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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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tard quand le comte reviendra de l'expédition que nous prévoyons outre-mer.
    Un petit rire sans joie échappa au vieux roi.
    — En cela, repartit-il, il me semble vous avoir déjà répondu naguère.
    — Les mensonges d'un… commença Richard, le rouge aux joues, en esquissant un pas en avant.
    — Apaisez-vous, le retint Philippe, impérieux. Nous sommes ici pour vider nos querelles, non pour en créer de nouvelles. (Il poursuivit à l'adresse d'Henri :) Dois-je en déduire, sire, que vous ne souhaitez discuter aucun des points que je viens d'évoquer ?
    — Me laissez-vous le choix ? J'accepte tout ce qu'il vous plaît de m'imposer, et je m'engage par ailleurs derechef à m'embarquer avec vous dès l'année prochaine pour aller délivrer le tombeau de Notre Seigneur. Il est une chose, une seule, que je vous demande comme une grâce et que je désire vous exposer en privé. Ce ne sera pas long.
    Sur la requête des deux rois, leurs compagnons s'éloignèrent – certains de mauvaise grâce.
    — Sire, reprit alors Henri, contre vous, je n'ai pas de rancœur. Nous étions ennemis, je vous aurais écrasé si je l'avais pu, c'est vous qui m'avez vaincu : voilà qui est dans l'ordre des choses et je ne vous en veux point. En revanche, il est parmi mes vassaux des félons sans l'aide desquels vous n'eussiez pu l'emporter. Je connais certes le plus grand d'entre eux, et il me peine de me rappeler qu'il porte mon nom, mais il en est que j'ignore. Ce que je sollicite de votre clémence, c'est la liste de tous ceux qui m'ont trahi à votre profit. Accordez-moi cela, et je fais serment de prier pour vous tous les jours qu'il me reste à vivre.
    Philippe hocha la tête. Quelques prières ne lui nuiraient pas. En outre, il n'avait lui non plus guère de sympathie pour les traîtres, même lorsqu'il en rémunérait lui-même la trahison, et refuser cette ultime grâce à un vieillard désemparé eût été pure cruauté.
    — Je me retire dès ce soir à Tours, déclara-t-il. Ladite liste y attendra la personne qu'il vous plaira de l'y envoyer chercher.
    — Je vous en remercie sincèrement. Et à présent, je vous prie, produisez les actes que, si je vous connais bien, vous n'avez pas manqué de faire préparer afin que je les signe. Il me tarde, je vous l'avoue, de prendre le chemin du retour pour m'aller reposer.
    Tandis qu'Henri signait après Philippe le traité qui le dépouillait d'une moitié de son domaine, Renaud de Dammartin s'approcha de son ami et plia le genou devant lui.
    — Pardonnez-moi de m'être battu contre vous, sire, déclara-t-il, avec une humilité peu coutumière. Dieu m'est témoin que je n'ai jamais, personnellement, désiré votre défaite.
    — Relevez-vous, lui répondit le roi, magnanime, et sachez que je vous pardonne bien volontiers. Je ne saurais vous en vouloir d'avoir obéi à la volonté de votre père. (Comme Renaud se redressait, Philippe lui donna une accolade fraternelle et lui glissa à l'oreille :) Reviens en France. J'ai en vue la plus charmante des héritières à te faire épouser, si tu promets de m'être fidèle.
    Le sourire radieux du jeune chevalier, lorsqu'ils s'écartèrent l'un de l'autre, lui apporta la réponse qu'il attendait.
    Immédiatement après avoir paraphé les actes officiels, Henri Plantagenêt remonta à cheval – ou plutôt s'y fit hisser – et repartit par où il était venu. Durant toute l'entrevue, il n'avait pas daigné poser les yeux sur son fils.
    — J'ai consenti à tout ce qu'on a voulu pour obtenir un peu de paix, confia-t-il au Maréchal, en chemin, mais je vous jure bien que si Dieu daigne me guérir du mal qui me ronge, je porterai à nouveau la guerre sur ces terres qui sont miennes, et qu'elles me reviendront.
    Guillaume ne répondit pas. Le vieux roi s'illusionnait ; il n'en allait pas de même pour lui.
    De retour à la commanderie templière de Ballon, Henri se déclara incapable de chevaucher davantage. Toutefois, il insista pour se faire conduire à Chinon, où on le transporta à bord d'une charrette. Là, on lui ôta ses vêtements, on lava ses pauvres jambes déformées, noircies par la gangrène, le haut de ses cuisses inondé du sang qui coulait de sa fistule, et on l'allongea sur une couche moelleuse.
    Il ne devait jamais s'en relever.
    Philippe et les siens, eux, s'en retournèrent comme ils l'avaient décidé dans cette ville de Tours qui, la dernière, leur avait résisté et était désormais leur.
    Le

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