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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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palme, en
revanche alourdissait l’estomac des soldats et leur procurait des maux de tête,
mais les hommes n’avaient pas le choix : à cause du climat, il était
impossible de conserver le vin normal, même le meilleur et l’eau était souvent
mauvaise et non potable. Les dattes et les grenades poussaient en abondance sur
ces terres, elles étaient quant à elles, d’une saveur exceptionnelle.
    Les paysans inondaient les vastes
champs, en ouvrant les écluses des canaux, et cette pratique parut étrange à
Alexandre. Callisthène prit des renseignements à ce sujet. On lui apprit qu’on
lavait ainsi la terre du sel qui se formait à la surface du fait de l’énorme
chaleur, afin que les champs conservent leur fertilité.
    « Ils imitent artificiellement
ce qui se produit naturellement en Égypte avec les crues du Nil, observa
Ptolémée. Ce phénomène doit être lié aux climats très chauds. Mais il est
surprenant qu’on ne trouve de crocodiles ni dans le Tigre ni dans
l’Euphrate : ces animaux ne peuvent vivre probablement que dans les eaux
du Nil. »
    Néarque marqua son désaccord :
« Pas du tout. Un Marseillais qui a navigué au-delà des Colonnes d’Héraclès,
le long de la côte africaine jusqu’à l’embouchure du fleuve que les indigènes
nomment Chrétès, prétend que ce cours d’eau était infesté de crocodiles.
    — Au-delà des Colonnes
d’Héraclès…, soupira Alexandre. Une vie d’homme ne suffit pas à voir le monde ! »
    Il songeait à Alexandre d’Épire et à
sa mort restée impunie sur les terres d’Hespérie.
    À la fin de ce voyage, la marche se
transforma en une parade, car les habitants se massaient le long des routes
pour voir et acclamer leur roi. Mais le spectacle qui attendait les soldats
surpassait tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Ils virent bientôt se profiler
à l’horizon, scintillant dans le soleil, les murs, les tours, les pyramides et
les jardins de la ville la plus célébrée du monde : Babylone !

17
    La ville se dressa devant le jeune conquérant comme une apparition
féerique. Des milliers de jeunes gens, amassés sur une distance de dix stades
le long de la route qui y menait, jetaient des fleurs devant son cheval. La
majestueuse porte d’Ishtar, de cent mètres de haut, recouverte de carreaux
émaillés où se détachaient des figures de dragons et de lions ailés, lui
paraissait de plus en plus imposante au fur et à mesure qu’il avançait avec ses
compagnons à la tête de son armée rangée, de ses soldats et de ses officiers,
revêtus de leurs plus belles armures.
    Sur les chemins de ronde rejoignant
les tours encadrant la porte, et sur les gigantesques murailles-remparts, si
larges que deux quadriges pouvaient y pénétrer de front, se pressait une
population impatiente de voir le nouveau roi qui avait battu les Perses à trois
reprises en moins de deux ans et contraint des dizaines de villes fortifiées à
se rendre.
    Les prêtres et les dignitaires
l’accueillirent et l’accompagnèrent au temple de Marduk, au sommet de l’Esagila,
pour qu’il sacrifie au dieu. Ce temple grandiose à larges degrés trônait au
centre de la grande aire sacrée. En présence d’une foule immense, rassemblée
dans la vaste cour, Alexandre, ses compagnons et ses généraux gravirent les
marches qui conduisaient au sanctuaire, situé au sommet, où reposait le lit
doré du dieu, sa demeure éternelle.
    Du haut de cette construction, le
roi contempla le spectacle impressionnant de la majestueuse métropole. Babylone
s’étendait à ses pieds avec toutes ses merveilles, parmi lesquelles son immense
enceinte et les triples remparts qui protégeaient le palais royal et le
« palais d’été », au nord de la ville. La fumée de l’encens
s’échappait du millier de sanctuaires qui parsemaient le vaste espace
urbain : des rues larges et droites qui s’entrecoupaient à angle droit, et
les artères principales aux pavés de terre cuite sertis dans de l’asphalte. À
chacune de leurs extrémités se dressait l’une des vingt-cinq portes qui
s’ouvraient dans la muraille, avec ses battants colossaux recouverts de bronze,
d’or et d’argent.
    La ville était partagée en deux par
l’Euphrate, qui brillait comme un ruban d’or d’un bout à l’autre des remparts,
flanqué de jardins et d’arbres exotiques de toutes sortes, où virevoltaient des
oiseaux multicolores.
    De l’autre côté du fleuve, les
palais royaux, reliés à la

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