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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Gorfyddyd.
    Plus d’une
centaine d’hommes se pressaient entre les piliers de chêne trapus ornés de
crânes humains pour montrer que le royaume était en guerre. Sous ces ossements
grimaçants, se tenaient les rois, les princes, les seigneurs, les chefs et les
champions des armées rassemblées. Le seul mobilier était la rangée de trônes
disposés sur un dais à l’extrémité la plus sombre, où Gorfyddyd siégeait sous
son symbole de l’aigle tandis que juste à côté de lui, sur un trône plus bas,
se tenait Gundleus. La vue même du roi silurien fit palpiter la cicatrice de ma
main gauche. Tanaburs était accroupi à côté de Gundleus, tandis que Gorfyddyd
avait placé son druide, Iorweth, à sa droite. Cuneglas, Edling du Powys, avait
pris place sur un troisième trône, flanqué de rois que je ne reconnus point. Il
n’y avait aucune femme. Sans doute s’agissait-il d’un conseil de guerre, tout
au moins une occasion de savourer la victoire annoncée. Les hommes portaient tous
cottes de mailles ou armures de cuir.
    Nous nous
arrêtâmes au fond de la salle et je vis Galahad prier son Dieu en silence. Un
chien de loup à l’oreille déchirée et aux cuisses balafrées flaira nos bottes
puis s’en retourna vers son maître, qui se tenait avec les autres guerriers sur
le sol de terre couvert de joncs. Dans un coin, un barde fredonnait un chant de
guerre, mais sa récitation saccadée demeurait inaperçue des hommes qui
écoutaient Gundleus annoncer les forces qu’il attendait de Démétie. Un chef, à
l’évidence un homme qui avait eu à souffrir des Irlandais, protesta que le
Powys n’avait nul besoin de l’aide des Blackshields pour vaincre Arthur et
Tewdric, mais, d’un geste brutal, Gorfyddyd lui cloua le bec. Je m’attendais à
moitié qu’on nous fît patienter, le temps que le conseil en eût fini avec ses
autres affaires, mais nous n’eûmes pas à attendre plus d’une minute avant qu’on
nous conduisît au centre de la salle, devant Gorfyddyd. Je regardai Gundleus et
Tanaburs, mais aucun d’eux ne me reconnut.
    Nous nous
agenouillâmes et attendîmes.
    « Debout »,
ordonna Gorfyddyd. Nous obéîmes et, une fois de plus, j’examinai son visage
revêche. Il n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois. Il semblait
aussi bouffi et soupçonneux que lorsque Arthur était venu demander la main de
Ceinwyn bien que, dans les toutes dernières années, la maladie eût fait
blanchir sa barbe et sa chevelure. La barbe était maigre et cachait mal le
goitre qui déformait maintenant sa gorge. Il nous dévisagea d’un air las. « Galahad,
lança-t-il d’une voix rauque, prince de Benoïc. Nous avons entendu parler de
Lancelot, mais pas de toi. Es-tu, comme ton frère, un des petits morveux
d’Arthur.
    — Sire,
je n’ai prêté serment à aucun homme, répondit Galahad, hormis à mon père dont
les ennemis ont piétiné les ossements. Je suis sans terre. »
    Gorfyddyd
remua sur son trône. Sa manche gauche vide pendait à côté de l’accoudoir,
rappel permanent de son ennemi honni, Arthur. « Tu es donc venu vers moi
pour de la terre, Galahad de Benoïc ? Beaucoup d’autres sont venus pour la
même chose, prévint-il dans un geste en direction de la salle bondée. Bien que
j’ose dire qu’il y a assez de terre pour tous en Dumnonie.
    — Je
viens à vous, Sire, avec les salutations, librement portées, du roi Tewdric de Gwent. »
    Ces derniers
mots mirent la salle en émoi. Au fond, des hommes qui n’avaient pas entendu les
paroles de Galahad, demandèrent à savoir et le murmure de la conversation se
prolongea quelques secondes. Cuneglas, le fils de Gorfyddyd, releva brusquement
la tête. Son visage rond, avec ses longues moustaches brunes, parut soucieux,
et ce n’était pas étonnant, me dis-je, car Cuneglas était comme Arthur un homme
épris de paix, mais, en repoussant Ceinwyn, Arthur avait aussi anéanti les
espoirs de Cuneglas et maintenant l’Edling du Powys ne pouvait que suivre son
père dans une guerre qui menaçait de ravager les royaumes méridionaux.
    « Nos
ennemis, à ce qu’il semble, perdent le goût de la bataille, lâcha Gorfyddyd.
Autrement pourquoi Tewdric envoie-t-il ses salutations ?
    — Le roi
Tewdric, Grand Roi, ne craint aucun homme, mais il aime plus encore la
paix », répondit Galahad, veillant à employer le titre que Gorfyddyd
s’était octroyé en anticipation de sa victoire.
    Le corps de
Gorfyddyd se souleva et,

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