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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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« J’ai besoin de pisser, cher
garçon, dit-il en empruntant la voix du père Celwin. La vessie d’un vieillard.
Occupe-toi de ces imbéciles. J’en ai pour une minute. »
    « Vos
hommes se sont bien battus ! gueula Bors à l’adresse de la foule, et bien
qu’ils aient succombé, ils sont morts en hommes !
    — Et
maintenant, comme des fantômes, ils reviennent de l’Au-Delà », criai-je en
frappant mon bouclier contre un pilier, faisant voler un petit nuage de chaux.
Je me plaçai sous la flamme d’une torche. « Tu mens, Bors ! »
    Culhwch se
plaça à côté de moi. « Moi aussi, je dis que tu mens, gronda-t-il.
    — Et moi
aussi ! » fit Galahad en sortant de l’ombre.
    Je dégainai
Hywelbane. Le frottement de l’acier contre la gorge de bois du fourreau fit
reculer la foule, libérant ainsi un passage vers la terrasse au milieu des
roses piétinées. Nous avançâmes tous les trois, épuisés par la bataille,
crasseux, casqués et en arme. Nous marchâmes d’un même pas, lentement, et ni
Bors ni Lancelot n’osèrent parler lorsqu’ils virent les queues de loup sur nos
casques. Je m’arrêtai au centre du jardin et donnai un grand coup d’épée sur
les rosiers. « Mon épée dit que tu mens. Derfel, fils d’un esclave, dit
que Lancelot ap Ban, roi de Benoïc, ment !
    — Culhwch
ap Galeid aussi ! » Culhwch abattit sa lame ébréchée à côté de la
mienne.
    « Et
Galahad ap Ban, prince de Benoïc, également. » Galahad ajouta son épée.
    « Jamais
les Francs n’ont pris notre mur, dis-je, retirant mon casque afin que Lancelot
pût voir mon visage. Aucun Franc n’osa escalader notre mur tant les morts
étaient nombreux à son pied.
    — Et moi,
frère — Galahad retira à son tour son casque  –, j’étais avec notre
père aux derniers instants, pas toi.
    — Et toi,
Lancelot, criai-je, tu n’avais point de bandages quand tu as quitté Ynys
Trebes. Qu’est-il arrivé ? Une écharde du plat-bord du navire
t’aurait-elle piqué le pouce ? »
    La foule était
en effervescence. Quelques gardes de Bors se placèrent sur le côté de la cour
et tirèrent leur épée en criant des insultes, mais Cavan et le reste de nos
hommes s’engouffrèrent par la porte ouverte pour menacer d’un massacre.
« Aucun de vous, salauds, ne vous êtes battus pour la ville, hurla Cavan,
alors battez-vous maintenant ! »
    Lanval, le
commandant des gardes de Guenièvre, ordonna à ses archers de s’aligner sur la
terrasse. Elaine était livide, encadrée par Lancelot et Bors, qui, tous deux,
semblaient trembler. Mgr Bedwin hurlait, mais c’est Arthur qui rétablit
l’ordre. Dégainant Excalibur, il frappa un grand coup contre son bouclier.
Lancelot et Bors s’étaient repliés à l’arrière de la terrasse, mais Arthur leur
fit signe d’avancer, puis il se tourna vers nous, les trois guerriers. La foule
fit silence et les archers retirèrent les flèches de leurs cordes. « Dans
la bataille, expliqua Arthur d’une voix douce retenant l’attention de toute la
cour, les choses sont confuses. Rarement les hommes voient tout ce qui se passe
au cours d’une bataille. Il y a tant de fracas, tant de chaos, tant d’horreur.
Nos amis d’Ynys Trebes  – et à ces mots il prit Lancelot par l’épaule
 – se sont trompés, mais ils se sont trompés de bonne foi. Sans doute
quelque malheureux à l’esprit brouillé leur a-t-il fait le récit de vos morts,
et ils l’ont cru, mais maintenant, par bonheur, voilà l’erreur corrigée. Mais
nulle honte là-dedans ! Il y avait assez de gloire à Ynys Trebes pour que
tous la partagent. N’ai-je pas raison ? »
    Arthur avait
adressé la question à Lancelot, mais c’est Bors qui répondit. « J’ai tort,
fit-il, et suis ravi d’avoir tort.
    — Moi
aussi, ajouta Lancelot d’une voix claire et sonore.
    — Voilà !
s’exclama Arthur en nous adressant un sourire. Maintenant, mes amis, rangez vos
armes. Il n’y aura pas place ici pour l’hostilité ! Vous êtes tous des
héros, tous ! » Il attendit, mais aucun de nous ne bougea. Les
flammes des torches se reflétaient sur nos casques et effleuraient les lames de
nos épées plantées, qui étaient un appel à se battre pour établir la vérité. Le
sourire d’Arthur disparut ; il se dressa de toute sa hauteur. « Je
vous ordonne de reprendre vos épées. Ceci est ma maison. Toi, Culhwch, et toi,
Derfel, vous êtes liés à moi par serment. Trahiriez-vous votre

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