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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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relief les contradictions de ses dirigeants, saluer l’immense courage de son peuple, pointer le doigt sur les mœurs tantôt bizarres et tantôt subtiles de ses habitants, rendre compte de toute cette violence accumulée au sein de la classe paysanne et qui risquait à tout moment d’exploser comme un baril de poudre, par là même, aussi, défendre la cause de ce pays immense et attachant où les gens étaient si joviaux, malgré les catastrophes et les souffrances que leur infligeaient la nature, le banditisme et la guerre civile, était une activité pour le moins exaltante !
    Le virus de la Chine avait fini par infecter John Bowles qui maîtrisait suffisamment le chinois pour aller où bon lui semblait sans l’aide de quiconque. Il ne lui restait donc plus qu’à trouver sur place un autre journal susceptible de l’embaucher.
    Au moment de son éviction, le hasard lui avait fait rencontrer George Sassoon, un fils d’industriel écossais récemment établi à Shanghai où il avait ouvert un chantier naval. Sassoon, tout comme Bowles, aimait le journalisme, qu’il avait pratiqué dans le lycée de Glasgow où il avait fondé un journal d’étudiants.
    Les deux hommes s’étaient rapidement mis d’accord pour fonder leur propre organe de presse. Le père Sassoon leur avait avancé de quoi louer un trois pièces sur Nanjing Street et recruter deux pigistes. Sassoon s’occupait de la gestion et de la diffusion, tandis que Bowles faisait office de rédacteur en chef. Le 28 septembre 1849, le premier exemplaire du North China Weekly sortait, à mille exemplaires, d’une imprimerie de fortune qui avait accepté de leur faire crédit. Une semaine plus tard, ils avaient tous été vendus. Ce bimensuel n’avait eu aucun mal à s’installer dans le paysage : il était le premier du genre à s’adresser à la colonie britannique en Chine. Le slogan du journal était « Indépendance, liberté de ton et rigueur ». Bowles jouissait d’une liberté totale tant pour le choix des sujets qu’il traitait que de l’angle sous lequel ils étaient exposés, si bien qu’au bout de quelques numéros, le Weekly , ainsi qu’on le surnommait déjà, était considéré comme un véritable journal d’information et d’opinion.
    La ligne éditoriale quelque peu rugueuse de Bowles et de Sassoon n’avait pas tardé à porter ombrage aux intérêts économiques anglais qui, dès l’année suivante, s’étaient empressés de susciter la création d’un journal concurrent, le North China Herald , dont la caractéristique principale était qu’il partait régulièrement en croisade contre toute autorisation de cultiver l’opium en Chine.
    Il faut dire que le nombre de « mandarins éclairés », partisans d’une telle mesure dans laquelle ils voyaient la façon la plus efficace de faire baisser les importations anglaises, ne cessait de croître, si bien que les autorités mandchoues commençaient à leur prêter une oreille attentive. Inversement, tout le lobby anglais de l’opium, à commencer par Jardine & Matheson, qui finançait grassement le North China Herald , craignait comme la peste la mise en œuvre d’une telle mesure qui eût scellé pour les grandes compagnies de commerce la fin de la période des vaches grasses.
    Mais l’opium n’était pas le seul sujet de divergence entre le Weekly et le Herald.
    Contrairement à l’ establishment britannique, qui voyait d’un fort mauvais œil ce mouvement nationaliste susceptible de remettre en cause la sacro-sainte liberté du commerce et de l’industrie concédée par les autorités locales lorsqu’elles avaient accepté de signer le traité de Nankin, l’organe de Bowles et Sassoon s’était bien gardé de toute opinion définitive sur le mouvement Taiping dont la foudroyante propagation commençait à faire trembler sur ses bases le régime mandchou. La récente prise de Nankin par les troupes de Hong était à cet égard un éclatant symbole qui avait poussé Bowles à aller y regarder de plus près. Les chancelleries occidentales oscillaient entre le soutien à ce mouvement aux racines chrétiennes et la méfiance envers son nationalisme ainsi que les excès de langage dont abusaient ses dirigeants, qui n’avaient pas de mots assez durs pour fustiger « le pillage de leur pays par les puissances étrangères ».
    John avait décidé de consacrer une longue enquête aux « cheveux longs » qu’il projetait de publier le mois suivant. Il

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