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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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également en
effacer le symbole pour accomplir une entreprise complète. »
    Alexandre s’était tourné vers
Aristandre : « Qu’en dis-tu, devin ? »
    Aristandre s’était contenté de
proférer quelques mots : « Ce nœud est le signe d’une perfection
absolue, d’une harmonie achevée, de l’entrelacement des énergies primitives qui
créèrent la vie sur terre. Tu déferas ce nœud et tu domineras l’Asie, le monde
entier. »
    Cette réponse avait réconforté tout
le monde. Mais, ne voulant pas courir de risques, Eumène avait convoqué un
officier de l’amiral Néarque, qui connaissait tous les nœuds utilisés sur les
bateaux de guerre et les navires marchands, afin qu’il révèle ses secrets au
roi. Alexandre était donc très confiant.
    En outre, les prêtres du sanctuaire
allaient probablement s’ingénier à simplifier les choses à leur nouveau maître
pour éviter de l’exposer à l’humiliation d’un échec.
    « Voici le char du roi Midas,
annonça l’un d’eux en montrant au souverain le véhicule archaïque rongé par les
vers, et voici le nœud. » Il prononça ces mots en souriant, ce qui
laissait entendre à l’assistance, et en particulier à Eumène, Séleucos et
Ptolémée, que tout se déroulerait pour le mieux. Ceux-ci convoquèrent les
officiers de grade inférieur afin qu’ils assistent à l’entreprise du roi.
    Mais lorsqu’il se baissa pour
examiner le nœud, Alexandre se rendit compte qu’il avait été trop optimiste. Le
filin était terriblement serré, on n’en voyait aucun bout dépasser.
Entre-temps, la foule s’était massée et la salle regorgeait de monde :
engoncés dans leurs vêtements de cérémonie, ruisselant de sueur, les prêtres se
pressaient les uns contre les autres.
    Se sentant étouffer, le roi fut
envahi par la colère : il devinait que son prestige, conquis sur le champ
de bataille avec la lance et l’épée, pouvait être remis en cause en quelques
instants par une situation apparemment sans issue.
    Il regarda Eumène, qui haussa les
épaules comme pour lui signifier qu’il n’avait, cette fois-ci, aucune solution
à lui suggérer. Il scruta ensuite le masque de pierre d’Aristandre de
Termessos, le devin, qui s’était déjà exprimé et qui ne reprendrait pas la
parole. Alors qu’il s’agenouillait une nouvelle fois près du nœud, la poignée
de son épée heurta son flanc. Alexandre pensa aussitôt que c’était un signe des
dieux. Au même moment, un rayon de soleil s’insinua dans la pièce à travers une
ouverture du toit, éclairant ses cheveux comme un nuage doré et faisant
scintiller les gouttes de sueur qui perlaient sur son front.
    Dans le profond silence qui était
tombé sur la salle, on entendit le bruissement métallique de l’épée que le roi
dégainait. La lame brilla comme un éclair dans le faisceau lumineux pour
s’abattre sur le nœud gordien avec une force démesurée.
    Le filin, tranché net, abandonna sa
prise, et le joug, libéré, tomba à terre dans un bruit sec.
    Les prêtres échangèrent des regards
abasourdis avant de dévisager Alexandre, qui s’était relevé et glissait son
épée dans le fourreau. Quand il redressa la tête, ils virent que son œil gauche
s’était assombri ; il étincelait, aussi noir que la nuit.
    Ptolémée s’écria : « Le
roi a tranché le nœud gordien ! Le roi est seigneur de
l’Asie ! »
    Tous ses compagnons l’acclamèrent et
leur ovation retentit même à l’extérieur, parvenant aux oreilles des soldats
qui s’étaient pressés autour du temple. Ils exultèrent à leur tour, libérant
l’enthousiasme que la peur et la superstition avaient réprimé jusqu’alors, et
ils frappèrent leurs boucliers de leurs armes, faisant trembler les murs du
vieux sanctuaire.
    Quand le souverain apparut,
éblouissant dans son armure d’argent, ils le hissèrent sur leurs épaules et le
portèrent en triomphe jusqu’au campement, comme la statue d’un dieu. Personne
ne vit Aristandre s’éloigner, l’air désespéré.
     

45
    Quelques jours plus tard arrivèrent les renforts tant attendus :
les nouvelles recrues, tout comme les jeunes mariés qui avaient quitté
Halicarnasse pour passer l’hiver avec leurs épouses. Ces derniers furent
accueillis par les sifflements et les cris de leurs compagnons d’armes, qui
avaient affronté les rigueurs de la guerre et de la saison froide. Ils
prononçaient maintenant toutes sortes d’obscénités ;

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