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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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certains hurlaient
même en agitant d’énormes phallus de bois : « Vous avez bien tâté de
la chatte ? Maintenant, il va falloir payer un gage ! »
    L’officier qui commandait les
renforts était un homme d’Antipatros, un chef de bataillon originaire de
l’Orestide, du nom de Trasillos. Il se présenta aussitôt devant le roi pour lui
faire son rapport.
    « Pourquoi avez-vous tant tardé ?
demanda Alexandre.
    — Parce que la flotte perse
s’obstinait à bloquer les Détroits et que le régent Antipatros ne voulait pas
pousser notre escadre dans un affrontement ouvert avec Memnon. Un beau jour,
les navires ennemis ont levé l’ancre et se sont dirigés vers le sud en
profitant d’un vent de Borée. Alors nous sommes passés.
    — C’est étrange, observa
Alexandre. Quoi qu’il en soit, cela ne laisse rien présager de bon. Si Memnon a
lâché prise, c’est sans doute pour aller planter ses crocs dans une région
encore plus vulnérable. J’espère qu’Antipatros…
    — Le bruit court que Memnon
serait mort, sire, interrompit l’officier.
    — Quoi ?
    — C’est ce que nous ont dit nos
informateurs en Bithynie.
    — Et de quoi serait-il
mort ?
    — Personne ne le sait. Une
étrange maladie, paraît-il…
    — Une maladie ? J’ai du
mal à le croire.
    — Ce n’est pas une nouvelle
certaine, sire. Comme je l’ai dit, il s’agit de rumeurs qu’il nous faudra
vérifier.
    — Bien sûr. Mais va,
maintenant, et installe-toi avec tes hommes, car nous n’allons pas tarder à
repartir. Vous aurez un jour de repos, pas plus : nous avons déjà trop
patienté. »
    L’officier prit congé d’Alexandre.
Le roi demeura seul sous sa tente à réfléchir à cette nouvelle inattendue qui
ne suscitait en lui ni soulagement ni satisfaction. Memnon était à ses yeux le
seul adversaire digne de lui, le seul Hector en mesure d’affronter le nouvel
Achille qu’il était, et il se préparait à ce duel depuis longtemps, comme un
champion homérique. L’idée de se battre personnellement contre le Grand Roi ne
revêtait pas pour lui une signification aussi forte.
    Il se rappelait parfaitement la
silhouette imposante du commandant, le casque qui masquait son visage, le
timbre de sa voix et le sentiment d’oppression que lui procurait le fait de le
savoir toujours sur la brèche et prêt à frapper, infatigable et imprenable. Une
maladie… Ce n’était pas la fin qu’il souhaitait, ce n’était pas l’épilogue
qu’il attendait du combat implacable qu’il avait engagé.
    Il convoqua Parménion et Cleitos le
Noir pour leur dire de préparer le départ dans les deux jours à venir, et il
leur communiqua la nouvelle qu’il avait reçue : « Selon le commandant
du contingent des renforts, le bruit court que Memnon serait mort.
    — Cela nous donnerait un grand
avantage, répliqua le vieux général sans cacher sa propre satisfaction. Sa
flotte représentait une grande menace pour la Macédoine. Les dieux sont de ton
côté, sire.
    — Les dieux m’ont privé d’un
affrontement loyal avec le seul adversaire digne de moi », rétorqua
Alexandre, dont le visage s’assombrit soudain.
    Puis il songea à Barsine, à sa
beauté brune et inquiétante, et il se dit que si le destin avait voulu que
Memnon meure de maladie, peut-être empêcherait-il Barsine de le haïr. S’il
avait su où elle se trouvait, il aurait balayé tous les obstacles qui se
dressaient entre elle et lui. La voix du Noir le tira bientôt de sa
torpeur :
    « D’après nos informations,
elle serait quelque part entre Damas et les Portes syriennes. »
    L’officier semblait avoir lu dans
ses pensées. Alexandre se tourna brusquement vers lui. Le Noir le dévisagea,
comme surpris par cette réaction.
    « De quoi parles-tu, le
Noir ? demanda le souverain.
    — De la dépêche que nous a
adressée Eumolpos de Soles.
    — Oui, intervint Parménion. Il
nous a envoyé un courrier qui nous a délivré un message de vive voix.
    — Quand ?
    — En milieu de matinée. Il a
demandé à te parler, mais tu étais en train de passer les recrues en revue avec
Héphestion, et c’est moi qui l’ai donc reçu.
    — Tu as bien fait, général,
répliqua Alexandre. Mais sommes-nous sûrs qu’il venait bien de la part
d’Eumolpos ?
    — Le courrier nous a transmis
le mot de passe que tu connais. »
    Alexandre secoua la tête.
« Cervelle de mouton » ! Avait-on jamais entendu mot de passe
plus

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