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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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voulait notamment percer le secret de l’organisation de cet extravagant « Céleste Royaume » dont le chef suprême aux mœurs bizarres et au comportement fantasque s’était coulé aussi facilement dans le rôle de « Souverain Céleste ». Toutes sortes de bruits couraient sur la façon dont Hong Xiuquan exerçait son pouvoir, sur ses mœurs dissolues – son gynécée ne comptait pas moins de quinze femmes  –, contraires aux règles qu’il imposait à ses coreligionnaires {41} , sur l’immense palais de plus de mille pièces qu’il comptait se faire bâtir, bref, sur son mode de vie ahurissant et mégalomaniaque, à mi-chemin entre celui du premier empereur Qin Shihuangdi et celui d’un gourou.
    Mais un esprit aussi curieux et avisé que celui de Bowles savait fort bien qu’au-delà de tout ce folklore, les Taiping puisaient leurs racines dans le tréfonds de l’histoire de la Chine, où les révoltes populaires servaient périodiquement d’exutoire à la paysannerie pauvre. Le nombre des membres de ce que d’aucuns n’hésitaient pas à qualifier de secte dépassait à présent le million et demi de personnes.
     
    Leur incroyable épopée n’était pas sans poser d’innombrables questions.
    Par quel miracle cette poignée d’hommes et de femmes partis de leur base initiale de la montagne des Cardons avaient-ils pu infliger aux troupes impériales de cuisantes défaites dès le mois de janvier 1851 à DaHuangjiang, avant d’entamer leur longue marche vers l’est et de s’emparer de Yongan   ? Comment avaient-ils surmonté les écueils qui s’étaient abattus sur leurs armées aux pieds nus, tout au long de l’année 1852, face à des forces impériales dix fois plus nombreuses, ce qui n’avait pas empêché ces soldats qualifiés par les Mandchous de « pauvres fous » de jeter leur dévolu sur l’imprenable Changsha, orgueilleuse capitale du Hunan   ? Par quel miracle cette armée exsangue et défaite avait-elle pu renaître de ses cendres et reconstituer ses forces au point de fondre sur le lac de Dongding et de s’y emparer, presque sans coup férir, de milliers de bateaux qui leur avaient permis de descendre le fleuve Bleu pour prendre Wuchang, la capitale du Hebei, puis fondre sur Nankin, promptement rebaptisée par Hong du nom de « Céleste Capitale » après qu’elle eut été submergée par une armée de plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants qui y avaient exterminé non seulement les huit mille soldats de la garnison mandchoue, mais également, au bas mot, vingt mille de ses habitants qui refusaient de faire allégeance au Souverain Céleste   ?
    Et puis, qui était réellement ce Hong Xiuquan, l’homme par lequel cette épopée insensée avait été possible   ? Où puisait-il son charisme, qui était réel, ainsi qu’en attestaient tous ses visiteurs   ? Quels étaient ses rapports avec les cinq principaux membres de son « directoire » qui étaient ses principaux acolytes   ? Ceux-ci étaient-ils unis ou bien rivaux   ? Quelles étaient les motivations de Yang Xiuqing, le Prince de l’Orient, cet homme des basses besognes dont on disait qu’il disposait de sa propre police secrète et qui ne cessait d’exiger de Hong des marques d’attention qu’aucun de ses pairs n’avait jamais osé demander   ?
    Pour répondre à ces interrogations, et à bien d’autres, John se devait d’aller enquêter sur place.
    C’est pourquoi, lorsqu’il avait appris que sir George Bonham se rendait en mission officielle à Nankin afin d’y prendre contact avec le Céleste Souverain Tianwan, il avait fait des pieds et des mains pour être du voyage et le rusé Bonham, qui voyait là une façon efficace d’établir de bons rapports avec le Weekly , avait accepté de bonne grâce de prendre ce passager sous son aile.
    —  Si ça vous chante, je pourrais vous recommander auprès du Foreign Office. Ils cherchent à envoyer en Chine des profils d’aventuriers ! s’écria Bonham, dont la proposition n’était pas feinte.
    L’idée qu’il avait fait mouche sans le vouloir fit sourire John.
    —  J’ai assez à faire avec mon fichu métier, sir George.
    Quelques minutes plus tard, l’ Hermès accostait, toutes sirènes mugissantes et au son de trois coups de canon tirés par l’équipage vers le ciel car il fallait montrer aux Taiping de quel bois pouvait éventuellement se chauffer la couronne britannique…
    Bonham, d’un geste

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