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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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l’exception de quelques chaises bancales, était un gros lutrin de teck aux pieds chantournés, il n’y avait guère que trois journalistes présents. Outre John Bowles, étaient là le nouveau correspondant de l’ ILN en Chine, que John mettait un point d’honneur à éviter depuis son arrivée, ainsi que Jules-Adolphe d’Aygues Vives, un fringant Nîmois parfaitement bilingue français-chinois qui était l’envoyé spécial du Moniteur universel {59} et avec lequel le journaliste vedette du North China Weekly entretenait des relations plutôt cordiales.
    Une fois la causerie achevée, John ne fut pas étonné de voir le pasteur Issachar Jacox Roberts foncer vers lui.
    —  Bonjour, monsieur Bowles… Vous avez parcouru un sacré chemin depuis ce jour où vous débarquiez chez moi pour prévenir cette pauvre Mme Clearstone du décès de son mari ! s’exclama l’Américain dont la gigantesque main venait de lui broyer les cartilages.
    —  J’essaie de faire mon travail de façon honnête et impartiale… sachant que plus on croit connaître ce pays et plus il vous échappe, fit notre journaliste en souriant.
    —  Je vous présente John Bowles, le célèbre auteur des articles sur la Cour Céleste de Nankin ! lança Roberts à ses collègues.
    —  Que pensez-vous réellement du mouvement Taiping, cher Bowles   ? Il m’a semblé, en lisant entre vos lignes, que vous aviez pour eux une certaine tendresse… Me trompé-je   ? demanda à son tour MacTaylor à l’intéressé.
    —  Le chef suprême des Taiping est un peu mon disciple, déclara Roberts, soudain hilare.
    —  Vous parlez de Hong Xiuquan   ? fit le journaliste, quelque peu incrédule.
    —  Parfaitement ! J’ai même donné à cet excité quelques cours de catéchisme. Il fut un temps où ce bougre ne cessait de me tanner pour que je le baptise, ce à quoi je me suis d’ailleurs toujours refusé.
    —  Le connaissant, le Tianwan a dû vous en vouloir… soupira John.
    —  Peut-être auriez-vous dû accepter, auquel cas votre ami Hong se serait contenté, au lieu de mettre ce pays à feu et à sang, d’apporter sa pierre à l’édification de l’Église baptiste du Septième Jour… s’écria, plaisantant à moitié, le révérend Stevenson, un arrogant pasteur originaire d’Atlanta, Georgie.
    Débarqué en Chine trois mois plus tôt sans parler un mot de chinois, Stevenson, qui avait mis les bouchées doubles, n’était pas peu fier de se montrer déjà capable d’échanger quelques mots avec l’homme de la rue.
    —  Je ne pouvais tout de même pas accorder le sacrement du baptême à un individu qui croit dur comme fer qu’il est le frère cadet de Jésus…
    —  Comme je vous comprends ! fit MacTaylor en prenant des airs effarouchés.
    —  À vrai dire, il cherche à me revoir. Pas plus tard que le mois dernier, il m’a fait savoir qu’il m’accueillerait volontiers dans son palais du Céleste Royaume… À coup sûr dans l’intention de m’im- pressionner ! lâcha Issachar, mi-figue, mi-raisin.
    —  On dit que son palais ne compte pas moins de mille pièces… Du moins si j’en crois les dires de l’auteur de ce tonitruant reportage du North China Weekly , car, pour ce qui me concerne, j’estime ce fait rigoureusement impossible ! Même la Cité Pourpre Interdite n’en compte pas autant ! fit Stevenson en se tournant vers l’intéressé.
    —  Je n’ai pas dit que la demeure actuelle du Tianwan comptait mille pièces, je me suis borné à citer ce que racontait à ce sujet la populace de Nankin lorsqu’elle parlait de la « demeure aux mille pièces » que Hong Xiuquan entendait se faire construire ! corrigea le reporter, piqué au vif.
    —  Votre excellent papier fourmille de détails incroyables non seulement sur Hong mais aussi sur cette jeune femme d’origine anglaise, Laura Clearstone, qui s’est réfugiée chez les Taiping et qui a l’air, ma foi, de s’y trouver fort bien ! ajouta MacTaylor, en flanquant dans le dos de Bowles une gigantesque tape qui se voulait amicale et le fit toussoter.
    A l’évocation du nom de Laura Clearstone, John fut soudain envahi par le souvenir de la dernière visite qu’il avait rendue à la jeune femme, pour retrouver la trace de Jasmin Éthéré à laquelle il tenait à annoncer personnellement la mort héroïque de son compagnon. Il ignorait que la contorsionniste était, ce soir-là, chez son amie où elle jouait aux dames avec Paul et

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