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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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dieu
devrait-il me protéger ?
    — Il l’a déjà fait, répondit le
vieil homme, en te permettant de traverser sans dommages tant de batailles pour
arriver jusqu’ici et détruire le blasphème des Samaritains. »
    Alexandre secoua la tête comme si
les paroles de l’interprète n’avaient aucun sens pour lui. « Qu’est-ce
qu’un blasphème ? », demanda-t-il. C’est alors qu’une main se posa
sur son épaule. Il se retourna et vit Aristandre, enroulé dans son manteau
blanc, une étrange expression dans le regard.
    « Respecte cet homme, lui
murmura-t-il à l’oreille. Son dieu est sans aucun doute très puissant.
    — Un blasphème, reprit
l’interprète, est une insulte à un dieu. Les Samaritains avaient construit un
temple sur le mont Garizim. Celui que tu viens de détruire avec l’aide du
Seigneur.
    — Était-ce donc cela, le… blasphème ?
    — Oui.
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’il ne peut y avoir
qu’un seul temple.
    — Un seul temple ? dit le
roi stupéfait. Nous en possédons des centaines dans mon pays. »
    Aristandre lui demanda
l’autorisation de s’entretenir avec le vieillard à la barbe blanche.
« Parle-moi de ce temple », lui dit-il.
    Le vieil homme commença ses
explications d’une voix inspirée, et l’interprète traduisit ses paroles :
« Ce temple est la maison de notre Dieu, le seul Dieu qui existe, le
créateur du ciel et de la terre, du visible et de l’invisible. Il a libéré nos
pères qui étaient esclaves en Egypte et il leur a donné la Terre promise. Il a
habité pendant des années sous une tente dans la ville de Silo jusqu’à ce que
le roi Salomon lui construise un temple resplendissant d’or et de bronze sur le
rocher de Sion, notre ville.
    — À quoi ressemble-t-il ?
l’interrogea Aristandre. Peux-tu m’en montrer un dessin ? »
    Dès qu’il eut entendu sa requête, le
vieillard eut une grimace de dégoût et répondit sèchement : « Notre
Seigneur n’a aucun aspect, et il nous est formellement interdit d’utiliser des
idoles. L’image de notre Seigneur est partout : dans les nuages du ciel et
dans les fleurs des prairies, dans le chant des oiseaux et dans le murmure du
vent qui souffle parmi les branches de ses arbres.
    — Mais alors, qu’y a-t-il donc
dans votre temple ?
    — Rien que l’œil humain ne
puisse voir.
    — Et qui es-tu donc ?
    — Je suis le grand prêtre. Je
présente au Seigneur la puissance de son peuple, et je suis le seul autorisé à
prononcer son nom, une fois l’an, dans la partie la plus reculée de notre
sanctuaire. Et toi, qui es-tu, s’il m’est permis de te le
demander ? »
    Le roi dévisagea ses deux
interlocuteurs, l’un après l’autre, puis il dit : « Je veux voir le
temple de ton dieu. »
    Dès qu’il eut compris les paroles du
roi, le vieux prêtre s’agenouilla et, le front sur le sol, le conjura de n’en
rien faire : « Je t’en prie, ne profane pas notre sanctuaire. Il est
impératif d’être circoncis et d’appartenir au peuple élu pour pouvoir pénétrer
dans notre temple, et j’ai le devoir de t’en interdire l’accès, au prix de mon
sang. »
    Le roi commençait à s’emporter,
comme chaque fois qu’on lui opposait un refus, quand Aristandre l’invita par un
signe à maîtriser sa colère et chuchota à nouveau : « Respecte cet homme
car il est prêt à donner sa vie pour un dieu sans visage, et non à mentir ou
t’aduler. »
    Alexandre réfléchit en silence un
instant, puis il se tourna vers le vieil homme à la barbe blanche :
« Je respecterai ton désir, mais j’exige de toi une réponse en échange.
    — Laquelle ? demanda le
vieillard.
    — Tu as dit que le seul aspect
de ton dieu se trouve dans les nuages du ciel, dans les fleurs des prairies,
dans le chant des oiseaux, dans le murmure du vent, mais qu’y a-t-il de ton
dieu dans les êtres humains ? »
    Le vieil homme répondit :
« Dieu a fait l’homme à son image et à sa ressemblance, mais chez certains
hommes, l’image de Dieu est comme obscurcie et brouillée par leur comportement.
Chez d’autres, en revanche, elle resplendit comme le soleil au zénith. Tu es
l’un de ces hommes, grand roi. »
    Sur ces mots, il fit volte-face et
retourna d’où il était venu.
     

3
    L’armée poursuivit sa route en traversant les dernières étendues de la
Palestine, puis elle pénétra en Phénicie. À Tyr, le roi Voulut offrir un sacrifice
à Héraclès Melqart afin

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