Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
barbouillait son ventre de beurre.
    « Cet
étain ne m’appartient pas, reprit Cadwy avec force.
    — Il doit
bien être à quelqu’un. Tu veux que je demande à Lwellwyn ? Dès qu’il est
question d’argent et de propriété, c’est un sacré malin. »
    Son homme
donnait de grandes claques sur le ventre de la fille, faisant gicler du beurre
sur la table basse et provoquant force éclats de rire. La fille protesta, mais
l’homme lui dit de se tenir tranquille et entreprit d’étaler du beurre et de la
graisse de porc sur le reste de son corps.
    « Le fond
de l’affaire, reprit Cadwy d’une voix forte pour détourner l’attention d’Owain
de la fille nue, c’est qu’Uther y a laissé s’installer un détachement d’hommes
du Kernow. Ils sont venus exploiter les anciennes mines romaines, parce que les
nôtres n’en étaient pas capables. Les salauds sont censés envoyer leur loyer à
votre trésor, note bien ça, mais les bougres réexpédient l’étain au Kernow. Je
le tiens de source sûre.
    — Le
Kernow ? fit Owain, dressant maintenant l’oreille.
    — Ils
font sortir l’argent de notre pays. De notre pays ! » renchérit
Cadwy, indigné.
    Kernow était
un royaume isolé, un endroit mystérieux à l’extrémité de la péninsule ouest de
la Dumnonie, où les Romains n’avaient jamais assis leur pouvoir. Le plus clair
du temps, ils vivaient en paix avec nous, mais, régulièrement, le roi Marc
s’arrachait au lit de sa dernière épouse et envoyait un détachement de pillards
par-delà le Tamar.
    « Que
font ici les hommes du Kernow ? demanda Owain, d’une voix maintenant aussi
indignée que celle de son hôte.
    — Je te
l’ai dit. Ils volent notre argent. Et ce n’est pas tout. J’y ai perdu du bon
bétail, des moutons et même quelques esclaves. Ces mineurs se croient tout
permis, et ils ne vous paient pas comme ils le devraient. Mais tu n’en auras
jamais la preuve. Jamais. Ta fine mouche de Lwellwyn lui-même ne pourra y jeter
un œil et me dire combien d’étain est censé en sortir chaque année. »

Cadwy chassa
une phalène, puis hocha la tête d’un air lugubre.
    « Ils se
croient au-dessus de la loi. Voilà le problème. Sous prétexte qu’Uther les
protégeait, ils se croient au-dessus de la loi. »
    Owain haussa
les épaules. Son attention était de nouveau attirée vers la terrasse
inférieure, où une demi-douzaine d’hommes avinés pourchassaient la fille
barbouillée de beurre. La graisse rendait son corps difficile à saisir, et
cette chasse grotesque faisait crouler de rire quelques-uns des spectateurs.
J’eus moi-même le plus grand mal à me retenir de glousser. Owain se retourna
vers Cadwy.
    « Va donc
là-bas tuer quelques-uns de ces salauds, Seigneur Prince, fit-il comme s’il n’y
avait rien de plus facile au monde.
    — Impossible !
    — Et
pourquoi ça ?
    — Uther
leur a donné sa protection. Si je les attaque, ils vont se plaindre au conseil
et au roi Marc, et je serai forcé de payer le sarhaed . »
    Le sarhaed était
le prix du sang. Celui d’un roi était exorbitant, celui d’un esclave une
bagatelle, mais un bon mineur valait probablement assez cher pour dissuader
même un prince aussi opulent que Cadwy.
    « Mais
comment sauront-ils que c’est toi qui les as attaqués ? » demanda
Owain d’une voix méprisante.
    En guise de
réponse, Cadwy se contenta de se passer la main sur la joue. Les tatouages
bleus, insinuait-il, ne manqueraient pas de trahir ses hommes.
    Owain hocha la
tête. La fille barbouillée s’était fait coincer, et ses ravisseurs
l’entouraient maintenant au milieu des arbustes qui poussaient sur la terrasse
inférieure. Owain se coupa un morceau de pain, puis releva les yeux vers Cadwy.
    « Alors ?
    — Alors,
fit Cadwy d’un ton cauteleux, si je pouvais trouver une bande d’hommes prêts à
liquider quelques-uns de ces lascars, ça arrangerait les choses. Ils se
tourneraient vers moi pour demander ma protection, tu piges ? Et mon prix
sera l’étain qu’ils envoient au roi Marc. Et le tien... »
    Il marqua un
temps d’arrêt pour s’assurer qu’Owain n’était pas choqué par l’insinuation.
    « ...sera
la moitié de la valeur de l’étain.
    — Combien ? »
s’empressa de demander Owain.
    Les deux
hommes parlaient à voix basse, et je devais me concentrer pour saisir leurs
paroles au milieu des éclats de rire et des hourras des guerriers.
    « Cinquante
pièces d’or par an ?

Weitere Kostenlose Bücher