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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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les
temples attribue certainement une grande valeur à la forme.
    — Je crois que tu as raison,
approuva Alexandre. Quoi qu’il en soit, nous allons vite le découvrir. Notre
flotte devrait arriver demain, après quoi nous remonterons le Nil jusqu’à
Memphis, la capitale. »
    Les navires de Néarque jetèrent
l’ancre deux jours plus tard à l’embouchure de la branche orientale du Delta.
Le souverain et ses compagnons empruntèrent le fleuve jusqu’à Héliopolis et
Memphis, tandis que l’armée les suivait par voie terrestre.
    Portés par le fleuve immense, ils
passèrent devant les pyramides, qui brillaient comme des diamants sous un
soleil au zénith, devant le gigantesque sphinx, qui veillait depuis des
millénaires sur le sommeil des grands rois.
    « D’après Hérodote, trente
mille hommes l’auraient érigé en travaillant pendant trente ans, expliqua
Aristoxène.
    — Et tu crois que c’est
vrai ? demanda Alexandre.
    — Oui, même si l’on raconte
dans ce pays plus d’histoires que dans toute autre partie du monde, pour la
bonne raison qu’elles se sont accumulées au fil du temps.
    — Est-il vrai que le désert
oriental est peuplé de serpents ailés ? demanda encore Alexandre.
    — Je l’ignore, répondit
l’interprète. Je n’y suis jamais allé mais c’est sans aucun doute l’un des
lieux les plus inhospitaliers de la terre. Mais regarde, nous arrivons au
ponton. Les hommes à la tête rasée que tu aperçois sont les prêtres du temple
de Zeus Ammon. Traite-les avec respect : ils pourraient t’épargner
beaucoup d’efforts et de sang versé. »
    Alexandre acquiesça avant de se
préparer à descendre. Dès qu’il eut mis le pied sur la terre ferme, il
s’approcha des prêtres avec révérence et les pria de le conduire au temple afin
qu’il puisse rendre hommage au dieu.
    Les prêtres se dévisagèrent en
échangeant quelques murmures, puis ils s’inclinèrent poliment devant le
souverain et se dirigèrent en procession vers le grand sanctuaire en entonnant
une hymne au son des flûtes et des harpes. Une fois devant les colonnes de
l’entrée, ils s’effacèrent pour inviter Alexandre à entrer. Et Alexandre
pénétra dans le temple, seul.
    S’insinuant à l’intérieur à travers
un trou dans le plafond, les rayons du soleil traversaient un gros nuage
d’encens qui s’élevait d’un brûle-parfum en or, placé au centre du sanctuaire.
Le reste du temple disparaissait dans la pénombre. Sur un piédestal de granit
se dressait une statue du dieu pourvue d’une tête de bélier, d’yeux de rubis et
de cornes en lames d’or. Alexandre balaya le temple du regard : il
paraissait entièrement désert, et, dans le silence de l’après-midi, les bruits
de l’extérieur semblaient se perdre au milieu de la forêt de colonnes qui
soutenait le plafond en bois de cèdre.
    Soudain, Alexandre eut l’impression
que la statue bougeait : ses yeux de rubis brillaient, comme animés par
une lumière interne. C’est alors qu’une voix profonde et vibrante résonna dans
la grande salle hypostyle.
    « Il y a vingt ans, le dernier
souverain légitime de ce pays fut obligé de s’enfuir dans le désert pour ne
plus revenir. Es-tu ce fils, né loin du Nil, que nous attendons depuis
longtemps ? »
    Alexandre comprit en cet instant
toutes les histoires qu’il avait entendu colporter sur l’Égypte et sur l’âme de
son peuple. Il répondit d’une voix ferme : « C’est moi.
    — Si tu l’es, poursuivit la
voix, prouve-le.
    — Comment ? demanda le souverain.
    — Seul le dieu Ammon peut le
déclarer, mais il ne s’exprime qu’à travers l’oracle de Siwah, qui se trouve au
milieu du désert. C’est là que tu devras aller. »
    « Siwah », pensa
Alexandre. Et il se souvint d’une histoire que sa mère lui racontait quand il
était enfant, l’histoire de deux colombes que Zeus avait libérées aux origines
des temps : l’une d’elles était allée se poser sur un chêne de Dodone,
l’autre sur un palmier de Siwah, et elles avaient commencé à émettre des
prophéties. Sa mère lui avait également dit qu’elle l’avait senti tressaillir
dans son ventre pour la première fois le jour où elle s’était rendue à Dodone
pour consulter l’oracle, et que sa prochaine naissance, une naissance divine,
se produirait le jour où il visiterait l’autre oracle.
    La voix s’éteignit, et Alexandre
quitta la grande salle sombre, réapparaissant bientôt

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