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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le tour du cercle, à l’extérieur, et cracha en
direction de toute l’assistance. C’était un défi. S’il se trouvait ici un homme
pour juger que Mordred ne devait point être roi, il n’avait qu’à s’avancer et
retirer l’épée nue de la pierre... puis affronter Owain. Owain bombait le
torse, ricanait, provoquait, mais nul ne bougea. Ce n’est qu’après avoir fait
deux tours complets qu’il retourna à la pierre et reprit l’épée.
    Sur ce, tout
le monde poussa des vivats, car la Dumnonie avait de nouveau un roi. Les
guerriers qui encerclaient les remparts frappèrent leurs boucliers avec la
hampe de leurs lances.
    Un dernier
rituel s’imposait. Mgr Bedwin avait essayé de s’y opposer, mais le conseil
avait passé outre. Arthur, remarquai-je, se retira, mais tous les autres, y
compris Bedwin, restèrent lorsqu’on amena auprès de la Pierre royale un captif,
nu et effarouché. C’était Wlenca, le Saxon que j’avais capturé. Je doute qu’il
ait su ce qui se passait, mais il devait craindre le pire.
    Morgane essaya
de faire lever Balise, mais le vieux druide était trop faible pour tenir son
rôle, si bien que c’est Morgane elle-même qui se dirigea vers le prisonnier
frissonnant. Le Saxon était délié et aurait pu essayer de détaler, même si les
Dieux savent qu’il n’aurait pu aller bien loin avec la foule en armes qui
l’entourait, mais il finit par se figer sur place tandis que Morgane
approchait. Peut-être fut-il pétrifié par la vue de son masque d’or et par sa
démarche clopinante ; il ne fit pas un geste avant qu’elle eût trempé sa
main gauche mutilée et gantée dans un plat puis, après un instant de réflexion,
lui eût touché le haut du ventre. À ce contact, Wlenca sursauta, alarmé, puis
il retrouva son calme. Morgane avait trempé la main dans du sang de bouc tout frais,
qui laissait maintenant sa marque rouge et humide sur le ventre pâle et plat du
garçon.
    Morgane se
retira. La foule était très calme, silencieuse et sur ses gardes, car c’était
un effroyable moment de vérité. Les Dieux allaient parler à la Dumnonie.
    Owain entra
dans le cercle. Il avait troqué son épée contre sa lance de guerre à la hampe
noire. Il tenait les yeux braqués sur le Saxon apeuré qui semblait implorer ses
Dieux, mais ceux-ci n’avaient aucun pouvoir à Caer Cadarn.
    Owain avança lentement.
L’espace d’une seconde seulement, il détacha ses yeux du regard de Wlenca pour
placer la pointe de sa lance sur la marque rouge qu’il avait sur le ventre,
puis il plongea de nouveau les yeux dans ceux du captif. Les deux hommes
étaient immobiles. Il y avait des larmes dans les yeux de Wlenca qui, d’un
infime mouvement de tête, demanda grâce, mais Owain ignora sa supplique muette.
Il attendit que Wlenca eût retrouvé son calme. La pointe de la lance reposait
sur la marque, et aucun des deux hommes ne bougeait. Le vent agitait leur
chevelure et soulevait les manteaux trempés des spectateurs.
    Wlenca hurla.
La blessure était terrible, sciemment infligée pour procurer une mort lente
dans d’atroces douleurs, mais dans les affres de la mort de la victime un devin
aussi exercé que Balise ou Morgane pouvait lire l’avenir du royaume. Arraché de
sa torpeur, Balise regardait le garçon vaciller, une main serrée sur son ventre
et son corps arqué contre l’atroce douleur. Nimue se pencha avidement, car
c’était la première fois qu’elle assistait à la plus puissante des divinations
et elle voulait en apprendre les secrets. Je fis la grimace, je l’avoue, non à
cause de l’horreur de la cérémonie, mais parce que je l’aimais bien, Wlenca, et
parce que son visage large et ses yeux bleus m’avaient permis de me faire une
idée de ce à quoi je ressemblais probablement, mais je me consolais à l’idée
que, du fait de son sacrifice, il aurait droit à une place de guerrier dans
l’Au-Delà où, un jour, lui et moi nous retrouverions.
    Le hurlement
de Wlenca s’était transformé en un halètement désespéré. Son visage était
devenu jaune, il tremblait, mais il parvenait tant bien que mal à rester debout
en titubant vers l’est. Il atteignit le cercle de pierre et, l’espace d’une
seconde, on put croire qu’il allait s’effondrer, mais un spasme de douleur le
fit se cabrer, puis, de nouveau, se plier en deux. Il tourbillonna en un large
cercle tout en crachant le sang, puis fit quelques pas vers le nord. Enfin, il
tomba. Il agonisait en

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