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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vous autres ! dit rudement le grand prévôt. Je veux bien oublier qui vous êtes, et que vous méritez tous la prison pour vous trouver ici à une heure pareille.
    Il y eut des ricanements parmi les truands.
    – Silence ! dit Croixmart avec son calme de machine puissante. Quiconque de vous veut sortir le peut, sur ma parole. Il regagnera son logis sans être inquiété.
    Alcyndore se mit à rire, de son terrible rire de haine.
    – Et ceux qui veulent rester, dit-elle, le peuvent, sur ma parole… Qui s’en va ?… Quoi ! nul ne bouge ? Dommage, prévôt !… Et vous, ribaudes vilaines, n’entendez-vous pas qu’on vous fait grâce ? Allez-vous-en, les belles !… Quoi ? c’est non ? Vous dites non ?…
    Le silence alors se chargea d’angoisse. Alcyndore ne riait plus ; elle dit :
    – Tu vois, prévôt ? Le Porc-qui-Pique écoute de préférence au tigre qui caresse ! Qui l’eût dit ? La parole d’Alcyndore leur est bonne et valable. Et la parole du grand prévôt, sais-tu ce que c’est ?
    Elle cracha sur le sol :
    – Voilà ta parole, chien !
    Elle recula d’un pas et à toute volée repoussa la porte qui se ferma dans un claquement sec.
    – Gardes, commanda le grand prévôt, saisissez le sire de Ponthus et tout ce qui se trouve en ce repaire !

XX
 
DEVANT LA GRILLE DE L’HÔTEL D’ARRONCES
    Selon les instructions qu’il avait reçues, l’enfant, le Tournebroche, s’était rendu tout droit à la Devinière. Quant à franchir la barrière des gardes prévôtales, ç’avait été un jeu pour lui. Il s’était approché en sanglotant :
    – Un chirurgien ! un apothicaire ! Par pitié, qu’on m’indique le logis d’un apothicaire pour ma pauvre mère qui se meurt !…
    – Un apothicaire ? fit l’un des gardes. Par ma foi, il y a bien l’échoppe de Thomas le rempailleur, qui est aussi tondeur de chevaux, devant le porche de Saint-Eustache. Il s’y entend et a sauvé ma fille d’une bonne fièvre des dents. Cours-y, petit !
    Tournebroche s’était donc élancé, avait gagné la rue Saint-Denis et avait eu la chance de trouver Bel-Argent au moment où celui-ci, monté sur un rouan trapu et conduisant en main le cheval de Clother, sortait de l’écurie de la Devinière, éclairé par le falot d’un garçon de salle. S’étant assuré qu’il avait bien affaire à Bel-Argent, Tournebroche lui remit le papier dont il était porteur, en disant :
    – Voilà, seigneur Bel-Argent. Vous témoignerez que je vous ai bien remis le poulet. Dites voir, il y a donc des argents qui sont laids et des argents qui sont beaux ? Bonsoir, Bel-Argent !…
    Et Tournebroche était reparti tout courant, laissant Bel-Argent stupéfait et du messager goguenard, et du message, et de la rapidité avec laquelle le messager avait disparu.
    Et Jacquemin Corentin s’approcha.
    – Si tu parviens à me dire ce que me chante ce papier, je te promets de proclamer partout qu’il n’est point faux !
    – Et qu’en saurais-tu ? fit Corentin. Qui te prouve qu’il n’est point en carton ?
    Et ce fut au tour de Bel-Argent de demeurer ébahi et perplexe. Mais Corentin s’écria :
    – Je lis ! Sur mon âme, je lis très bien. Voilà qui est surprenant. Écoute.
    Et deux fois de suite il lut la missive de Ponthus, lecture que Bel-Argent écouta avec une violente attention, se gravant chaque mot dans la tête. Quand ce fut fini, Bel-Argent murmura :
    – Je veux que le diable me tire à lui…
    – Cela viendra, prends patience, dit Corentin.
    – Il se passe quelque chose… quoi ?… Je dois obéir à cette damnée écriture, car le sire de Ponthus assure que sa vie en dépend… Je le dois, et pourtant, cornes d’enfer ! il faut que je sache !… Jacquemin, je t’ai sauvé du pilori. Bien mieux, je t’ai juré d’avouer qu’il est vrai… Jacquemin, il faut te rendre à l’instant rue de la Hache, et puis tu viendras à la porte du Temple me dire ce qui se passe au Porc-qui-Pique. Vas-y, Jacquemin. Si tu le fais, je te rendrai tout ce que je t’ai gagné tantôt.
    – J’y vais ! dit Corentin.
    Et c’était du stoïcisme, car don Juan l’avait menacé d’une terrible bastonnade au cas où il quitterait la Devinière, ne fût-ce qu’une heure.
    Bel-Argent se remit en selle, tout pensif, grommelant force jurons, et s’en alla chez le voiturier où il trouva la litière qui l’attendait. L’un escortant l’autre, Bel-Argent et la litière se rendirent

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