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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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nuage de
fumée et de poussière. Les coups suivants ouvrirent une brèche et
l’effondrement qui s’ensuivit étouffa une partie de l’incendie.
    Mais la retraite des pézétairoï, au
centre de la formation macédonienne, semblait se muer en déroute sous l’élan
irrépressible d’Éphialte. Le Noir s’exclama alors : « Léonnatos,
arrête-le ! » Et Léonnatos l’entendit. Il se fraya un chemin à coups
de hache parmi ses ennemis et rejoignit Éphialte.
    Les deux colosses s’immobilisèrent,
à bout de souffle, défigurés par l’effort. Leurs corps, entaillés par de
nombreuses blessures, ruisselaient de sueur et luisaient comme des statues sous
la pluie.
    Alexandre se retourna et aperçut les
vétérans de son père à l’ombre des oliviers. Il cria : « Trompette,
appelle la réserve ! » C’était la seule possibilité qu’il lui
restait, puisque la cavalerie ne pouvait intervenir sur un terrain aussi
accidenté.
    Entendant la sonnerie angoissante et
insistante de la trompette, Parménion s’adressa à ses hommes :
« Vétérans, pour le roi Philippe et pour le roi Alexandre,
allons-y ! » C’est alors qu’un bruit de tonnerre déchira les
airs : le tonnerre de Chéronée !
    L’énorme tambour, dissimulé parmi
les oliviers, entra en action, et la phalange, hérissée de lances tel un
redoutable porc-épic, se mit au pas cadencé, en hurlant :
    Alalalàï ! Alalalàï !
    Alexandre, qui avait presque gagné
le centre au prix d’un dur effort, ordonna aux pézétairoï de Léonnatos de
laisser passer les vétérans. Ceux-ci fondirent sur les mercenaires de Memnon, à
présent épuisés. Pendant ce temps, Léonnatos se battait comme un lion contre
son gigantesque adversaire, et le vacarme de leurs coups répandait dans la
plaine l’écho d’une rencontre titanesque.
    Fort de son expérience de lutteur,
Léonnatos parvint à déséquilibrer Ephialte au moyen d’une feinte. Tandis que
l’ennemi mettait genou à terre, le Macédonien se dressa et abattit sa hache
dans son dos. Éphialte s’écroula.
    L’ombre du soir descendait
maintenant sur les combattants ivres de fatigue et de fureur. Après avoir perdu
leur chef, les guerriers grecs, à bout de forces et décimés, commencèrent à
lâcher pied face aux vétérans de Parménion. Ils rompirent bientôt les rangs et
s’enfuirent vers la porte de Mylasa et la poterne du secteur nord, près de la
mer. Mais les défenseurs refermèrent les battants, si bien que nombre de
guerriers furent exterminés au pied de la muraille, transpercés par les
sarisses des vétérans.
    Quand Alexandre fit sonner l’ordre
de cesser le combat, Perdiccas avait pris position sur la brèche qu’il s’était
ménagée dans le secteur oriental ; un détachement d’Agrianes avait
escaladé les remparts ronds et en avait chassé les défenseurs ; d’autres
encore avaient gravi la tour de bois et pointé balistes et catapultes vers
l’intérieur de la ville.
    On apporta de nombreuses torches et
on alluma des feux afin de parer aux éventuelles contre-attaques de l’ennemi.
    Halicarnasse était à la merci du
vainqueur.
     

29
    Alexandre ne parvenait pas à trouver le sommeil : l’issue de son
duel avec Memnon avait été incertaine jusqu’au dernier instant et il avait eu,
à plusieurs reprises, le sentiment d’être au bord de la défaite et de
l’humiliation.
    Ses hommes avaient allumé un bûcher
sur le chemin de ronde, et le roi attendait les premières lueurs de l’aube avec
angoisse. La nuit était sombre, la ville plongée dans les ténèbres et le
silence. Quelques feux brûlaient sur la brèche qu’occupaient ses soldats, sur
les remparts de briques dont les Agrianes avaient pris possession et à la base
de la grande tour de bois. Alexandre était visible alors que l’ennemi se
cachait.
    Combien étaient-ils encore ?
Combien de soldats étaient dissimulés dans l’ombre ? Ils préparaient
peut-être une embuscade, à moins que Memnon n’attendît des renforts de la mer.
    Au moment où le triomphe était à
portée de sa main, le roi sentait que la chance pouvait une fois encore lui
faire un pied de nez ; jusqu’au dernier moment, le commandant ennemi était
capable de manigancer un nouveau stratagème. Plus âgé et plus expérimenté que
lui, il avait toujours réussi à lui tenir tête, à répondre coup pour coup,
voire à prévenir ses mouvements.
    Ce soir-là, Alexandre avait ordonné
qu’on exécute

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