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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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peu à peu. »
    Hermolaos haussa les épaules :
« Je fais ce que je veux, et si tu n’as pas l’intention de m’aider, ça
m’est égal. J’ai d’autres amis. Ce sera aussi facile que de cracher sur le
sol. » Il cracha avant de s’éloigner.
    Les jeunes conjurés attendirent
qu’Alexandre et les siens fussent engagés dans une opération contre un groupe
de rebelles pour passer à l’action : sa mort pourrait ainsi être attribuée
à un ennemi ayant pénétré dans le campement.
    Quand le roi quitta le palais de
Bactres, Roxane se blottit dans ses bras. « Je t’en prie, ne pars
pas ! lui dit-elle.
    — Ton grec ne cesse de
s’améliorer, répliqua Alexandre. Quand tu le connaîtras parfaitement, je
t’apprendrai aussi le dialecte macédonien.
    — Ne pars pas ! »,
répéta Roxane d’une voix angoissée.
    Alexandre l’embrassa :
« Et pour quelle raison devrais-je rester ? »
    La jeune femme plongea ses yeux
remplis de larmes dans les siens : « Deux jours. Je vois…
obscurité. »
    Le roi secoua la tête, comme pour
chasser une pensée désagréable, puis les ordonnances agrafèrent son armure et
l’accompagnèrent dans la cour, où se tenaient déjà ses cavaliers, prêts pour le
départ.
    Deux jours s’écoulèrent. Troublé par
ce qui ressemblait à un mauvais présage, le roi en parla à Aristandre.
« Qu’en penses-tu ? lui demanda-t-il.
    — Les femmes de ce pays
pratiquent la divination et la magie, elles ont la capacité de sentir une
menace dans l’air. De plus, Roxane t’aime.
    — Que devrais-je faire ?
    — Reste éveillé, cette nuit.
Lis, bois, mais pas au point de perdre la lucidité. Il faut que tu demeures sur
tes gardes.
    — Je suivrai tes
conseils », répondit Alexandre. Et il attendit que le soir tombe.
     

50
    Voyant qu’il y avait de la lumière sous la tente d’Alexandre Ptolémée y
pénétra, salué par les deux pages qui étaient de garde ce soir-là.
    « Comment se fait-il que tu
veilles encore à une heure pareille ? demanda-t-il au roi. La seconde
ronde a déjà commencé.
    — Je n’ai pas sommeil. Je
lisais. »
    Ptolémée lorgna son ouvrage :
« L’Inde de Ctésias. Il te tarde d’y mettre le pied, n’est-ce pas ?
    — Oui, et quand nous aurons
pris l’Inde, nous pourrons estimer que l’Asie entière nous appartient. Nous
rebrousserons chemin et nous commencerons à changer le monde, Ptolémée.
    — Tu crois vraiment qu’on peut
changer le monde ? Que ce projet peut être réalisé ? »
    Alexandre détourna les yeux du
rouleau qui était étalé devant lui. « Oui, je le crois. As-tu oublié une
certaine nuit dans le sanctuaire de Dionysos, à Miéza ?
    — Je m’en souviens. Nous étions
des enfants, pleins d’enthousiasme, d’espoirs, de rêves…
    — Ces enfants ont conquis le
plus grand empire de la terre, les deux tiers du monde, ils ont fondé des
dizaines de villes dans le cœur de l’Asie, y ont imposé une culture et des
règlements grecs. Penses-tu que tout cela est arrivé par hasard ? Tout
cela a un sens, tout cela répond à un but, ne le crois-tu pas ?
    — J’aimerais le croire. Quoi
qu’il en soit, tu peux toujours compter sur mon amitié et ma fidélité. Je ne
t’abandonnerai jamais, tu peux en être certain. Pour le reste, je suis moi-même
perplexe par moments… »
    C’est alors qu’Hermolaos fit
irruption sous la tente. Péritas grogna, et Ptolémée se tourna vers lui :
« C’est toi qui es de garde, cette nuit ?
    — Oui, hêgemôn, répondit le
garçon.
    — Alors, pourquoi étais-tu
dehors ?
    — Le roi était éveillé, et je
ne voulais pas le déranger.
    — Tu ne me déranges pas, dit
Alexandre. Tu peux rester, si tu le veux. »
    Tandis que le garçon s’asseyait dans
un coin, Ptolémée l’examina, en proie à une étrange sensation : il sentait
une tension impalpable flotter dans l’air.
    « C’est le garçon que j’ai
puni, l’autre jour, après la chasse, dit Alexandre.
    — Es-tu fâché ? demanda
Ptolémée en voyant le visage du page s’assombrir. Oh, il ne faut pas que tu te
vexes. Si tu savais combien de corrections j’ai reçues à ton âge ! Le roi
Philippe en personne m’a botté le cul, et il m’a fait fouetter un jour que
j’avais estropié par mégarde un de ses chevaux. Mais je ne lui en voulais pas
car c’était un grand homme, et il le faisait pour mon bien.
    — Les temps ont changé,
commenta Alexandre. Ces garçons

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