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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’aile gauche des Macédoniens. Il s’était gardé toutefois de
l’intensifier depuis les tentes du ravitaillement, ainsi qu’il l’aurait pu, et
de bouleverser les rangs de la phalange qui lui tournait le dos dans sa marche
vers le centre ennemi.
    « Et pourquoi ne l’as-tu pas
fait ? lui demanda Alexandre.
    — Parce qu’il en était
incapable, l’interrompit Parménion. Nous étions encore en train de combattre,
et il aurait d’abord dû nous anéantir.
    — C’est possible, mais cela
nous conduirait à une discussion sans fin. Réponds donc à ma question, Mazéos.
    — Je suis babylonien, Grand
Roi, et les Babyloniens sont célèbres dans le monde entier pour l’art avec
lequel ils déchiffrent les messages écrits sur la voûte céleste et dans les
mouvements des constellations. Nos mages ont vu ton étoile resplendir dans le
ciel, obscurcissant totalement celle de Darius. Je ne pouvais m’opposer aux
signes envoyés par le ciel et confirmés par notre grand dieu, Marduk, à travers
son oracle au temple d’Esagila à Babylone.
    — Je ne suis pas certain de
suivre ton raisonnement, Mazéos, répliqua Alexandre, mais je peux t’affirmer
que je t’ai vu te battre avec courage pour ton roi et sa famille. C’est pour
cela, et non pour les obscures vaticinations qui auraient freiné au dernier
moment la charge de tes cavaliers, que j’ai l’intention de te récompenser.
    « Tu seras donc maintenu dans
ta charge de satrape de Babylonie, et tu auras le soutien de la garnison
macédonienne que j’y placerai afin que ton autorité soit respectée. »
    C’était une façon habile de
reconfirmer dans ses fonctions un bon administrateur indigène sous la
surveillance d’une autorité militaire macédonienne, et de se montrer magnanime.
Eumène approuva cette décision par un hochement de tête.
    Mazéos se prosterna une nouvelle
fois. « Cela signifie-t-il que je suis libre de retourner à
Babylone ?
    — Et à ton palais de satrape.
Quand tu le voudras, et avec ton escorte. »
    Mazéos se leva et, les yeux rivés au
sol, déclara : « À partir de ce jour, rien ne pourra faire obstacle à
la fidélité que je te jure, devant les dieux et sur mon honneur.
    — Je te remercie, Mazéos, et
maintenant, allons nous reposer : la journée a été très dure et demain,
nous devrons célébrer les funérailles de nos compagnons tombés sur le champ de
bataille. »
    Les officiers quittèrent leurs
sièges et regagnèrent à cheval le campement. Alexandre, en revanche, prit
Bucéphale par les rênes et s’éloigna à pied. Eumolpos de Soles lui emboîta le
pas. « Puis-je faire un bout de chemin avec toi, ou cela te
dérange-t-il ?
    — Pas le moins du monde. Après
une journée aussi éprouvante, rien ne vaut une bonne marche dans le calme du
soir.
    — J’ai appris ce qui était
arrivé à Barsine et à son fils : j’en suis profondément désolé. Je t’avais
averti qu’il se trouvait au campement de Darius car je le croyais capable d’un
coup de tête.
    — La jeunesse est ainsi faite,
répondit Alexandre, et à la lueur de la lune, son visage pâle encadré par ses
longs cheveux révélait plus que jamais les traits d’un enfant. Il a fait ce
qu’il croyait juste : il est mort comme un héros, en pleine jeunesse, nous
ne devons pas pleurer sur son sort. Aucun être humain ne peut se glorifier
d’être vivant car il ignore ce que l’avenir lui réserve. Ce qui l’attend est parfois
bien pire que la mort : des maladies qui défigurent, des mutilations
honteuses, l’esclavage, les tortures… »
    Eumolpos marchait en réglant son pas
sur celui de Bucéphale, qui suivait son maître. Alexandre caressa la crinière
de l’animal : « Je n’ai même pas eu le temps de le faire laver et
étriller, pauvre Bucéphale.
    — C’est peut-être parce que tu
n’as pas envie de te séparer d’un ami qui t’a aidé aujourd’hui à conquérir le
monde.
    — C’est vrai », acquiesça
Alexandre, et il en resta là.
    On entendit alors de lointains
gémissements, accompagnés par le son plaintif des flûtes, et l’on vit briller
des flambeaux qui se dirigeaient vers la plaine en une sorte de procession. Le
roi comprit. Il s’engagea dans un raccourci et traversa l’étendue déserte pour
rejoindre la queue du cortège, qui avançait vers une petite hauteur surmontée
d’un tumulus de pierres en décrivant un large cercle. Eumolpos s’arrêta en
murmurant : « Va, mon

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