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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ne
te plaît pas ? demandai-je avec ressentiment.
    — Les
Romains ont voulu être des dieux, expliqua-t-elle, et c’est pourquoi les Dieux
les ont humiliés. Le Conseil ne devrait pas se réunir ici. »
    C’est pourtant
à Glevum qu’était convoqué le Grand Conseil, et Nimue n’y pouvait rien changer.
C’est ici, à l’abri des remparts romains de terre et de bois qu’allait se
décider le sort du royaume d’Uther.
    Lorsque nous
entrâmes dans la ville, le Grand Roi était déjà arrivé. Il logeait dans un
autre grand bâtiment, face à l’édifice aux colonnes, de l’autre côté de la place.
Il ne se montra ni surpris ni indisposé de la venue de Nimue, peut-être parce
qu’il pensait qu’elle faisait simplement partie de la suite de Morgane, et il
nous attribua à tous une seule pièce, à l’arrière de la maison, où les cuisines
fumaient et où les esclaves se chamaillaient. Les soldats du Grand Roi
faisaient pâle figure à côté des hommes resplendissants de Tewdric. Nos soldats
avaient les cheveux longs et la barbe fleurie, de longs manteaux multicolores
rapetassés et élimés, et ils portaient de longues et lourdes épées, des lances
à la hampe grossière et des boucliers ronds ornés d’un dragon, le symbole
d’Uther, qui paraissait bien grossier à côté des taureaux soigneusement peints
de Tewdric.
    Les deux
premiers jours furent occupés par des célébrations. Les champions des deux
royaumes se livrèrent à des parodies de combat devant les remparts, même si le
roi Tewdric dut faire descendre dans l’arène deux de ses meilleurs hommes
lorsque Owain, le champion d’Uther, entra en lice. Le fameux héros de Dumnonie
était réputé invincible, et il en avait l’air avec le soleil d’été qui
étincelait sur sa longue épée. C’était un géant aux bras tatoués, à la poitrine
velue et à la barbe en bataille décorée d’anneaux de guerriers forgés avec les
armes prises aux ennemis vaincus. Son combat contre les deux champions de
Tewdric devait rester un simulacre de combat, mais on eut tôt fait d’oublier le
simulacre lorsque ce fut au tour des deux héros du Gwent de l’affronter. Les
trois hommes bataillèrent comme s’ils respiraient la haine et échangèrent des
coups qui durent résonner au nord, jusqu’à la lointaine Powys, et au bout de
quelques minutes leur sueur se mêlait de sang, le tranchant émoussé de leurs
épées était hoché, et les trois hommes clopinaient, mais Owain avait encore le
dessus. Malgré sa grande taille, il était une excellente épée et assenait ses
coups avec une force terrible. La foule, qui s’était rassemblée des campagnes
environnantes et où les sujets d’Uther se mêlaient à ceux de Tewdric, hurlait
comme une meute de bêtes sauvages, incitant les hommes aux massacres. Voyant la
passion, Tewdric se décida à lancer son bâton pour mettre fin au combat.
« Nous sommes amis, ne l’oubliez pas », dit-il aux trois hommes, et
Uther, assis un peu plus haut que Tewdric, ainsi qu’il sied à un Grand Roi,
opina du chef.

Uther
paraissait fruste et mal en point, avec son corps boursouflé, sa figure jaune
et avachie, sa respiration laborieuse. On l’avait transporté en litière sur le
champ de bataille et il était enveloppé sur son trône d’un épais manteau qui
dissimulait sa ceinture parée de bijoux et son torque brillant. Le roi Tewdric,
quant à lui, était habillé à la romaine : en vérité, son grand-père était
un authentique Romain, ce qui explique sans doute les consonances étrangères de
son nom. Vêtu d’une toge blanche rabattue en plis savants sur l’épaule, le roi
portait les cheveux coupés très court et n’avait point de barbe. Grand et
maigre, il était d’une élégance naturelle dans ses gestes et, bien qu’il ne fût
encore qu’un jeune homme, sa mine triste et sage le faisait paraître bien plus
âgé. Enid, sa reine, portait les cheveux nattés en une étrange spirale qui
formait un équilibre si précaire au sommet de son crâne que force lui était de
se déplacer avec la gaucherie d’une pouliche qui vient de naître. Son visage
était enduit d’une pâte blanche qui lui donnait un air d’ennui et de
perplexité. Son fils Meurig, l’Edling du Gwent, était un gamin de dix ans qui
ne tenait pas en place : assis aux pieds de sa mère, il recevait une tape
de son père chaque fois qu’il se curait le nez.
    Après le
tournoi, ce fut au tour des harpistes et des bardes

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