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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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réunis en ce jour pour vous faire part des décisions que j'ai prises quant au gouvernement de la France pendant mon absence.
    Ce préambule s'adressait uniquement à l'archevêque et à la reine mère, seuls membres de l'assistance à ne pas encore connaître lesdites décisions, car seuls à n'avoir pas été consultés pour leur élaboration – ce qu'ils ignoraient.
    — La régence, selon l'usage en pareil cas, doit être assurée par les plus hauts personnages de la cour, continua le roi. C'est pourquoi j'ai choisi de vous la confier, à vous, ma mère, et à vous, mon oncle, qui savez en quelle estime je tiens vos facultés de réflexion et de décision.
    — C'est grand honneur pour nous, mon fils, déclara Adèle, sur un ton laissant penser qu'au contraire, on ne leur accordait que leur dû. Nous saurons nous en montrer dignes.
    Guillaume aux Blanches Mains se contenta de remercier d'un signe de tête. Plus intuitif que sa sœur, il sentait que Philippe n'en avait pas terminé et il attendait la suite. Qui se révéla conforme à ses craintes :
    — Néanmoins, afin de vous décharger en partie du travail immense qui pèsera sur vos épaules, j'ai prévu de vous associer un certain nombre d'auxiliaires pour des tâches bien précises. En ce qui concerne l'administration des provinces, notamment, j'ai nommé des baillis qui contrôleront le travail de nos prévôts et rendront justice si besoin est. Trois fois par an, durant la cour de justice que vous voudrez bien tenir, ces baillis vous communiqueront les résultats de leurs travaux, et vous aurez soin de me les faire parvenir en Terre Sainte, ainsi qu'un état complet des affaires du royaume. Si je suis contraint de m'absenter pour le service de Notre Seigneur, je n'entends pas me désintéresser de ma principale mission, veiller sur la France, et vous expédierai périodiquement de nouvelles instructions si je le juge utile.
    — Tout cela est bel et bon, mon fils, approuva Adèle, et je ne nie pas que les prévôts, toujours sensibles à l'appât du gain, aient besoin d'être surveillés, mais quid de vos baillis ? Qui les surveillera, eux ?
    — Ces hommes ont été soigneusement choisis par mes soins, avec l'aide de messire Gautier et de messire Guillaume de Garlande, parmi les plus honnêtes de nos sujets.
    — J'entends bien, continua la reine mère, mais vous savez comme moi que les meilleures dispositions peuvent s'envoler avec l'ivresse du pouvoir. Et s'ils volaient le trésor, n'aurions-nous pas licence de les démettre de leurs fonctions ?
    — Je réglerai les éventuels cas de forfaiture à mon retour, trancha Philippe. Dans l'intervalle, je vous donne permission de démettre un bailli s'il se rend coupable de meurtre, de rapt ou de trahison, rien de plus. (Ignorant la moue renfrognée d'Adèle, il continua :) Quant aux affaires de Paris, il m'a semblé bon d'en confier la responsabilité à des gens pour qui le maniement des chiffres n'a plus de secret, puisqu'ils en font profession. Elles seront donc supervisées par un conseil de bourgeois parisiens, au nombre de six, banquiers ou négociants, que représente aujourd'hui messire Evrouin le Changeur. Messire Pierre le Maréchal, ici présent, assistera ce conseil de ses avis en matière juridique.
    Les deux bourgeois saluèrent poliment. Evrouin, rouge et replet, portait sur toute sa personne les signes de l'opulence, sinon ceux de la noblesse. Le juriste Pierre était un petit homme vêtu de gris, à la mine austère.
    — Pardonnez-moi, mon neveu, intervint l'archevêque. Je sais qu'il est vain de discuter vos décisions, mais je me demande tout de même s'il est bon de confier des fonctions aussi importantes à…
    Il s'interrompit, gêné, ne voyant pas comment dire le fond de sa pensée sans se montrer injurieux. Philippe, peu désireux de susciter une dispute, ne le laissa pas s'enferrer.
    — Rassurez-vous, monseigneur, messire Gautier et messire Guillaume, qui ont eu bien souvent affaire à ces messieurs par le passé, n'ont eu qu'à se louer de leur compétence et de leur probité. Si l'un d'eux, toutefois, venait à décevoir nos attentes ou à trépasser, le même Gautier et le même Guillaume, dont la sûreté du jugement nous est bien connue, seraient chargés de lui trouver un remplaçant.
    Il avait longuement mûri ce projet. Si la coutume lui imposait de confier la régence aux grands, il n'en connaissait que trop le goût du pouvoir et du luxe, dont les

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