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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Et sur ces
boucliers, le symbole de notre ennemi, le faucon du Kernow. Et pourtant ces
hommes n’étaient point des ennemis : six hommes balafrés et endurcis
conduits par leur Edling, le prince Tristan.
    Quand
l’excitation des salutations fut retombée, il expliqua sa présence.
« Arthur a combattu pour moi une fois, et il y a longtemps que je voulais
payer ma dette.
    — De ta
vie ? demanda Sagramor d’une voix lugubre.
    — Il a
risqué la sienne », répondit simplement Tristan. Je me souvenais de lui
comme d’un grand et bel homme, ce qu’il était encore, mais les années avaient
ajouté à son visage un air las et fatigué, comme s’il avait souffert de trop
nombreuses déceptions. « Mon père, poursuivit-il d’un air sombre, ne me
pardonnera sans doute jamais d’être venu ici, mais je ne me serais jamais
pardonné mon absence.
    — Comment
va Sarlinna ? demandai-je.
    — Sarlinna ? »
Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler la fillette venue accuser
Owain à Caer Cadarn. « Oh, Sarlinna ! Mariée maintenant. À un
pêcheur. » Il sourit. « C’est toi qui lui as donné un chaton,
n’est-ce pas ? »
    Nous plaçâmes
Tristan et ses hommes au centre, la place d’honneur sur ce champ de bataille,
même si, lorsque sonna l’heure de l’assaut suivant, l’ennemi se porta non pas
sur notre centre, mais sur la barricade qui protégeait nos flancs. Pendant un
temps, la tranchée et les branchages entremêlés firent des ravages, mais ils
apprirent assez vite à se servir des arbres abattus comme d’une protection et,
par endroits, ils réussirent même à faire fléchir une fois encore notre ligne.
Mais une fois encore, nous tînmes bon et Griffid, mon ancien ennemi, se fit un
nom en taillant en pièces Nasiens, le champion de Gundleus. Le fracas des
boucliers était incessant au milieu des lances brisées, des épées ébréchées et
des boucliers éclatés, tandis que les exténués combattaient les épuisés. Au
sommet de la colline, les requis s’étaient rassemblés derrière la
barrière-fantôme de Nimue, et une fois encore Morfans obligea son cheval fourbu
à grimper sur la pente dangereusement escarpée. Il regarda vers le nord et,
l’apercevant, nous priâmes qu’il fît sonner la corne. Il observa un bon moment
et dut considérer avec satisfaction que toutes les forces ennemies étaient
maintenant piégées dans la vallée, car il porta la corne d’argent à ses lèvres
et souffla les appels bénis pardessus le fracas des armes.
    Jamais appel
de corne ne fut plus le bienvenu. Notre ligne entière se rua en avant pour
assommer l’ennemi de ses épées échancrées avec une énergie nouvelle. La corne
d’argent, si pure, si claire, lança de nouveaux appels, un appel au carnage,
et, à chaque fois qu’elle sonnait, nos hommes se jetaient en hurlant dans les
branchages des arbres abattus pour tailler et piquer un ennemi qui, soupçonnant
quelque traquenard, lançait à l’entour des regards inquiets en continuant à se
défendre. Gorfyddyd hurla à ses hommes de nous enfoncer, et sa garde royale se
porta sur notre centre. J’entendis les hommes du Kernow hurler leur cri de
guerre tout en payant la dette de leur Edling. Nimue avait pris place parmi nos
lanciers, tenant une épée à deux mains. Je lui criais de retourner à l’arrière,
mais la soif de sang s’était emparée de son âme et elle se battait comme un
beau diable. Sachant qu’elle était des Dieux, l’ennemi s’effrayait, et certains
essayèrent même de fuir plutôt que de la combattre, mais je fus tout de même
ravi de voir Galahad l’écarter de la mêlée. Sans doute était-il arrivé
tardivement, mais il se battait avec une joie sauvage qui refoulait l’ennemi
loin du monceau de morts et de corps en contorsion.
    La corne
retentit une dernière fois. Enfin, Arthur chargeait.
    Ses lanciers
en armure étaient sortis de leur planque au nord de la rivière et, soudain,
leurs chevaux écumèrent à travers le gué comme un roulement de tonnerre.
Piétinant les corps laissés par les premiers combats, ils foncèrent, lance
baissée, dans les arrières de l’ennemi. Les hommes se dispersèrent comme paille
d’avoine tandis que les chevaux ferrés plongeaient au cœur de l’armée de
Gorfyddyd. Les hommes d’Arthur se scindèrent en deux groupes qui ouvrirent des
brèches profondes dans la cohue des lanciers. Ils chargèrent, laissant leurs
lances fichées dans les morts, pour en faire

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