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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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serment ?
    — Je
défends mon honneur, Seigneur, répondit Culhwch.
    — Votre
honneur est à mon service », trancha Arthur, et l’éclat de sa voix suffit
à me donner le frisson. C’était un homme bon, mais on oubliait facilement qu’il
n’était pas devenu un seigneur de la guerre par pure bonté. Il parlait beaucoup
de paix et de réconciliation, mais dans la bataille son âme était délivrée de
telles préoccupations et s’adonnait au carnage. Il menaçait maintenant de nous
tailler en pièces en portant la main à la garde d’Excalibur. « Reprenez
vos épées, à moins que vous ne vouliez que je les reprenne pour vous. »
    Ne pouvant
nous battre contre notre propre seigneur, nous obéîmes. Galahad suivit notre
exemple. Cette reddition nous laissa d’humeur maussade, avec le sentiment
d’avoir été floués, mais Arthur, sitôt qu’il eut rétabli l’amitié dans sa
maison, retrouva le sourire. Il tendit les bras en signe de bienvenue tout en
descendant les marches, et sa joie de nous voir était si évidente que ma
rancœur s’évanouit aussitôt. Il embrassa son cousin Culhwch puis me serra dans
ses bras, et je sentis couler sur ma joue les larmes de mon seigneur.
« Derfel, Derfel Cadarn. Est-ce bien toi ?
    — Nul
autre, Seigneur.
    — Tu
parais plus vieux, fit-il dans un sourire.
    — Pas
toi. »
    Il fit la
grimace. « Je n’étais pas à Ynys Trebes. Je le regrette. » Il se
tourna vers Galahad. « J’ai entendu parler de ta bravoure. Seigneur
Prince, et je te salue.
    — Alors
ne me fais pas affront, Seigneur, en prêtant crédit à mon frère, répondit
Galahad avec amertume.
    — Non !
fit Arthur. Je n’aurai point de querelles. Nous serons amis. J’y tiens. »
Et, me prenant par le bras, il nous entraîna tous trois sur la terrasse, où il
décréta que nous devions tous embrasser Lancelot et Bors. « Il y a
suffisamment d’ennuis sans cela », me dit-il tranquillement comme je
reculais.
    Je m’avançai
en tendant les bras. Lancelot hésita, puis s’avança vers moi. Ses cheveux
huilés sentaient la violette. « Enfant, susurra-t-il à mon oreille quand
il m’eut donné un baiser sur la joue.
    — Couard »,
répondis-je dans un sourire alors que nous nous séparions.
    Mgr Bedwin
avait les larmes aux yeux quand il me serra dans ses bras. « Cher
Derfel !
    — J’ai
encore de meilleures nouvelles pour vous, lui dis-je à voix basse. Merlin est
ici.
    — Merlin ? »
Bedwin me dévisagea, n’osant croire la nouvelle. « Merlin est ici ?
Merlin ! » La nouvelle se propagea à travers la foule. Merlin était
de retour ! Le Grand Merlin était rentré. Les chrétiens se signèrent, tout
en reconnaissant eux-mêmes que la nouvelle était d’importance. Merlin avait
regagné la Dumnonie, et les troubles du royaume semblaient soudain réduits de
moitié.
    « Où
est-il donc ? demanda Arthur.
    — Il est
sorti, dis-je à voix basse en montrant la porte.
    — Merlin,
appela Arthur. Merlin ! »
    Aucune
réponse. Les gardes le cherchèrent, mais nul ne le trouva. Plus tard, les
sentinelles de la porte ouest dirent qu’un vieux prêtre bossu, avec un œil
bandé, un chat gris et une méchante toux avait quitté la ville, mais ils
n’avaient point vu d’autre sage à la barbe blanche.
    « Tu as
livré une redoutable bataille, m’expliqua Arthur lorsque nous fûmes installés
dans la salle de banquet du palais, où l’on nous servit un repas de porc, de
pain et d’hydromel. Les hommes font des rêves étranges lorsqu’ils traversent
des épreuves.
    — Non
Seigneur, protestai-je. Merlin était ici. Demande au prince Galahad.
    — Je le
ferai. Bien sûr que oui, je le ferai. » Il se tourna vers la table haute,
où Guenièvre, appuyée sur le coude, écoutait Lancelot.
    « Vous
avez tous souffert, reprit Arthur.
    — Mais
j’ai manqué à mes engagements envers toi. Seigneur, et j’en suis marri.
    — Non,
Derfel, non ! C’est moi qui ai fait faux bond à Ban. Mais que pouvais-je
faire de plus ? Il y a tant d’ennemis. » Il se tut, puis
sourit : le rire de Guenièvre était si éclatant dans la salle. « Je
suis ravi qu’elle au moins soit heureuse », avoua-t-il, avant de s’en
aller bavarder avec Culhwch qui dévorait avec application un cochon de lait.
    Lunete se
trouvait à la cour cette nuit-là. Ses cheveux étaient nattés et entortillés en
un petit cercle truffé de fleurs. Elle portait des torques, des broches et

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