Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
aux tribus nomades de l’intérieur : les Nasamons
et les Garamantes.
    Ces derniers s’étaient partagé la
côte en plusieurs secteurs et lorsqu’un navire sombrait, il était mis à sac par
les tribus vivant dans la zone où il échouait. Les rescapés étaient vendus comme
esclaves au marché de Paraitonion. On disait que les Nasamons avaient traversé,
deux siècles plus tôt, la grande mer de sable dont personne ne connaissait
l’étendue et qu’ils étaient arrivés à un lac immense, peuplé de crocodiles et
d’hippopotames, bordé d’une multitude d’arbres qui portaient des fruits en
toutes saisons. On disait aussi que s’y trouvait la caverne de Protée, le dieu
multiforme qui vivait en compagnie des phoques et savait prédire l’avenir.
    Alexandre laissa une partie de
l’armée à Paraitonion sous les ordres de Parménion, à qui il confia également
la garde de Barsine. Il alla dire au revoir à sa maîtresse le soir qui précéda
son départ et lui offrit un présent : un collier en or et en émaux qui
avait appartenu à une reine du Nil.
    « Il n’existe pas de joyaux
dignes de parer ta beauté, dit-il en agrafant ce magnifique collier autour de
son cou. Il n’existe pas de splendeur capable de rivaliser avec la lumière de
tes yeux, il n’y a pas d’émail qui égale la magnificence de ton sourire. Je donnerais
n’importe quelle richesse pour pouvoir m’asseoir en face de toi et te voir
sourire. La joie que j’éprouverais alors surpasserait celle que je ressens en
baisant tes lèvres, en caressant ton ventre et tes seins.
    — Le sourire est un don
qu’Ahura-Mazda m’a retiré depuis longtemps, Alexandre, répliqua Barsine. Mais à
l’heure où tu t’apprêtes à affronter un long voyage, ponctué de dangers, je
sens que je ne trouverai pas la paix tant que durera ton absence, et je sens
que je sourirai quand je te reverrai. » Elle déposa un léger baiser sur
ses lèvres et ajouta : « Reviens-moi, Alexandre. »
    La marche se poursuivit avec un
contingent réduit et Alexandre, suivi de ses compagnons, s’aventura dans le
désert en direction du sanctuaire de Zeus Ammon, après avoir hissé de l’eau et
des provisions suffisantes sur le dos d’une centaine de chameaux. Tout le monde
avait déconseillé au roi d’entreprendre un tel voyage en plein été, saison
pendant laquelle la chaleur du désert était insupportable. Mais Alexandre était
désormais persuadé de pouvoir affronter et franchir n’importe quel obstacle, de
pouvoir survivre à n’importe quelle blessure, de pouvoir défier n’importe quel
danger, et il voulait que ses hommes en soient également convaincus. Cependant,
au bout des deux premières étapes, l’ardeur du soleil devint
insupportable ; hommes et animaux consommaient tant d’eau qu’on en vint à
nourrir de sérieuses inquiétudes quant aux chances de parvenir indemne à
destination.
    De plus, le troisième jour, une
tempête de sable se déclencha qui mit à rude épreuve la résistance des soldats
et des animaux. Après plusieurs heures d’un tourment aussi intolérable, la
brume se dissipa, découvrant l’étendue infinie et ondoyante de cette
immensité : la piste avait disparu, ainsi que la plupart des bornes qui la
délimitaient. Les hommes s’enfonçaient dans des sables de plus en plus chauds,
au point de se brûler les pieds et les jambes, insuffisamment protégées. Ils
durent se les bander jusqu’au genou en utilisant l’étoffe de leurs tuniques et de
leurs manteaux, afin de poursuivre cette marche exténuante.
    Le quatrième jour, nombre d’entre
eux commencèrent à se décourager, et seul l’exemple du roi qui marchait en
tête, à pied, comme le plus humble des soldats, qui se désaltérait toujours le
dernier et se contentait le soir de quelques dattes en s’enquérant du sort de
toute la troupe, insufflait en chacun l’énergie et la détermination nécessaires
pour avancer.
    Le cinquième jour, les provisions
d’eau étaient presque terminées, et l’horizon aussi vide que les jours
précédents : pas un signe de vie, pas un brin d’herbe, pas l’ombre d’un
être vivant.
    « Et pourtant, nous ne sommes
absolument pas seuls, affirma le guide, un Grec de Cyrène aussi sombre qu’un
tison, qui descendait sans doute d’une Libyenne ou d’une Ethiopienne. Si nous
devions succomber, l’horizon s’animerait aussitôt comme par enchantement, des
hommes surgiraient de toutes parts, pareils à des

Weitere Kostenlose Bücher