Misère ! Quel malheur que je ne puisse… Mais que diable avais-tu besoin de te trouver là à point nommé pour lire ? Qui t’a prié de venir juste à ce moment-là ?
    – Tu fus bien heureux, alors, de me trouver pour…
    – Et que crois-tu ? là, franchement ? Penses-tu qu’il s’en tire ?
    – Las ! dit Jacquemin, à cette heure il doit être…
    – Malheur ! Et ne pouvoir… Mais quel besoin, quelle rage t’a pris de me lire l’écriture qui me cloue ici, dis, escogriffe ?
    – Mais c’est toi, c’est toi qui m’as demandé…
    – Ce n’est pas vrai, menteur, écornifleur, goinfre, lecteur de Satanas !
    – Tu erres, dit Corentin avec dignité, tu erres, Bel-Argent.
    – J’erre, moi ? J’erre ? hurla Bel-Argent. Vit-on jamais pareille impudence ? Attends un peu, que je te retrouve sur quelqu’un de ces piloris où tu as l’habitude de loger. Tu verras si je me ruine encore à te payer à boire, larronneur, laide mouche avec ton faux nez…
    Depuis longtemps Corentin n’entendait plus. Corentin, étourdi, abasourdi, avait pris la fuite en se bouchant les oreilles, poursuivi par ces malédictions et d’autres que nous ne pouvons relater.
    Bel-Argent, alors, s’arrêta de vociférer contre Jacquemin et s’invectiva lui-même.
    – De cette façon, dit-il, le malheureux sire de Ponthus commence à être vengé. Mais il me faut maintenant exécuter sa dernière volonté. Mort ou vif, il compte sur moi. Envers et contre tous, donc, je conduirai la dame d’Ulloa jusqu’aux Espagnes.
    Et il attendit jusqu’au moment où la grosse horloge du Temple se mit à tinter. Les douze coups, lentement, tombèrent dans le silence… Un jour de plus s’engouffrait au néant.
    – Cet escogriffe de Jacquemin a lu : à minuit sonnant. En route donc, l’homme. Suis-moi sans peur. Le diable sait où je vais, mais moi j’y vais sans hésitation, comme le commande la damnée écriture.
    Le groupe se mit en marche, et bientôt atteignit l’hôtel d’Arronces.
    Bel-Argent mit pied à terre dans l’intention d’escalader la grille ; mais alors cette grille s’entrouvrit et un homme s’avança en disant :
    – Je vais avoir l’honneur de conduire le seigneur de Ponthus jusqu’à dona Léonor qui l’attend.
    – Je suis envoyé par le sire de Ponthus, dit Bel-Argent, et il faut que sur-le-champ je parle à la dame d’Ulloa.
    – Venez, dit l’intendant Jacques Aubriot qui reconnut le valet de Ponthus.
    – Cette litière, fit Bel-Argent, et ces chevaux ne doivent pas rester sur ce chemin. Sans quoi ce n’est pas à la porte du Temple que mon maître m’eût ordonné de me rendre, mais ici même.
    – Je vais donner l’ordre de les faire rentrer dans les écuries de l’hôtel. Suivez-moi.
    Quelques instants plus tard, Bel-Argent était mis en présence de Léonor d’Ulloa qui attendait toute prête pour le voyage.
    – Vous êtes seul ? demanda-t-elle d’une voix altérée. Où est le sire de Ponthus ?
    – Voici qui vous répondra sans doute, ma noble dame.
    Et Bel-Argent présenta à Léonor le papier cacheté qu’il avait trouvé dans la missive de Clother. Léonor l’ouvrit rapidement, et par trois fois, le lut mot par mot. Quand elle eut fini, elle était un peu pâle. Elle demanda :
    – Qu’est-il

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