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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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crois-tu que Gorfyddyd aurait supporté le succès
d’Arthur ? Et souviens-toi de la raison première qui a poussé Gorfyddyd à
consentir au mariage.
    — La
paix ?
    — Mais
non, mon cher. Gorfyddyd a consenti aux fiançailles de Ceinwyn uniquement parce
qu’il croyait que son fils, son petit-fils, régnerait sur la Dumnonie à la
place de Mordred. J’aurais dû y penser tant c’était évident.
    — Pas
pour moi », dis-je, car à Caer Sws, où l’amour avait fait perdre la tête à
Arthur, je n’étais qu’un simple lancier de la garde, non pas un capitaine qui
eût besoin de sonder les mobiles des rois et des princes.
    « Nous
avons besoin d’Arthur, continua Bedwin, me regardant droit dans les yeux. Et si
Arthur a besoin de Guenièvre, ainsi soit-il. » Il haussa les épaules et
continua à marcher. « J’aurais préféré le voir épouser Ceinwyn, mais il ne
m’appartenait pas de choisir ni de désigner le lit matrimonial. Maintenant, la
malheureuse, elle va épouser Gundleus.
    — Gundleus ! »
m’exclamai-je  avec trop  de  force, faisant sursauter le soldat
qui gémissait au-dessus de ses vomissures. « Ceinwyn va épouser
Gundleus ?
    — La
cérémonie de fiançailles est dans quinze jours, répondit Bedwin avec calme, à
l’occasion de Lughnasa. » Lughnasa était la fête estivale de Lleullaw, le
Dieu de la Lumière, et elle était consacrée à la fécondité ; ainsi
était-il de très bon augure de célébrer des fiançailles à cette occasion. « Ils
se marieront à la fin de l’automne, après la guerre. » Il s’interrompit,
conscient que ses trois derniers mots suggéraient que Gorfyddyd et Gundleus
gagneraient la guerre et que la cérémonie du mariage ferait partie des fêtes de
la victoire. « Gorfyddyd a juré de leur donner la tête d’Arthur en cadeau
de noces, ajouta Bedwin d’un air triste.
    — Mais
Gundleus est déjà marié ! » protestai-je, me demandant d’où me venait
cette indignation. Etait-ce la fragile beauté de Ceinwyn, que je n’avais pas
oubliée ? Je portais encore sa broche au revers de mon plastron, mais je
me dis que mon indignation ne venait pas d’elle, mais simplement de la haine
que je portais à Gundleus.
    « D’être
marié à Ladwys ne l’a pas empêché d’épouser Norwenna, observa Bedwin avec
mépris. Il a mis Ladwys sur la touche, fait trois fois le tour du rocher sacré,
puis embrassé le champignon magique ou fait ce que vous faites, vous les
païens, pour divorcer. Au passage, il n’est plus chrétien. Un divorce païen, il
épouse Ceinwyn, lui fait un héritier et retourne aussi vite dans le lit de
Ladwys. Il me semble que c’est ainsi que l’on fait les choses de nos
jours. » Il s’arrêta, tendit une oreille en direction des éclats de rire
qui venaient de la salle. « Mais peut-être que dans les années à venir,
reprit-il, ces jours-là nous apparaîtront comme les derniers moments de
bonheur. »
    Je ne sais
quoi, dans sa voix, acheva de me démoraliser. « Sommes-nous
condamnés ?
    — Si
Aelle respecte la trêve, nous pouvons sans doute tenir une année de plus, mais
uniquement si nous battons Gorfyddyd. Et sinon ? Sinon, prions que Merlin
nous apporte une vie nouvelle. » Il haussa les épaules, mais il ne
paraissait pas très optimiste.
    Il n’était pas
un bon chrétien, l’évêque Bedwin, même s’il était un très brave homme. Sansum
me dit maintenant que son bon cœur n’empêchera pas son âme de rôtir en enfer.
Mais cet été-là, au retour de Benoïc, nos âmes semblaient vouées à la
perdition. Les moissons commençaient tout juste mais, sitôt qu’elles seraient
rentrées, Gorfyddyd lancerait son offensive.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
QUATRIÈME
PARTIE L’ILE DES
MORTS

 
     
    Igraine exigea
de voir la broche de Ceinwyn. Elle la tint dans la fenêtre, la retournant et
regardant fixement ses spirales dorées. Je sentais le désir dans ses yeux.
« Tu en as beaucoup de plus belles, fis-je d’une voix douce.
    — Mais
aucune si riche en histoire, dit-elle en serrant la broche contre sa poitrine.
    — Mon
histoire, chère reine, la grondai-je, pas la tienne. »
    Elle sourit.
« Mais qu’as-tu écrit ? Que si j’étais aussi bonne que tu me sais, je
te laisserais la conserver ?
    — Ai-je
écrit cela ?
    — Parce
que tu savais que cela me conduirait à te la rendre. Tu es un vieux roublard,
Frère Derfel. » Elle me tendit la broche, puis referma ses

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