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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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plate et sans arbres : un
terrain idéal pour de pesants cavaliers ; mais l’ennemi s’était maintenant
enfoncé au cœur des bois qui recouvraient le centre de Benoïc. Le roi Ban,
comme Tewdric de Gwent, avait mis sa confiance dans les fortifications, mais
alors que le Gwent était dans une situation idéale pour des forts massifs et de
hautes murailles, les bois et les collines de Benoïc offraient à l’ennemi
trop  de sentiers pour contourner les forteresses juchées au sommet des
collines et occupées par les forces démoralisées de Ban. Notre mission était de
leur redonner espoir et nous le faisions en recourant à la tactique
d’Arthur : marches forcées et attaques-surprise. Les collines boisées de
Benoïc étaient faites pour de telles batailles et nos hommes étaient sans pair.
Il est peu de joies comparables à la bataille qui suit une embuscade bien
tendue, lorsque l’ennemi dupé a encore ses armes au fourreau. Le long tranchant
d’Hywelbane y gagna de nouveaux accrocs.
    Les Francs
avaient peur de nous. Ils nous appelaient les loups des forêts, et nous fîmes
de cette insulte notre symbole en portant des queues de loup gris sur nos
casques. Nous hurlions pour les effrayer, nous les tenions en éveil nuit après
nuit, nous les filions des jours durant et tendions nos embuscades quand nous
le voulions et non quand ils étaient prêts, et pourtant, l’ennemi était légion,
et nous étions peu nombreux, et mois après mois nos effectifs s’amenuisaient.
    Galahad se
battit avec nous. C’était un valeureux doublé d’un savant qui avait fouiné dans
la bibliothèque de son père et, nuitamment, il nous entretenait des Dieux
anciens, des religions nouvelles, d’étranges contrées et de grands hommes. Je
me souviens d’une nuit où nous campions dans une villa en ruines. Une semaine
auparavant, c’était une colonie de peuplement prospère, avec son moulin à
foulon, sa poterie et sa laiterie, mais les Francs étaient passés par là et la
villa n’était plus que ruines fumantes éclaboussées de sang et aux murs
abattus, avec sa source empoisonnée par les cadavres de femmes et d’enfants.
Nos sentinelles gardaient les sentiers des bois si bien que nous nous étions
offert le luxe d’un feu pour faire rôtir un couple de lièvres et un chevreau.
Nous buvions de l’eau en faisant comme si c’était du vin.
    « Falernian,
fit Galahad d’un air songeur, tendant sa coupe d’argile vers les étoiles comme
s’il s’agissait d’une flasque d’or.
    — Qui
est-ce ? demanda Culhwch.
    — Falernian,
mon cher Culhwch, est un vin, le plus délicieux des vins romains.
    — Je n’ai
jamais aimé le vin, dit le guerrier en bâillant à s’en décrocher la mâchoire.
Une boisson de femme. Et maintenant la bière des Saxons ! Il y a une
boisson pour toi. » Quelques minutes plus tard, il dormait.
    Galahad ne
trouvait pas le sommeil. Les flammes vacillaient faiblement tandis que les
étoiles brillaient au-dessus de nous. On en vit une tomber, suivant un sente
blanche à travers les cieux, et Galahad fit le signe de croix, car il était
chrétien, et pour lui la chute d’une étoile était le signe d’un démon chutant
du paradis. « Il était jadis sur terre, dit-il.
    — Quoi
donc ?
    — Le
paradis. » Il se coucha sur l’herbe, croisant ses bras sous sa tête.
« Doux paradis...
    — Ynys
Trebes, tu veux dire ?
    — Non,
non, Derfel. Je parle de l’époque1 où Dieu a fait l’homme. Il nous a donné un
paradis où vivre, et il me vient à l’idée que, depuis lors, nous avons perdu ce
paradis, chaque jour un peu plus. Et bientôt, je crois, il aura disparu. La
ténèbre s’abat sur nous. » Il garda le silence un moment, puis se
redressa, ses réflexions lui procurant un regain d’énergie. « Penses-y, il
n’y a pas cent ans, cette terre était paisible. Des hommes bâtissaient de
grandes maisons. Nous ne savons plus construire comme eux. Je sais que Père a
fait un beau palais, mais ce ne sont que des débris d’anciens palais réunis et
mêlés à de la pierre. Nous ne savons plus construire comme les Romains. Nous ne
savons bâtir aussi haut ni aussi beau. Nous sommes incapables d’aménager des
routes, des canaux ou des aqueducs. » Je ne savais même pas ce qu’était un
aqueduc, mais je gardai le silence tandis que Culhwch ronflait comme un
bienheureux à côté de moi. « Les Romains ont construit des villes
entières, reprit Galahad, des endroits

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