Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
paysage immaculé.
    Un silence aussi lourd que le ciel
de plomb qui planait sur l’armée rangée s’ensuivit. Tout le monde tendait
l’oreille dans l’attente frénétique d’une réponse. Soudain, la sonnerie d’une
autre trompe résonna à son tour, amplifiée par l’écho. Elle précéda les cris
sauvages des guerriers qui se jetaient à l’attaque.
    « Cratère a lancé les
Agrianes ! hurla Alexandre. En avant, soldats ! Montrez-leur que nous
ne sommes pas morts de froid ! »
    Il bondit sur son cheval et
rejoignit, au centre de son escadron, le rocher qui surplombait la garnison
perse, tandis que l’infanterie le suivait en courant pour ne pas se faire
distancer. Puis, dès que les positions perses apparurent, il lança l’attaque en
éperonnant son cheval et en poussant son cri de guerre.
    Alors toutes les trompes sonnèrent à
l’unisson, tous les fantassins s’élancèrent en brandissant leurs armes tandis
que les cavaliers s’élançaient vers l’ennemi, contraint, désormais, de se
diviser sur deux fronts. La cavalerie d’Alexandre franchit d’un bond le
terre-plein qui protégeait la garnison, et l’infanterie la suivit, engageant
avec les défenseurs perses de terribles corps à corps.
    Comprenant la situation, les Perses
sonnèrent l’alarme, mais ils durent dégarnir une partie des remparts, que les
Agrianes escaladèrent en plantant leurs poignards dans les fissures de la
muraille et en s’aplatissant chaque fois que les ennemis jetaient des pierres
ou décochaient des flèches. Ils atteignirent bien vite le haut des murs, et
tandis que certains d’entre eux occupaient les défenseurs, les autres lançaient
des cordes à leurs camarades afin de les aider à monter. Bien qu’en nombre
inférieur, les Macédoniens parvinrent à l’emporter sur leurs adversaires, pour
la plupart surpris dans leur sommeil et encore désarmés.
    Ariobarzanès bondit hors de son
logement, l’épée au poing, mais il fut aussitôt encerclé par un groupe de
cavaliers qui le menacèrent de la pointe de leurs lances. Contraint d’ordonner
la reddition, il assista impuissant au défilé de l’armée ennemie le long du
passage censé défendre Persépolis. La ville était désormais à la merci de
l’ennemi.
     

21
    Alexandre attendit que le reste de son armée l’ait rejoint, puis il
donna l’ordre d’amorcer la descente vers le haut plateau de la Perside. Mais
avant de se mettre en route, il fit appeler le berger lycien qui l’avait aidé à
prendre le passage fortifié.
    « Ton intervention a été
fondamentale, lui dit-il. Tu as aidé Alexandre à conquérir un empire, et
peut-être à changer le cours des événements. Personne ne peut dire si c’est un
bien ou un mal, mais je te suis en tous les cas profondément
reconnaissant. » Il s’apprêtait à ajouter : « Demande-moi ce que
tu veux, et je te le donnerai », mais il se souvint d’un jour lointain où
il avait prononcé cette phrase malheureuse devant Diogène, le vieux philosophe,
allongé dans le plus simple appareil à la lumière du soleil couchant. Et il se
contenta de conclure : « Merci, mon ami. »
    Le pasteur lança un regard ému à
Alexandre tandis qu’il remontait sur son cheval et se dirigeait vers le haut
plateau, mais il sursauta bientôt en entendant une autre voix dans son dos,
celle d’Eumène : « Le roi m’a dit que tu pouvais me demander ce que
tu voulais, ainsi qu’il te l’avait promis. Tu n’as qu’à parler, et tes souhaits
seront satisfaits. »
    Rhédas répondit : « Si
j’étais plus jeune, j’aimerais l’accompagner pour connaître la suite de son
aventure. Mais je dois penser à ma vieillesse : j’aimerais racheter le
champ de mon père et la maison où je suis né, sur un golfe, non loin de la mer.
Cela fait si longtemps que je n’ai pas vu la mer…
    — Tu la reverras, berger, tu
auras ta maison et ton champ. Tu pourras aussi fonder une famille, si tu le
souhaites. Et si tu as des enfants et des petits-enfants, tu leur raconteras
qu’une nuit tu as conduit Alexandre vers son destin. S’ils ne te croient pas,
tu leur montreras ceci.
    — Qu’est-ce que
c’est ? »
    Eumène déposa un petit pendentif dans
sa main. « C’est l’étoile d’or des Argéades. Seuls les amis intimes du roi
la possèdent. »
    Il lui remit aussi un étui en cuir.
« Voici une lettre du roi pour le gouverneur de la Lycie, dans laquelle il
lui ordonne de te donner tout ce que tu

Weitere Kostenlose Bücher