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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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larmes et que, mû d’une soudaine impulsion, Arthur l’étreignit et faillit
écraser l’enfant-roi contre son armure d’écaillés. Puis on lui présenta
Gwlyddyn, et celui-ci raconta à Arthur comment j’avais tué un Silurien afin de
protéger Mordred, et Arthur se retourna pour me remercier.
    Pour la
première fois, je le vis donc de face.
    Son visage
respirait la bonté. Telle fut ma première impression. Non, c’est ce qu’Igraine
veut que j’écrive. En vérité, ma première impression fut une impression de
sueur ruisselante. L’effet de l’armure métallique sous une chaleur estivale.
Mais après la sueur, je remarquai comme il avait l’air bon. Au premier regard,
on lui faisait confiance. Voilà pourquoi les femmes aimaient toujours
Arthur : non pas à cause de sa bonne mine, car il n’était pas
particulièrement beau, mais parce qu’il vous considérait avec un intérêt
sincère et une évidente bienveillance. Il avait une figure massive et osseuse,
rayonnant d’enthousiasme, et un beau casque de cheveux bruns foncés qui, la
première fois que je le vis, était collé sur son crâne par la transpiration du
fait de la doublure de cuir de son casque. Il avait des yeux bruns, un long nez
et une mâchoire lourde et rasée de près, mais le plus remarquable était sa
bouche. Elle était exceptionnellement grande et pas une dent ne manquait !
Il était fier de sa denture et se brossait les dents tous les jours avec du
sel, quand il en trouvait, ou autrement avec de l’eau. Sa figure était large et
puissante, mais ce qui me fit la plus forte impression, c’est cet air de bonté
et son regard espiègle. Arthur respirait la joie, son visage rayonnait d’un
bonheur contagieux. J’ai remarqué alors, et la suite n’a fait que le confirmer,
combien les hommes et les femmes devenaient plus enjoués quand Arthur leur
tenait compagnie. Tout le monde était plus optimiste et riait de bon cœur et
s’attristait de le voir partir. Pourtant Arthur n’était pas un bel esprit ni un
conteur, mais tout simplement Arthur, un brave homme qui vous inspirait
confiance, un homme impatient et doué d’une volonté de fer. On ne remarquait
pas cette fermeté à première vue, et Arthur lui-même la niait, mais c’était
comme ça. Sur les champs de bataille, une flopée de tombes l’attestent.
« Gwlyddyn me dit que tu es saxon ! fit-il pour me taquiner.
    — Seigneur ! »
    C’est la seule
chose que je pus dire en tombant à genoux.
    Il se pencha
et me releva par les épaules. D’une main ferme.
    « Je ne
suis pas roi, Derfel, tu n’as pas à t’agenouiller devant moi. C’est moi qui
devrais m’agenouiller devant toi pour avoir risqué ta vie fin de sauver notre
roi. Je t’en remercie, conclut-il en souriant. »
    Il avait le
don de vous faire sentir que personne au monde ne comptait davantage pour lui,
et je lui vouais déjà une adoration éperdue.
    « Quel
âge as-tu ?
    — Quinze
ans, je crois.
    — Mais
costaud comme un homme de vingt ans, observa-t-il dans un sourire. Qui t’a
appris à te battre ?
    — Hywel,
l’intendant de Merlin.
    — Ah !
Le meilleur maître ! C’est lui qui m’a appris à moi aussi, et comment va
Hywel ? »
    Il posa la
question sur un ton pressant, mais je ne trouvai ni les mots ni le courage de
lui répondre.
    « Mort,
répondit Morgane à ma place. Abattu par Gundleus. »
    Elle cracha
par la fente de son masque en direction du roi captif gardé à quelques pas de
là.
    « Hywel
est mort ? » insista Arthur en plongeant ses yeux dans les miens. Je
hochai la tête en refoulant mes larmes, et aussitôt Arthur m’étreignit.
    « Tu es
un brave homme, Derfel, et je te dois une récompense pour avoir sauvé la vie de
notre roi. Que veux-tu ?
    — Être
guerrier, Seigneur. »
    Il sourit et
recula d’un pas.
    « Tu es
un homme heureux, Derfel, parce que tu es ce que tu veux être. Seigneur
Owain ? fit-il en se tournant vers le champion robuste et tatoué. As-tu un
emploi pour ce brave guerrier saxon ?
    — Je peux
lui en trouver un, répondit Owain sans se faire prier.
    — Alors
il est ton homme, conclut Arthur, qui dut sentir ma déception car il se
retourna vers moi en posant une main sur mon épaule. Pour l’heure, Derfel,
reprit-il d’une voix douce, j’emploie des cavaliers, non des lanciers. Qu’Owain
soit ton seigneur, car il n’a pas son pareil pour t’apprendre le métier des
armes. »
    Il serra mon
épaule de sa main

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