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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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ses formes divines, en raison desquelles son peuple lui avait
attribué un surnom poétique : « Petite Étoile ».
    Ses dents ressemblaient à des
perles ; son visage, un doux ovale, était délicat mais absolument
parfait ; ses cils étaient longs et brillants ; sa peau, lisse comme
le marbre, avait un reflet d’ambre. Ses cheveux, si noirs qu’ils paraissaient
bleutés, encadraient un front très pur, et assombrissaient la lumière intense
et douce de ses grands yeux violets quand elle bougeait la tête.
    Tandis qu’ils se regardaient, ils
furent pris dans un tourbillon, dans un halo magique, aussi frissonnant et rare
qu’un rêve matinal. Autour d’eux, les voix semblaient s’éteindre et la salle se
vider ; seule la mélodie d’une harpe indienne errait encore dans cet
espace dilaté, pénétrant leurs âmes et leurs corps, ainsi que leurs voix, unis
dans la musique d’un sentiment ineffable, d’un transport sublime.
    Alors Alexandre comprit qu’il n’avait
jamais aimé jusqu’à ce moment-là, qu’il avait vécu des histoires remplies d’une
passion intense, d’un désir brûlant, d’affection, d’admiration, mais pas
d’amour. Ainsi, c’était donc ça, l’amour ? C’était cette impatience, cette
soif intarissable de l’autre, et en même temps cette paix profonde de l’esprit,
cette inquiétude incontrôlable, ce bonheur et cette peur ? En un instant,
il oublia les spectres sanglants du passé, ses angoisses et ses terreurs, son
besoin d’infini s’apaisa et mourut dans la lumière de ces yeux violets, dans ce
sourire divin.
    Quand il se reprit, il se rendit
compte que tout le monde les regardait, que tout le monde avait saisi. Alors,
il se dressa devant le noble Oxyartès et, les yeux brillants d’émotion, lui dit
d’une voix ferme :
    « Il y a quelques heures
encore, nous étions ennemis, mais je t’offre à présent une longue et solide
amitié. En gage de cette amitié, et en vertu de l’amour sincère et profond que
je ressens au moment où je te parle, je te demande la main de ta fille. »
Et il ajouta dès que l’interprète eut fini de traduire : « Si elle le
veut. »
    Roxane se leva et répondit dans sa
langue étrange et sonore. Mais elle prononça son nom ainsi qu’elle l’avait
entendu dans la bouche des amis du roi. Elle dit :
    « Je le veux, Alexandre, pour
l’éternité. »
    Les noces furent célébrées trois
jours plus tard en grande pompe. Alexandre coupa le pain selon le rite
macédonien : au moyen de son épée. Les deux époux le mangèrent en se
regardant dans les yeux, certains de s’aimer jusqu’à la fin de leurs jours. Et
même après. Roxane portait un vêtement bleu sur une tunique rouge, resserrée à
la taille par une ceinture composée de disques d’or ; elle avait le visage
voilé et le front ceint d’un diadème en or et lapis-lazuli.
    Au cours du repas qui suivit la
cérémonie, le roi s’abstint de boire. Il ne lâcha pas la main de son épouse, à
l’oreille de qui il murmurait des mots qu’elle ne pouvait comprendre : les
vers de grands poètes, des images de rêve, des invocations, des mots d’amour.
L’âme tourmentée d’Alexandre cherchait un soulagement dans le regard de cette
jeune vierge, dans l’amour que ses mains exprimaient tandis qu’elle le
caressait, dans ses yeux qui se posaient sur lui avec un désir à la fois ingénu
et effronté, ardent et suave. Son souffle soulevait ses seins épanouis et
répandait une légère rougeur sur ses joues.
    Quand ils furent enfin seuls, que
Roxane se déshabilla, les yeux baissés, dévoilant lentement son corps divin,
remplissant cette grossière chambre nuptiale du parfum de sa peau et de ses
cheveux, Alexandre fut envahi par une émotion intense, comme s’il plongeait
dans un bain tiède après avoir longtemps marché dans une tempête de neige,
comme s’il buvait l’eau limpide d’une source après avoir longtemps erré dans le
désert, comme s’il se sentait à nouveau homme après avoir exploré la
dépravation, la férocité et la brutalité.
    Les yeux brillants, il la serra
contre lui, chercha ses lèvres inexpertes, couvrit de baisers sa poitrine, son
ventre et les parties plus secrètes de son corps. Il l’aima avec un abandon
total, ainsi qu’il n’avait jamais aimé au cours de son existence, et quand
leurs corps se crispèrent une dernière fois, il devina qu’il versait en elle la
vie, le secret de l’énergie sauvage qui avait

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