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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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les
machines jusqu’aux nouveaux remparts. Alexandre observait les opérations depuis
le sommet d’une colline. Il vit apparaître une gigantesque tour de bois, que
l’ennemi s’employait à construire à l’intérieur de la ville.
    Eumène s’approcha. Comme à
l’accoutumée, il avait revêtu sa tenue de combat, même s’il n’avait pas encore
participé au moindre fait d’armes.
    « Quand cette tour sera
achevée, il sera difficile d’atteindre les remparts.
    — Oui, admit Alexandre. Memnon
placera des catapultes et des balistes tout en haut, et nous serons facilement
à leur portée.
    — Il leur suffira de viser dans
le tas pour faire un massacre.
    — Voilà pourquoi je veux ouvrir
une brèche dans ces maudits remparts avant qu’il ait terminé sa tour.
    — Tu n’y arriveras pas.
    — Pourquoi ?
    — J’ai calculé le temps que
prennent les travaux. Tu as certainement remarqué l’horloge que j’ai fait bâtir
sur la colline ?
    — Oui.
    — Eh bien, leur tour s’élève de
trois coudées par jour. As-tu remarqué également l’instrument que j’ai placé
près de l’horloge ?
    — Bien sûr, répliqua Alexandre
avec un léger agacement.
    — Si cela ne t’intéresse pas,
je peux me taire, rétorqua Eumène d’un air vexé.
    — Ne sois pas stupide.
Qu’est-ce que cet instrument ?
    — Un jouet de mon
invention : un viseur sur une plaque tournante qui permet d’observer un
objet avec un repère. Par un simple calcul géométrique, je parviens à établir
la progression des travaux.
    — Alors ?
    — Alors, ils achèveront leur
construction quand nous aurons dégagé la moitié de la brèche. Mieux, ils nous
anéantiront sous une grêle de coups. Selon mes calculs, il y aura assez de
place sur cette tour pour loger douze catapultes sur trois étages
superposés. »
    Alexandre baissa la tête. « Que
me suggères-tu ? demanda-t-il au bout d’un moment.
    — Tu veux vraiment mon
avis ? Eh bien, si j’étais toi, j’abandonnerais l’éboulement et je
concentrerais toutes nos machines sur le secteur nord-ouest de la muraille, qui
semble moins épais. Si tu veux tester mon instrument… »
    Alexandre approcha l’œil du viseur.
    « Voilà, il faut d’abord viser
le bord extérieur, puis le bord intérieur sur la gauche de la brèche. Tu
vois ? Maintenant, va à droite, comme ça.
    — C’est vrai, admit Alexandre
en se redressant. Le mur est moins épais de l’autre côté.
    — Exactement. Alors si tu y
concentres toutes les tours, tu pourras d’ici demain te ménager une brèche qui
te permettra de contourner les remparts ronds, ou de les prendre en écharpe.
Les Agrianes sont d’excellents grimpeurs : ils dégageront la voie aux
attaquants, qui pourront pénétrer dans la ville et prendre les défenseurs à
revers. »
    Alexandre posa une main sur son
épaule. « Et moi qui t’ai confiné dans un rôle de secrétaire… Si nous
gagnons, tu participeras à toutes les réunions du haut commandement, où tu
auras la possibilité d’exprimer ton avis. Maintenant, déplaçons ces
tours ! Qu’elles se mettent aussitôt à saper la muraille. Je veux que tout
le monde se relaie, jour et nuit. Nous empêcherons les habitants d’Halicarnasse
de dormir. »
    L’ordre du roi fut exécuté sans
tarder : au cours des jours qui suivirent, les sept tours d’assaut furent
placées l’une après l’autre sur le côté nord-est des murs, au prix de nombreux
efforts qui occupèrent des centaines d’hommes et de bêtes de trait. Bientôt,
les béliers reprirent leur œuvre obsédante et implacable, produisant un vacarme
qui faisait trembler l’enceinte et le terrain sur lequel elle se dressait. Sur
l’ordre d’Alexandre, Eumène inspecta personnellement les machines de guerre,
accompagné par un groupe d’ingénieurs qui corrigeaient leur équilibre et
plombaient les plates-formes pour augmenter le rendement des béliers.
    À l’intérieur des tours, les
conditions étaient épouvantables : la chaleur et la poussière régnaient
dans cet espace étroit, où les hommes souffraient sous les formidables
contrecoups des béliers, dans un vacarme insupportable. Des porteurs d’eau ne
cessaient de monter et de descendre le long des escaliers pour désaltérer les
soldats.
    Mais chaque homme avait l’impression
que le regard d’Alexandre était posé sur lui. Le souverain avait promis une
forte récompense à ceux qui abattraient les premiers les

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