Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
Vom Netzwerk:
Victoria, est venu faire part au Tianwan de la neutralité des troupes anglaises dans la guerre qui vous oppose au régime mandchou…
    —  M. Bonham croit-il en Dieu tout-puissant   ? s’écria Yang, comme s’il n’avait pas entendu les propos de Bowles.
    Les deux autres Taiping scrutaient les lèvres du dessinateur, comme s’ils en attendaient l’oracle.
    —  Bien sûr qu’il croit en Dieu ! se crut obliger de souffler John qui n’avait pas la moindre idée des convictions religieuses du gouverneur.
    Non sans un certain effarement, il constatait que les acolytes de Hong, arc-boutés sur l’unique préoccupation consistant à s’assurer que leurs visiteurs étaient bien des chrétiens convaincus, n’attachaient aucune importance au message politique de sir George !
    —  Sir George souhaiterait porter lui-même son message de paix au Tianwan… ajouta, à toutes fins utiles, le dessinateur de presse.
    —  C’est possible, mais pas aujourd’hui. Le Tianwan ne reçoit aucun étranger au pied levé. Sa porte est toujours fermée. Il est en prières du matin au soir et du soir au matin… lui rétorqua le Prince de l’Orient sur un ton péremptoire.
    —  Et demain   ?
    —  À voir…
    —  Il faut que nous revenions au navire pour en faire part à sir George, déclara le journaliste qui cachait mal sa déception.
    —  Le Tianwan ne recevant que ceux qui font allégeance au Céleste Royaume, si votre gouverneur est prêt à reconnaître la suzeraineté de notre nation sur celle qu’il représente, je me fais fort d’obtenir cette audience auprès de lui, précisa le chef Taiping qui n’avait pas l’air gêné le moins du monde par l’énormité de sa proposition.
    —  Pour demain   ? s’écria naïvement Meadows.
    —  Je n’en sais strictement rien. Que votre gouverneur en fasse officiellement la demande et je la transmettrai aussitôt au Tianwan.
    De retour au navire, lorsque Bowles fit part à sir George de la position exprimée par le Prince de l’Orient Yang, il ne fut pas surpris de la réponse cinglante de l’ambassadeur britannique.
    —  Le pays le plus puissant du monde, le phare de l’humanité, l’Atelier de la Planète ne va tout de même pas faire allégeance à cette armée de va-nu-pieds ! Il est hors de question que je mette un pied en dehors de ce bateau ! rugit Bonham.
    —  Nos hôtes nous attendent pour déjeuner, souffla Bowles qui n’entendait pas arrêter là ses investigations.
    —  J’espère qu’ils ne vous feront pas manger des clous ! maugréa le gouverneur qui continuait à fulminer.
    Meadows et Bowles revinrent à terre où les attendaient le Prince de l’Orient et le Prince du Septentrion.
    —  Le gouverneur est souffrant. Il préfère rester à bord, leur expliqua avec diplomatie le journaliste.
    —  Rien de grave, j’espère   ? En attendant, il est l’heure de manger, si vous voulez bien nous suivre au Palais d’Accueil… Ce n’est pas loin d’ici, répondit Yang.
    En marchant dans Nankin, Bowles découvrait avec effarement les stigmates de la bataille acharnée à laquelle les Taiping s’étaient livrés pour faire tomber l’ancienne capitale. La plupart des bâtiments avaient été incendiés et les rues de la ville empestaient encore une odeur de brûlé qui prenait à la gorge. Aux principaux carrefours, les envahisseurs avaient entassé les cadavres, presque tous à l’état de squelette, des milliers d’habitants qu’ils avaient sauvagement exterminés. Autour de ces macabres empilements, le pauvre Meadows, moins aguerri que le dessinateur de presse, vit soudain fureter des rats de la taille d’un chat et ne put se retenir d’aller rendre ses tripes derrière un pan de mur. Quant aux rares passants autochtones, recon- naissables à leur tresse, ils baissaient systématiquement le regard.
    L’interprète officiel de Bonham, qui était loin d’imaginer les exactions auxquelles les Taiping s’étaient livrés au moment de la prise de la ville, demanda à Yang Xiuqing :
    —  Pourquoi tous ces gens ont-ils l’air terrorisés   ?
    —  Ils n’ont que ce qu’ils méritent. Si la population de Nankin s’était jointe à nos troupes, son sort eût été différent ! répondit durement le Prince de l’Orient.
    —  Si je comprends bien, elle a été mise au pas… fit Bowles, désireux d’en savoir plus.
    —  Seuls les repentis eurent la vie sauve. Pour tous les autres, ce fut la mort. Une à une,

Weitere Kostenlose Bücher