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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de Morfans refermèrent la brèche avec
leurs bêtes. L’un des chevaux tomba, hurlant et donnant de grandes ruades en se
vidant de son sang. Puis notre mur se raccommoda et se reporta vers l’ennemi
qui se laissait lentement, très lentement, engorger par la pression des morts
et des moribonds qui jonchaient le sol entre les deux lignes de front. Nimue
s’affairait derrière nous, poussant des cris perçants et lançant des
malédictions.
    L’ennemi
recula, nous laissant enfin quelque répit. Nous étions tous ensanglantés et
crottés, mais aussi haletants. Nos bras étaient fatigués. Les nouvelles
circulaient dans les rangs. Minac était mort, untel était blessé, un autre
mourant. Les hommes bandaient les blessures de leurs voisins puis juraient de
se défendre les uns les autres jusqu’à la mort. J’essayai de me soulager de la
terrible pression de l’armure d’Arthur qui m’avait écorché les épaules.
    L’ennemi était
circonspect maintenant. Les hommes épuisés qui nous faisaient face avaient
goûté de nos épées et appris à nous craindre, ce qui ne les empêcherait pas de
reprendre l’offensive. Cette fois-ci, c’est la garde royale de Gundleus qui
s’attaqua à notre centre. Nous nous portâmes à la hauteur du monceau de morts
et de mourants de l’attaque précédente, et cette butte ensanglantée nous sauva,
car les lanciers ennemis ne pouvaient dans le même temps escalader les corps et
se protéger. Les chevilles brisées, les jambes coupées, le ventre ouvert par
nos coups de lance, ils tombaient les uns après les autres pour rendre la
barrière de sang de plus en plus haute. Des corbeaux noirs tournoyaient
au-dessus du gué, leurs ailes déchirées se détachant dans le ciel sous un
soleil voilé. J’aperçus Ligessac, le félon qui avait livré Norwenna à l’épée de
Gundleus, et j’essayai de me porter jusqu’à lui, mais la marée de la bataille
le mit hors de portée d’Hywelbane. L’ennemi se retira une fois de plus et,
d’une voix rauque, j’ordonnai à quelques-uns de mes hommes d’aller remplir des
outres d’eau à la rivière. Nous étions tous assoiffés à force de suer sang et
eau. Je n’avais qu’une entaille à la main droite, mais rien d’autre. J’étais
sorti de la fosse de la mort et je me disais toujours que c’est ce qui me
portait chance dans la bataille.
    L’ennemi
reconstituait sa première ligne avec de nouvelles troupes. Les unes portaient
l’aigle de Cuneglas, d’autres le renard de Gundleus, et quelques-unes avaient
leurs emblèmes propres. Puis une grande clameur s’éleva derrière moi. Je me
retournai, espérant voir arriver les hommes de Tewdric dans leurs uniformes
romains, mais c’était Galahad qui arrivait seul sur un cheval en sueur. Il se
glissa derrière notre ligne et faillit se casser la figure tant il avait hâte
de venir jusqu’à nous. « Je craignais qu’il ne soit trop tard.
    — Viennent-ils ? »
demandai-je.
    Il marqua un
temps de silence et, avant même qu’il eût ouvert la bouche, je sus que nous
avions été abandonnés. « Non », répondit-il enfin.
    Je jurai et me
retournai vers l’ennemi. C’étaient les Dieux seuls qui nous avaient sauvés dans
la dernière attaque, mais les Dieux seuls savaient aussi combien de temps nous
pourrions tenir maintenant. « Personne ? demandai-je avec amertume.
    — Peut-être
quelques-uns. » Galahad nous annonça la mauvaise nouvelle à voix basse.
« Tewdric nous croit condamnés, Agricola dit qu’ils doivent nous aider,
mais Meurig dit qu’il faut nous abandonner à notre mort. Tous discutent, mais
Tewdric a déclaré que quiconque voulait mourir pouvait me suivre. Peut-être
d’aucuns sont-ils en chemin ? »
    Je priai que
ce fût le cas, car certains requis de Gorfyddyd étaient arrivés maintenant sur
la colline ouest, même si personne, dans cette horde de loqueteux, n’avait
encore osé franchir la barrière-fantôme de Nimue. Nous pouvions tenir une heure
ou deux, après quoi nous étions condamnés, même si Arthur serait certainement
intervenu entre-temps. « Aucun signe des Irlandais Blackshields ?
demandai-je à Galahad.
    — Non,
Dieu merci. » C’était une petite chance en ce jour de malchance absolue,
ou presque, même si une demi-heure après l’arrivée de Galahad nous reçûmes
enfin quelques renforts. Sept hommes s’acheminaient vers notre mur défoncé,
sept hommes en tenue de combat, portant lances, boucliers et épées.

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