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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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partie occidentale de la ville par des ponts massifs
en maçonnerie étaient revêtus de carreaux en céramique vernissée, dont les
émaux polychromes, scintillant sous le soleil, représentaient des créatures
merveilleuses, des paysages féeriques, des scènes issues de l’ancienne
mythologie de la Terre des Deux Fleuves.
    Non loin du palais royal s’élevaient
les jardins suspendus qui étaient considérés comme l’une des merveilles les
plus impressionnantes du monde connu.
    Ici, la notion typiquement perse du
pairidaeza s’était incarnée dans un lieu totalement plat, dont le climat
interdisait toute création de parcs plantés d’arbres. Tout y était artificiel,
tout y était créé par l’ingénieuse main de l’homme. On racontait, comme le
rapportèrent les prêtres, qu’une jeune reine élamite que le roi Nabuchodonosor
avait épousée brûlait de nostalgie pour les montagnes boisées où elle était
née. Le roi avait donc ordonné à ses architectes de concevoir une montagne artificielle
recouverte d’un bois ombragé et des plus belles fleurs du monde. Et ceux-ci
avaient alors construit une série de plates-formes qui se superposaient les
unes aux autres, et dont la dimension se réduisait au fur et à mesure qu’on
grimpait. Elles étaient soutenues par des centaines de pilastres en maçonnerie,
soigneusement revêtus d’asphalte et reliés par des archivoltes. On avait
également recouvert d’asphalte les énormes plates-formes où l’on avait entassé
une quantité de terre suffisante pour y faire pousser des arbustes et des
arbres de haut fût, qui devinrent bientôt le refuge de nombreux oiseaux diurnes
et nocturnes. Des oiseaux exotiques tels que les paons et les faisans du
Caucase et de la lointaine Inde y furent introduits. On y installa aussi des
fontaines que d’ingénieuses machines alimentaient avec l’eau de l’Euphrate, qui
gargouillait au pied de cette merveille.
    L’ouvrage présentait l’aspect d’une
colline boisée, mais on entrevoyait ici et là la marque de l’homme : des
terrasses et des parapets dissimulés par des plantes rampantes et retombantes,
regorgeant de fleurs et de fruits.
    Alexandre fut ému en songeant qu’un
roi avait voulu créer un tel miracle pour adoucir la mélancolie de sa reine,
née dans les hautes terres de l’Élam, et il pensa à Barsine qui reposait à
jamais dans le grossier sanctuaire de pierres du désert de Gaugamèle.
    « Dieux du ciel !
murmura-t-il en balayant les jardins du regard. Quelle merveille ! »
Ses amis, Ptolémée et Perdiccas, Léonnatos et Philotas, Lysimaque et Eumène,
Séleucos et Cratère, contemplaient eux aussi avec stupéfaction la ville que
l’on considérait depuis des millénaires comme le cœur du monde et la
« porte de dieu » - signification de son nom, Bab El, dans la langue
indigène. Entre les divers quartiers, entre les maisons et les palais,
s’ouvraient de larges espaces verdoyants, des potagers et des jardins contenant
toutes sortes de fruits. Et l’on voyait se déplacer sur le fleuve des dizaines
de bateaux agiles. Certains, en osier, étaient poussés par une grande voile
carrée. Ils venaient des régions où se trouvaient les plus anciennes villes du
mythe mésopotamien : Ur, Kish, Lagash. D’autres, aussi ronds que des
paniers, revêtus de peaux tannées, arrivaient du nord avec des cargaisons de
fruits, ramassés au loin, notamment en Arménie, une terre riche en gibier, en
peaux, en bois et en pierres précieuses.
    Le ciel, l’eau et la terre
contribuaient à créer un univers d’une perfection harmonieuse à l’intérieur de
la grande enceinte de l’imposante couronne de tours. Et pourtant, Alexandre
cherchait du regard une merveille dont son maître Léonidas lui avait tant
parlé : la « tour de Babel », une montagne de pierre et
d’asphalte qui mesurait trois cents pieds de haut et autant de large à la base,
et que tous les peuples de la terre avaient contribué à bâtir.
    Le prêtre lui montra une large zone
envahie par les mauvaises herbes, dans un état d’abandon total. « Voici le
lieu où se dressait la sainte Étéménanki, la tour sacrée qui touchait le ciel
et que les Perses détruisirent quand la ville se rebella, du temps du roi
Xerxès.
    « L’homme qui incendia nos
temples quand il envahit la Grèce, dit Alexandre. Mais je la reconstruirai, le
jour où je reviendrai à Babylone. »
    Ce soir-là, le roi donna une
magnifique fête à

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