Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
hommes dont le corps était tatoué de motifs bleus entrelacés. Derrière
nous, les mômes pleuraient, nos femmes imploraient les Dieux, tandis que les
danseurs se rapprochaient, toujours plus près, leurs lances et leurs épées
tourbillonnant sous le soleil couchant. Ces hommes n’avaient nul besoin de
boucliers, de vêtements ni d’armures. Les Dieux étaient leur protection, la
gloire leur récompense, et s’ils réussissaient à tuer Owain, les bardes chanteraient
leur victoire dans les années futures. Ils avançaient, un de chaque côté de
notre champion qui souleva sa lance en s’apprêtant à riposter à leur attaque
forcenée, laquelle donnerait aussi le signal de la charge des lignes ennemies.
    Puis la corne
retentit.
    Une note pure
et froide, telle que je n’en avais encore jamais entendue. Il y avait dans
cette corne une pureté, une pureté cristalline et glaciale qui n’avait pas sa
pareille sur terre. Elle sonna une fois, deux fois, et le second appel suffit à
clouer sur place les hommes nus eux-mêmes. Ils se tournèrent vers l’est, d’où
venait le son.
    Je regardai,
moi aussi.
    Et je fus
ébloui. Comme si un nouveau soleil éclatant se levait en cette fin de journée.
La lumière inondait les pâturages, aveuglante, déroutante, mais la lumière
glissa et je vis que c’était simplement le reflet du soleil sur un bouclier
poli comme un miroir. Mais ce bouclier était tenu par un homme tel que je n’en
avais encore jamais vu ; un homme superbe, juché sur un grand cheval et escorté
d’autres hommes de sa trempe ; une horde d’hommes prodigieux, d’hommes en
plumes, d’hommes en armures, d’hommes surgis des rêves des Dieux pour venir sur
ce champ meurtrier, et au-dessus des têtes emplumées des hommes flottait un
étendard que j’allais aimer plus qu’aucun autre sur la terre de Dieu. C’était
l’étendard de l’ours.
    La corne
retentit une troisième fois et, soudain, je sus que je vivrais, et je pleurai
de joie. Tous nos lanciers étaient partagés entre les larmes et les cris. La
terre tremblait sous les sabots de ces hommes divins qui volaient à notre
secours.
    Car Arthur,
enfin, était là.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
DEUXIÈME
PARTIE LA PRINCESSE

 
     
    Igraine est
malheureuse. Elle réclame des histoires sur l’enfance d’Arthur. Elle a eu vent d’une
épée dans la pierre et veut que j’écrive là-dessus. Elle raconte qu’il a été
engendré par un esprit venu visiter une reine et que la foudre a zébré les
cieux la nuit de sa naissance. Peut-être a-t-elle raison et les cieux
furent-ils bruyants cette nuit-là, mais tous ceux à qui j’en ai parlé ont dormi
sur leurs deux oreilles, et, pour ce qui est de l’épée dans la pierre, eh bien,
il y eut une épée, et il y eut une pierre, mais c’était bien plus tard. L’épée
fut appelée Caledfwlch, ce qui veut dire « foudre dure », mais
Igraine préfère l’appeler Excalibur, et c’est ainsi que je l’appellerai parce
qu’Arthur ne s’est jamais soucié du nom donné à son épée. Il ne se souciait
guère non plus de son enfance, car, assurément, je ne l’avais jamais entendu en
parler. Je le questionnai un jour sur son enfance. Il ne voulut pas répondre.
« Qu’est-ce que l’œuf pour l’aigle ? » me demanda-t-il, avant
d’ajouter qu’il était né, qu’il avait vécu et qu’il était devenu soldat. Voilà
tout ce que j’avais besoin de savoir.
    Mais pour
Igraine, ma belle et généreuse protectrice, que l’on me permette de coucher par
écrit le peu que j’ai appris. Malgré la dénégation d’Uther à Glevum, Arthur
était le fils du Grand Roi, bien qu’il n’y eût pas grand profit à tirer de
cette protection, car Uther fit autant de bâtards qu’un matou de chatons. La
mère d’Arthur s’appelait Igraine, tout comme ma reine très précieuse. Elle
venait de Caer Gei, à Gwynedd, et l’on dit qu’elle était la fille de Cunedda,
roi de Gwynedd et Grand Roi avant Uther ; mais Igraine n’était pas une
princesse car sa mère était la femme non pas de Cunedda, mais d’un chef de
Henis Wyren. Tout ce qu’Arthur a jamais dit à son sujet, c’est qu’Igraine de
Gwynedd, morte quand il approchait de l’âge d’homme, était la plus belle, la plus
intelligente et la plus merveilleuse mère dont un garçon pût jamais rêver, bien
que d’après Cei, qui l’a bien connue, sa beauté fût aiguisée par un esprit
fielleux. Cei est le fils d’Ector

Weitere Kostenlose Bücher