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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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fourmis, nos carcasses
seraient dénudées et abandonnées en peu de temps au soleil du désert.
    — Une perspective
réjouissante », commenta Séleucos qui se traînait non loin de là, coiffé
d’un chapeau macédonien à larges bords.
    C’est alors qu’Héphestion attira
l’attention de ses compagnons : « Regardez ! s’écria-t-il.
    — On dirait des oiseaux, dit
Perdiccas.
    — Des corbeaux, expliqua le
guide.
    — Aïe ! gémit Séleucos.
    — Tu te trompes, c’est un bon
signe, répliqua le guide.
    — Cela signifie que nos
carcasses ne seront pas gaspillées en vain, commenta de nouveau Séleucos.
    — Non. Cela signifie que nous
approchons d’un lieu habité.
    — Que nous approchons ? Tu
parles de volatiles, mais nous sommes à pied et nous n’avons ni eau ni
nourriture… »
    Aristandre, qui cheminait non loin
de là, s’immobilisa brusquement. « Arrêtez-vous ! ordonna-t-il.
    — Qu’y a-t-il ? »,
demanda Perdiccas.
    Alexandre se figea sur place à son
tour et se tourna vers le devin qui s’était assis sur le sol, la tête couverte
de son manteau. Une légère brise s’insinua entre les dunes, qui brillaient
autant que du bronze rougi.
    « Le temps change, dit Aristandre.
    — Par Zeus, pourvu qu’il n’y
ait pas de nouvelle tempête de sable ! », gémit Séleucos.
    Mais la brise se renforça, chassant
la chape de chaleur et apportant une vague odeur de mer.
    — Des nuages, dit encore
Aristandre. Des nuages arrivent. »
    Séleucos échangea un coup d’œil avec
Perdiccas d’un air de dire : « Il délire. » Mais le devin
sentait vraiment que des nuages se pressaient, et de fait un front nuageux
apparut au bout d’environ une heure en provenance du nord, assombrissant
l’horizon.
    « Ne nous faisons pas
d’illusions, leur confia le guide. À ce que je sache, il ne pleut jamais ici.
Remettons-nous en route. » La colonne reprit sa marche vers le sud dans
une lumière aveuglante, mais les hommes ne cessaient de se tourner vers l’amas
de nuages, de plus en plus noirs, qui avançait, parcouru d’éclairs
frissonnants.
    — Peut-être qu’il ne pleut
jamais, observa Séleucos. Mais en tout cas, il tonne.
    — Tu as l’oreille fine,
répliqua Perdiccas. Pour ma part, je n’entends rien.
    — C’est vrai, acquiesça le
guide. Il tonne. Il ne pleuvra pas, mais les nuages nous protégeront contre le
soleil et nous pourrons marcher à l’ombre par une température
supportable. »
    Une heure plus tard, les premières
gouttes de pluie disparurent dans le sable avec de petits bruits sourds, et
l’air se remplit de l’odeur intense et agréable de la poussière mouillée.
Épuisés, la peau brûlée et les lèvres gercées, les hommes semblèrent alors
perdre la raison : ils jetaient leurs chapeaux vers le ciel, ouvraient
leurs bouches en feu pour capturer ne fût-ce que quelques gouttes et les
empêcher de s’infiltrer dans le sable.
    Le guide secoua la tête.
« Mieux vaut leur dire d’épargner leur souffle. Il fait si chaud que la
pluie se dissout avant même de toucher terre, puis elle retourne au ciel sous
forme de légère brume. C’est tout. » Il n’avait pas plutôt fini de parler
que ces quelques gouttes se transformèrent en petite pluie fine, puis des
trombes d’eau s’abattirent, ponctuées d’éclairs et de coups de tonnerre.
    Les hommes plantèrent leurs lances
dans le sable et y attachèrent leurs manteaux afin d’y recueillir le plus d’eau
possible. Ils posèrent leurs casques sur le sol, ainsi que leurs boucliers,
qu’ils tournèrent face contre terre. Bien vite, ils purent étancher leur soif.
Quand l’averse prit fin, les nuages continuèrent à traverser le ciel, moins
denses certes, mais suffisamment gros pour voiler le soleil et protéger les
soldats.
    Alexandre n’avait pas prononcé un
mot, il marchait d’un air absorbé, comme s’il était guidé par une voix
mystérieuse. Tous les hommes concentrèrent leurs regards sur lui, désormais
persuadés d’être conduits par un être surhumain, capable de survivre à des
blessures mortelles, d’amener la pluie dans le désert et, pourquoi pas, d’y
faire pousser des fleurs.
    L’oasis de Siwah apparut à leur vue
deux jours plus tard, à l’aube. Cette bande verte, plantée d’une végétation
luxuriante, traversait le reflet éblouissant des sables. Les hommes lancèrent
des cris d’enthousiasme, nombre d’entre eux pleurèrent d’émotion en voyant

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