Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
était absent et, sans lui, Ynys Wydryn était comme un ciel sans soleil.
    « Non »,
répondit-elle d’un ton calme.
    Mais comment
savait-elle le désir de Merlin en la matière ? Je n’en savais rien, car
Merlin était encore bien loin et les convocations pour le Grand Conseil avaient
été lancées longtemps après son départ.
    « Et
qu’allons-nous faire lorsque nous serons à Glevum ?
    — Nous le
saurons sur place », dit-elle d’un air mystérieux. Elle n’en dirait pas
plus.
    Glevum, dès
lors que je me fus habitué à la puanteur suffocante de la gadoue, m’apparut
comme un endroit merveilleusement étrange. Mises à part certaines villas
transformées en fermes sur les terres de Merlin, c’était la première fois que
je mettais les pieds dans une ville romaine, et je demeurai bouche bée devant
le spectacle comme un poussin à peine sorti de l’œuf. Les rues étaient pavées
de pierres taillées et, bien qu’elles eussent joué depuis le départ des
Romains, voici maintenant de longues années, les hommes du roi Tewdric avaient
fait de leur mieux pour réparer les dégâts en arrachant les herbes et en balayant
le sol en sorte que les neuf rues de la cité ressemblaient à des cours d’eau
caillouteux à la saison sèche. Il n’était pas facile de marcher sur les
pierres, et le spectacle des chevaux essayant d’en éviter les pièges nous fit
rire de bon cœur, Nimue et moi. Les bâtiments étaient aussi bizarres que les
rues. Nos maisons et nos châteaux étaient faits de bois et de chaume, d’argile
et de claies, tandis que ces constructions romaines de pierres et de curieuses
briquettes étaient collées les unes aux autres, même si, au fil des ans,
certaines s’étaient effondrées, entrecoupant de décombres les longues rangées
de maisons basses curieusement recouvertes d’une toiture de tuiles d’argile
cuite. La cité fortifiée gardait un point de passage sur le Severn et se trouvait
entre deux royaumes, et à proximité d’un troisième, en sorte qu’elle était un
centre commercial réputé. Des potiers travaillaient à demeure, des orfèvres se
penchaient sur leurs tables, et des veaux beuglaient dans l’abattoir situé
derrière la place du marché envahie de rustres qui vendaient du beurre, des
noix, du cuir, du poisson fumé, du miel, des tissus teints et de la laine
fraîchement tondue. Mais le clou du spectacle, tout au moins à mes yeux
éblouis, c’étaient les soldats du roi Tewdric. C’étaient des Romains,
m’expliqua Nimue, ou tout au moins des Bretons qui avaient été à l’école des
Romains avec leurs barbes coupées court, leurs robustes souliers de cuir et
leurs chausses de laine sous leurs courtes jupes de cuir. Les chefs avaient une
jupe recouverte de plaques de bronze cousues les unes aux autres et, quand ils
marchaient,  cette   armure   cliquetait 
comme   des   sonnailles. Chaque homme avait un plastron
parfaitement astiqué, un long manteau de bure et un casque de cuir dont la
couture formait une crête au sommet. Certains avaient un casque surmonté de
plumes colorées. Chaque soldat portait une épée courte avec une large lame, une
longue lance à la hampe polie et un bouclier oblong de bois et de cuir orné
d’un taureau, le symbole de Tewdric. Les boucliers étaient tous de la même
taille, les lances toutes de la même longueur, et tous les soldats marchaient
au pas : extraordinaire spectacle qui me fit d’abord rire et auquel je
finis par m’habituer.
    Au centre de
la ville, où les quatre rues qui menaient aux quatre portes débouchaient sur
une grande place carrée, se dressait un grand bâtiment à peine croyable. Même
Nimue en resta bouche bée, car, assurément, nul être vivant ne pouvait
construire une chose pareille, si haute et si blanche avec des angles aussi
droits. Le toit reposait sur d’immenses piliers et l’espace triangulaire
compris entre le faîte du toit et le sommet des piliers était couvert d’images
fantastiques sculptées dans la pierre blanche et représentant des hommes
merveilleux piétinant leurs ennemis sous les sabots de leurs chevaux. Les
hommes de pierre portaient des faisceaux de lances de pierre et des casques de
pierre surmontés de crêtes de pierre. Certaines figures étaient tombées ou
s’étaient brisées sous l’effet du gel, mais cela n’en tenait pas moins du
miracle à mes yeux, bien que Nimue, après les avoir observées, crachât pour
conjurer le mal.
    « Ça

Weitere Kostenlose Bücher