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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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devraient les soutenir   ? lui demanda Roberts, perplexe.
    —  Vous m’avouerez que c’est déjà là une bonne raison…
    —  Dans ce cas, pourquoi les autorités anglaises ne les soutiennent-elles pas de façon plus hardie   ? s’enquit Charles MacTaylor.
    Le Londonien, qui avait son idée sur la question, répondit illico :
    —  Les Taiping sont contre la consommation d’opium. Et avec ça, leurs chefs sont bien moins faciles à corrompre que le mandarin lambda…
    —  Vous sous-entendez qu’il pourrait donc y avoir alliance objective entre les Mandchous et les Britanniques sur le dos de la Grande Paix…
    —  Vous m’épatez, mon cher Issachar, avec votre sens de la déduction ! Je vous parie que la couronne britannique fera tout pour empêcher que la révolution prônée par mon ami Hong ne dépasse les limites de ce qu’ils n’hésiteront pas à qualifier de « décence »! s’écria Antony Carter, dont les propos péremptoires jetèrent un léger froid au sein des pasteurs présents.
    Bowles, quelque peu étourdi par les propos qu’il venait d’entendre et pas mécontent de quitter l’atmosphère survoltée qui régnait dans le temple, s’apprêtait à prendre congé, lorsque Roberts lui fit signe d’approcher avant de lui dire à voix basse :
    —  Monsieur Bowles, il faut que nous parlions !
    —  Que puis-je pour vous, monsieur Roberts   ? fit John, à contrecœur.
    —  Grâce à vous, je sais enfin où se cache cette Laura Clearstone… fit le pasteur d’un ton assez aigre.
    —  Vous étiez inquiet pour elle   ?
    Le pasteur américain éluda. Le départ précipité de Laura et de son frère lui restait en travers de la gorge.
    —  Monsieur Bowles, j’ai une question très simple à vous poser : cette personne a-t-elle tout son jugement   ?
    —  Vous parlez d’elle ou de son frère   ?
    —  De Laura ! s’écria Issachar en levant les yeux au ciel.
    —  Elle m’est apparue en parfaite santé, tant sur un plan général que mental ! répondit Bowles, agacé par le sous-entendu.
    Roberts tendit à Bowles une pochette de cuir.
    —  Dans ce cas, auriez-vous l’amabilité de lui faire passer ceci   ? Ce petit sac appartenait à Mme Clearstone. Sa fille ayant, si j’ose dire, filé à l’anglaise, je n’ai pas pu le lui remettre. Sa mère l’avait caché sous des couvertures dans l’armoire de sa chambre. C’est là que ma gouvernante l’a retrouvé.
    —  Si vous me le confiez, c’est que vous estimez qu’il contient des choses importantes… hasarda John.
    —  Effectivement, monsieur Bowles. Si tel n’avait pas été le cas, je n’aurais pas insisté pour que vous assistiez personnellement à cette petite conférence de presse ! ajouta le pasteur d’un air entendu.
    —  Devant me rendre sous peu à Nankin, cet objet lui sera remis en mains propres, monsieur Roberts.
    —  Quand vous la verrez, vous lui direz aussi que j’ai juste déduit les frais d’obsèques de sa mère de la somme d’argent qui était à l’intérieur, conclut le pasteur avant de tourner les talons.
    Demeuré seul, Bowles, estomaqué, soupesa le petit sac. Compte tenu de sa taille, il était assez lourd. Puis, avec d’infinies précautions et conscient qu’il touchait là à des choses sûrement très intimes, il l’ouvrit et en étala le contenu sur une chaise.
    A l’intérieur, outre vingt-trois livres sterling en argent, il y avait une enveloppe à en-tête du consulat ainsi qu’un petit carnet noir.
    La lettre de Charles Everett Elliott était datée du 17 juin 1847, soit quatre jours avant la mort de Barbara.
     
    Ma chère,
    Vous trouverez dans la pochette les vingt-cinq livres dont nous sommes convenus. J’ai hâte de vous avoir à nouveau dans mes bras pour un nouveau moment inoubliable… Vivement que Rosy reparte à la pêche aux antiquités…
    Votre Charles Everett.
     
    Les obsèques de Barbara avaient coûté deux livres au révérend Roberts.
    Restait le petit carnet noir, fermé avec un ruban rose et qui sentait la violette. C’était le journal intime de Barbara Clearstone dont le nom en lettres dorées apparaissait, gravé sur la couverture de cuir guilloché.
    Machinalement, le reporter l’ouvrit à la dernière page et se mit à le feuilleter à l’envers, comme s’il avait déjà deviné que l’important se situait à la fin.
    À la date du 16 juin 1847, cinq jours avant sa mort, la mère de Laura avait griffonné quelques

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