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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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enfant estropié ! cria le roi de Silurie. Maudit des Dieux. Que peut
espérer un pays gouverné par un roi infirme ? Vous voulez voir rouiller
vos moissons ? Voir naître des enfants malingres ? Voir votre bétail
mourir de la peste ? Voir les Saxons régner sur cette terre ?
Qu’espérer d’un roi impotent, sinon le malheur ? »
    Personne ne
répondit, même si Dieu sait que nombre d’hommes de nos rangs alignés à la hâte
devaient redouter que Gundleus ne dît vrai.
    Le roi de
Silurie ôta son casque de sa longue chevelure et sourit de notre triste sort.
    « Du
moment que vous me livrez l’enfant, vous pouvez tous vivre », promit-il.
    Il attendit
une réponse qui ne vint pas.
    « Qui
vous dirige ? demanda-t-il enfin.
    — C’est
moi ! » fit Owain, qui traversa enfin les rangs pour se poster devant
la rangée de boucliers.
    « Owain. »
    Gundleus le
reconnut, et je crus voir une lueur de peur dans ses yeux. Comme nous, il
n’avait pas su qu’Owain avait regagné le cœur de la Dumnonie. Mais Gundleus
restait assuré de la victoire, alors même qu’il devait savoir que, avec Owain
au nombre de ses ennemis, cette victoire serait beaucoup plus dure.
    « Seigneur
Owain, reprit Gundleus en donnant au champion de Dumnonie le titre qui était le
sien, fils d’Eilynon et petit-fils de Culwas. Salut à toi ! »
    Gundleus leva
la pointe de sa lance en direction du soleil.
    « Tu as
un fils. Seigneur Owain.
    — Beaucoup
d’hommes ont des fils, répondit Owain sur un ton cavalier. Que t’importe ?
    — Veux-tu
faire de ton fils un orphelin ? Veux-tu que tes terres soient
dévastées ? Que ta maison brûle ? Que ta femme soit le jouet de mes
hommes ?
    — Ma
femme, répondit Owain, pourrait vaincre tous tes hommes, et toi aussi. Tu veux
des amusettes, Gundleus ? Retourne chez ta putain ! lança-t-il en
donnant un coup de menton vers Ladwys. Et si tu ne veux pas partager ta putain
avec tes hommes, alors la Dumnonie peut faire grâce à la Silurie de quelques
brebis perdues. »
    La provocation
d’Owain nous réchauffa le cœur. Il avait l’air indomptable avec sa lance
massive, sa longue épée et son bouclier plaqué de fer. Il se battait toujours
nu-tête, dédaignant de mettre un casque, et sur ses bras terriblement musclés
on reconnaissait, en tatouage, le dragon de Dumnonie et son propre symbole du
sanglier à longues défenses.
    « Cède-moi
l’enfant », répéta Gundleus, feignant de n’avoir pas entendu les insultes,
sachant que ce n’était que provocation d’un homme s’apprêtant à la bataille.
« Donne-moi le roi estropié !
    — Donne-moi
ta putain, Gundleus, rétorqua Owain. Tu n’es pas assez couillu pour elle.
Donne-la-moi et tu pourras repartir en paix. »
    Gundleus
cracha.
    « Les
bardes chanteront ta mort, Owain. Le chant du porc égorgé. »
    Owain enfonça
dans la terre le talon de sa lance.
    « Voici
le porc, Gundleus ap Meilyr, roi de Silurie, cria-t-il. Et ici mourra le porc,
ou il pissera sur ton cadavre. Maintenant, file ! »
    Gundleus
sourit, haussa les épaules et fit demi-tour. Il remit également son bouclier
d’aplomb. C’était le signe qu’il faudrait se battre.
    Ce fut ma
première bataille.
    Les cavaliers
dumnoniens prirent position derrière notre ligne de lances pour protéger les
femmes et les enfants le plus longtemps possible. Le reste des troupes se
disposa en ordre de bataille, observant nos ennemis qui faisaient de même.
Ligessac, le félon, était dans les rangs des Siluriens. Tanaburs accomplit les
rites, sautillant sur une jambe avec une main levée et un œil fermé devant le
mur de boucliers de Gundleus qui avançait lentement à travers le pâturage. Ce
n’est que lorsque Tanaburs eut jeté son charme de protection que les Siluriens
se mirent à nous insulter. Ils nous avertirent du massacre imminent en se
vantant du nombre de victimes qu’ils allaient faire, mais je voyais bien avec
quelle lenteur ils progressaient. Quand ils ne furent plus qu’à cinquante pas
de nous, ils s’arrêtèrent. Quelques-uns de nos hommes raillèrent leur timidité,
mais Owain gronda pour nous réduire au silence.
    Les lignes de
combattants se dévisageaient. Personne ne remuait.
    Il faut un
courage extraordinaire pour charger sur une ligne de boucliers et de lances. Voilà
pourquoi tant d’hommes boivent avant la bataille. J’ai vu des armées s’arrêter
des heures durant, le temps de trouver le courage de charger, et

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