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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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légende. Même si on lui fabriquait des
ailes, l’homme ne pourrait jamais voler. Crois-moi, c’est une entreprise
impossible.
    — Impossible est un mot qui
n’appartient pas à mon vocabulaire, répliqua le roi. Et jadis, il n’appartenait
pas non plus au tien, mon ami. Je crains que tu ne vieillisses. » Diadès
garda le silence et s’éloigna d’un air confus. Il avait beau chercher une idée
pour prendre d’assaut la forteresse, il n’en trouvait pas.
    Alexandre en revanche y parvint. Il
appela le héraut qu’il avait envoyé à Oxyartès et lui ordonna de proposer vingt
talents à quiconque accepterait d’escalader, de nuit, le pic qui dominait la
forteresse : une ascension de deux mille pieds au moins.
    « Vingt talents !
s’exclama Eumène. Mais c’est beaucoup trop !
    — Il s’agit d’une entreprise
quasi impossible, répliqua Alexandre, et la rétribution doit donc être
proportionnée au risque. Cette somme pourrait enrichir une famille pendant cinq
générations. Et je suis persuadé que l’argent a le pouvoir de donner des ailes
aux hommes. »
    En moins d’une heure, trois cents
volontaires se présentèrent : des Agrianes, pour une moitié, et des
Macédoniens provenant des régions les plus montagneuses.
    L’un d’entre eux, leur chef
vraisemblablement, dit alors : « Nous avons eu une idée. Les couteaux
des Agrianes ne nous sont pas utiles. Nous utiliserons les pieux des tentes,
qui sont en fer trempé : nous les planterons dans la glace au marteau,
nous y attacherons des cordes et gravirons la pente l’un après l’autre. Nous
pouvons y arriver.
    — Je le crois, moi aussi,
répondit le roi. Dites à Eumène de vous remettre un drapeau, que vous agiterez
une fois parvenus au sommet. Nous ferons alors sonner les trompettes et vous
n’aurez plus qu’à vous pencher de manière à ce qu’on vous voie de la
forteresse. »
    Cette incroyable entreprise débuta à
la tombée du soir. Les hommes commencèrent leur ascension à pied, des sacs
remplis de cordes et de piquets à l’épaule, puis ils fixèrent ces derniers dans
la glace et continuèrent leur chemin l’un après l’autre.
    Cette nuit-là, ni le roi ni ses
compagnons ne se couchèrent : le nez en l’air, ils suivirent des yeux les
grimpeurs en retenant leur souffle. Les hommes avançaient lentement, au prix
d’énormes efforts. Vers minuit, un vent glacé se mit à souffler, mais il ne
découragea pas les guerriers, pourtant transis de froid. La ligne noire qu’ils
formaient se distinguait à grand-peine sur la neige.
    Trente hommes chutèrent et
s’écrasèrent sur les roches, mais les deux cent soixante-dix autres
atteignirent la cime du pic aux premières lueurs de l’aube.
    « Le drapeau ! s’écria Perdiccas
en indiquant une petite tache rouge qui ondoyait sur le sommet. Ils ont
réussi !
    — Oh, dieux du ciel !
s’exclama Eumène. Je n’aurais pas cru cette histoire si on me l’avait racontée.
Vite, faites sonner les trompettes ! »
    Le silence de la vallée fut brisé
par la sonnerie insistante des trompettes, multipliée par l’écho, et les
guerriers se penchèrent en criant pour être vus des occupants de la forteresse.
Sur les remparts, les sentinelles ne comprenaient pas d’où provenaient ces
voix. Puis, levant les yeux, ils aperçurent les hommes d’Alexandre au sommet du
pic. Ils coururent aussitôt réveiller leur seigneur, qui se précipita d’un air
incrédule sur le chemin de ronde. Un peu plus tard, le héraut d’Alexandre se
présenta en hurlant : « Comme tu peux le voir, nous possédons des
soldats ailés, et en grand nombre. Quelle est ta décision ? ».
    Le regard d’Oxyartès parcourut le
pic et la forteresse de haut en bas. Il finit par répondre : « Je me
rends. Tu peux dire à ton roi que je suis prêt à le recevoir. »
    Le lendemain, à la tombée du soir,
Alexandre monta à la forteresse avec ses compagnons et les hétairoï de la
Pointe. Oxyartès l’attendait sur le seuil de son château. Les deux hommes
échangèrent des civilités, puis Alexandre et ses amis furent accompagnés dans
la salle du banquet, préparée selon les usages sogdiens : une double
rangée de coussins mœlleux reposait sur le sol autour des tables. Tandis que le
souverain s’installait, son regard fut attiré par la jeune créature qui était
assise à la droite du maître des lieux : sa fille Roxane !
    L’adolescente était réputée pour sa
grande beauté et

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