Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
à ses jambes de gazelle, à la couleur brune de sa
peau, au parfum de violette que ses cheveux dégageaient, au timbre sensuel de
sa voix, à sa fierté aristocratique.
    Il talonna son cheval et poursuivit
sa route en essayant de balayer les sentiments qui montaient en lui. Les
pouvoirs extraordinaires que le Grand Roi lui avait octroyés ne lui étaient
d’aucun secours.
    Il passa devant la statue en bronze
d’Hérodote, le plus illustre citoyen d’Halicarnasse, l’auteur des monumentales
Histoires, celui qui, le premier, avait relaté l’affrontement titanique des
Grecs et des barbares au cours des guerres perses, le seul homme à en avoir
saisi les raisons profondes, puisqu’il était lui-même né d’un père grec et
d’une mère asiatique.
    Il mit pied à terre devant le
bâtiment du conseil, gravit les escaliers qu’éclairaient deux rangées de trépieds
en guise de lanternes, et frappa plusieurs fois à la porte d’entrée. Celle-ci
finit par s’ouvrir.
    « Je suis Memnon, dit-il en
ôtant son turban. Je viens juste d’arriver. »
    On le conduisit à l’intérieur de la
salle, où toutes les autorités civiles et militaires de la ville étaient
réunies : les chefs perses de la garnison, les généraux athéniens Éphialte
et Trasybule, qui commandaient les troupes mercenaires, enfin le satrape de
Carie Orontobatès, un Perse corpulent, reconnaissable à ses vêtements voyants,
à ses boucles d’oreilles, à sa précieuse bague et à la splendide akinaké d’or
massif qui pendait à son côté.
    Il y avait aussi le dynaste local,
le roi de Carie, Pixodaros, un homme d’une quarantaine d’années à la barbe très
noire et aux cheveux à peine striés de blanc. Deux ans plus tôt, il avait
proposé en vain la main de sa fille à un prince macédonien, avant de se replier
sur le nouveau satrape perse de la Carie, Orontobatès, qui était désormais son
gendre.
    Trois sièges avaient été préparés
pour la présidence de l’assemblée, deux d’entre eux étaient déjà occupés par
Pixodaros et Orontobatès. Memnon prit place sur le troisième, à la droite du
satrape perse. À l’évidence, tout le monde attendait son intervention.
    « Hommes d’Halicarnasse et
hommes de Carie, commença-t-il, le Grand Roi m’a confié une énorme
responsabilité, celle d’enrayer l’invasion macédonienne, et j’entends accomplir
ce devoir à n’importe quel prix.
    « Je suis le seul homme, parmi
vous, à avoir vu Alexandre, à avoir affronté son armée à la lance et à l’épée,
et je vous assure qu’il s’agit d’un ennemi redoutable. Il n’est pas seulement
courageux sur le champ de bataille, voire téméraire, il est aussi habile et
imprévisible. La façon dont il s’est emparé de Milet nous laisse augurer de quoi
il est capable, même dans des conditions d’infériorité totale sur mer.
    « Je n’entends pas me laisser
prendre au dépourvu : Halicarnasse ne tombera pas. Nous obligerons le
Macédonien à user ses forces au pied de notre muraille. Nous serons ravitaillés
par voie maritime, où domine notre flotte, et nous pourrons résister jusqu’à la
victoire totale. Au moment opportun, nous opérerons une sortie et écraserons
ses guerriers épuisés.
    « Voici mon plan : en
premier lieu, nous ferons en sorte qu’il ne puisse se servir de ses machines de
guerre. Ces engins, que le roi Philippe avait commandés aux meilleurs
ingénieurs de Grèce, sont en effet extrêmement efficaces et puissants. Nous
retournerons ses armes contre lui : il a empêché notre flotte de
s’approvisionner en eau et en vivres en occupant les principaux points
d’abordage ; nous l’empêcherons, à notre tour, de décharger ses machines à
proximité de notre ville. Nous enverrons des détachements de cavalerie et des
troupes d’assaut dans toutes les criques qui se trouvent à moins de dix stades
d’Halicarnasse.
    « Ce n’est pas tout. Le seul
endroit d’où il peut espérer lancer son attaque étant le secteur nord-est de
nos murs, nous y ferons creuser une tranchée de quarante pieds de long et de
dix-huit pieds de large, de façon qu’il ne puisse approcher ses machines, au
cas où il réussirait à les débarquer.
    « J’en resterai là pour le
moment. Les travaux devront commencer demain matin, à l’aube, et se poursuivre
sans répit, jour et nuit. »
    Les officiers approuvèrent ce plan,
qui paraissait irréprochable, et quittèrent progressivement la salle avant

Weitere Kostenlose Bücher