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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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Fleur de Sel dans la pièce voisine. Ayant tout entendu de leur conversation, elle était apparue, pâle comme un linceul, le regard exprimant un terrible désarroi, tandis que l’Anglaise s’était précipitée vers son amie pour la réconforter.
    —  Une Anglaise chez les Taiping ! C’est si romantique que je parierais qu’il s’agit là encore d’une rumeur colportée par les gens de la rue ! lâcha Stevenson d’un air dubitatif, bien décidé à enfoncer le clou.
    Roberts, volant au secours de John, entreprit de moucher son impétueux collègue.
    —  Erreur, mon cher Stevenson ! Ayant hébergé cette jeune fille, sa mère… ainsi que son frère, un jeune trisomique muet comme une carpe, ce qui ne l’empêchait pas de faire les quatre cents coups dans le quartier, je peux attester que Laura Clearstone existe réellement.
    —  J’ai rencontré Mlle Clearstone pas plus tard que l’année dernière ! poursuivit John, pas mécontent de constater qu’Issachar Roberts le soutenait.
    —  O.K. Je fais amende honorable ! déclara Stevenson, qui n’aimait pas être pris en défaut.
    —  Décidément, monsieur Roberts ! Mais qui n’est pas passé par votre presbytère   ? plaisanta MacTaylor pour détendre l’atmosphère.
    —  Mon presbytère étant ouvert à tous ceux qui viennent en pousser la porte, je vois en effet passer pas mal de monde, fit Issachar en se rengorgeant, avant d’ajouter : Voyez-vous, mon cher Stevenson, avant de connaître M. Bowles, j’étais comme vous, avec une opinion assez tranchée sur les journalistes dont je pensais que, pour se faire mousser et satisfaire leur ego assez immense, ils avaient tendance à broder des tapisseries imaginaires !
    —  Comme dans toute corporation, il y a des journalistes honnêtes et d’autres qui le sont moins. Pour ce qui me concerne, je me contente de décrire ou de dessiner ce que j’ai vu, conclut sobrement le reporter du Weekly.
    À ces mots, Issachar Jacox fit le geste de se trancher la gorge.
    —  Vous êtes un homme courageux. Vous risquiez gros, monsieur Bowles, en allant au cœur même du pouvoir Taiping…
    —  Pas plus que ça, monsieur Roberts. Hong Xiuquan avait donné des directives pour que je sois bien traité. Il m’avait même donné un sauf-conduit que je n’avais qu’à présenter au moindre problème.
    —  C’était un jour où ce psychopathe était bien luné. Croyez-moi, je l’ai vu perdre le contrôle de lui-même en quelques instants…
    —  Cet homme n’est sûrement pas un modèle d’équilibre mais je peux vous assurer qu’il sait parfaitement où il va. Si ce n’était pas le cas, il n’aurait pas réussi à fédérer autour de lui un aussi grand nombre de gens.
    —  Mes amis de la San Francisco Mission Society ne savent pas trop ce qu’il faut penser de ce mouvement. Devons-nous le combattre   ? Ces gens-là sont-ils, ainsi qu’ils le prétendent, des chrétiens sincères   ? Je serais très intéressé de connaître votre avis à ce sujet, monsieur Bowles…
    —  Bonne question ! couina, de son côté, Stevenson en lissant le col de sa veste de clergyman.
    —  Selon moi, la sincérité de Hong ne saurait être mise en doute.
    Il y a dans sa doctrine de nombreux emprunts au protestantisme. Si les Taiping s’emparent du pouvoir, ils feront du protestantisme la religion officielle de la Chine. C’est bien pour ça que les jésuites sont devenus les ennemis jurés du mouvement Taiping… poursuivit John.
    —  Comme le chiendent, les papistes se sont répandus un peu partout sur le territoire chinois, y compris dans des villages reculés du Sichuan… c’est dire ! ajouta le révérend Antony Carter, un pasteur londonien que ses autorités avaient envoyé au Sichuan quelques années plus tôt pour y combattre l’influence des missions catholiques.
    —  Je partage en tout point l’avis de notre ami Carter ! Sans une action très forte de notre part, nous risquons de nous faire damer le pion par les curés catholiques ! vociféra MacTaylor.
    —  Pour aller dans le sens de M. Bowles, j’estime que les Taiping ont du souci à se faire ! Entre les jésuites et les lazaristes, sans parler des prêtres des Missions étrangères de France {60} , le Céleste Royaume est cerné par des ennemis qui veulent sa perte ! ajouta Carter, la mine sombre.
    —  Vous voulez dire par là que si les prêtres catholiques s’opposent aux Taiping, les pasteurs protestants

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