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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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quand il le voulait. Il
pouvait faire sortir les poissons de la mer par son charme, ma chère. »
    Elle renifla,
mécontente de mon jugement. Lorsque Dafydd ap Gruffud traduira ces passages,
nul doute que Lancelot soit gâté comme il aurait aimé l’être. Le brillant
Lancelot ! Lancelot le droit ! Le beau, le dansant, le souriant, le
sémillant, l’élégant Lancelot. Il fut le Roi sans Terre et le Seigneur des
Menteries, mais si Igraine parvient à ses fins il brillera à travers les ans
comme le parangon des guerriers royaux.
    Igraine
regardait par la fenêtre : Sansum chassait de notre porte un groupe de
lépreux. Le saint leur lançait des mottes de terre, leur criant d’aller au
diable et appelant nos autres frères à la rescousse. Tudwal, le novice, qui
devient de jour en jour plus grossier avec nous autres, dansait à côté de son
maître et l’encourageait de ses vivats. Comme d’habitude flânant aux portes de
la cuisine, les gardes d’Igraine finirent par se manifester, brandissant leurs
lances pour débarrasser le monastère des mendiants gangrenés. « Sansum
voulait-il vraiment sacrifier Arthur ? demanda Igraine.
    — C’est
ce que m’a dit Bedwin. »
    La reine me
lança un regard en coin. « Sansum aime-t-il les garçons, Derfel ?
    — Le
saint aime tout le monde, chère reine, même les jeunes demoiselles qui posent
des questions impertinentes. »
    Elle sourit
d’un air contrit, puis fit la grimace. « Je suis sûre qu’il n’aime pas les
femmes. Pourquoi vous interdire le mariage ? D’autres moines se marient,
mais aucun ici.
    — Le
pieux et bien-aimé Sansum, expliquai-je, croit que les femmes nous détournent
de notre devoir, qui est d’adorer Dieu. De même que tu me distrais de mon
ouvrage. »
    Elle
s’esclaffa puis, se rappelant soudain une commission, elle prit un air grave.
« Il est deux mots que Dafydd n’a point compris dans le dernier lot de
peaux, Derfel. Il veut que tu les expliques. Giton  ?
    — Dis-lui
de demander à quelqu’un d’autre.
    — Je
demanderai à quelqu’un d’autre, tu peux y compter, fit-elle indignée. Et chameau  ?
Il dit que ce n’est pas du charbon.
    — Un
chameau est un animal mythique, Dame, avec des cornes, des ailes, des écailles,
une queue fourchue et qui crache des flammes.
    — On
dirait Nwylle, lâcha Igraine.
    — Ah !
Les évangélistes au travail ! Mes deux évangélistes ! » Sansum,
les mains crottées de la terre qu’il avait balancée sur les lépreux, se glissa
dans la pièce pour jeter un regard méfiant sur ce parchemin avant de froncer le
nez. « Je sens quelque chose de fétide ? »
    Je pris un air
penaud. « Les haricots du petit déjeuner, Seigneur Évêque. Je vous demande
pardon.
    — Je
m’étonne que tu souffres sa compagnie, dit Sansum à Igraine. Et ne devrais-tu
pas être à la chapelle, ma Dame ? Prier pour avoir un bébé ? Tu n’as
rien à faire ici ? »
    Sansum grogna
en jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule. « Et, frère puant, quel est
le mot saxon pour chameau ?
    — Nwylle »,
fis-je.
    Igraine
gloussa et Sansum lui lança un regard furieux. « Ma Dame trouve amusants
les mots de notre Seigneur bien-aimé ?
    — Je suis
simplement ravie d’être ici, fit-elle humblement, mais je voudrais bien savoir
ce qu’est un chameau.
    — Tout le
monde le sait ! railla Sansum. Un chameau est un poisson, un gros poisson.
Pas très différent, ajouta-t-il sournoisement, du saumon que ton mari pense
parfois à nous envoyer à nous, pauvres moines !
    — Je le
prierai d’en envoyer davantage avec le prochain lot de peaux pour Derfel, et je
sais qu’il en fera bientôt porter car cet Évangile saxon est très cher au roi.
    — Vraiment ?
demanda Sansum, soupçonneux.
    — Très
cher, mon Seigneur Évêque », répondit Igraine d’un ton ferme.
    C’est une
fille intelligente, très intelligente, et belle également. Le roi Brochvael est
un sot de prendre une maîtresse en plus de sa reine, mais les femmes ont
toujours fait perdre la tête aux hommes. À certains, tout au moins, et à
commencer, j’imagine par Arthur. Ce cher Arthur, mon seigneur, mon bienfaiteur,
le plus généreux des hommes, dont c’est ici l’histoire.
     
    *
     
    C’était
étrange de se retrouver chez soi, d’autant que je n’avais pas de chez-moi. Je
possédais quelques torques d’or et de la bimbeloterie, mais, hormis la broche
de Ceinwyn, je les vendis afin que mes hommes

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