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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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précisément à San Francisco où son église baptiste disposait d’un centre qui dispensait des cours d’évangélisation aux foules mécréantes.
    —  Ainsi vous serez remise dans le droit chemin, mademoiselle ! avait-il conclu sans même lui demander si elle était d’accord.
    Face à cet oukase, la jeune Anglaise était restée muette, incapable de proférer la moindre objection.
    —  Mais avant cela, il conviendrait que vous me disiez ce que vous comptez faire pour l’enterrement de votre mère… Vu la chaleur, son corps ne va pas tarder à se décomposer, avait ajouté Roberts en faisant le geste de se boucher le nez.
    Pour un peu, Laura lui aurait sauté à la gorge. Quant à Joe, terrorisé, arc-bouté sur son idée de départ ainsi qu’en témoignait le semblant de baluchon qu’il avait déjà confectionné, il s’était collé à sa sœur, sa main agrippée à la sienne comme une ventouse.
    —  Vous n’avez pas répondu à ma question… Comment souhaitez-vous que nous procédions pour les obsèques   ? avait insisté Roberts, avant de se lancer dans une longue digression sur le manque de cimetières et la nécessité de trouver une famille de paysans qui consentirait à accueillir sur son lopin de terre la sépulture de Barbara.
    —  Je… je n’ai pas d’idée précise à ce sujet… avait bredouillé Laura figée dans son chagrin.
    Elle était si écœurée par les méthodes du pasteur qu’elle n’avait même pas osé lui dire que l’idéal eût été que sa mère fût enterrée aux côtés de son époux.
    —  Votre mère vous a-t-elle confié un peu d’argent   ? avait enfin lâché Roberts pendant que Bambridge procédait avec de petits ricanements à la toilette mortuaire de son ennemie jurée.
    Laura, choquée par cette absence de compassion de la part de quelqu’un qui n’avait pourtant que l’expression « amour du prochain » à la bouche, avait répondu d’une voix blanche :
    —  Maman ne possédait rien d’autre que sa foi… Je pensais que vous vous en étiez aperçu…
    —  Réfléchissez à ces obsèques qui vous incombent ! Nous en reparlerons ce soir !
    Le pasteur baptiste parti pour sa tournée apostolique avec Bambridge, Laura, révoltée au plus profond d’elle-même, avait décidé de quitter ce presbytère maudit.
    Partir en Californie, pour s’y faire endoctriner par la communauté rigoriste de Roberts et finir exposée à son opprobre, voire à son châtiment, lorsque son ventre s’arrondirait : plutôt mourir ! Son instinct de survie lui commandait de quitter au plus vite ce qui était à ses yeux un lieu de perdition et de mort.
    Alors, rassemblant ce qui lui restait de forces, Laura avait ramassé ses quelques affaires puis, sans même jeter un regard au corps sans vie de sa maman car elle n’en avait plus le courage, elle s’était enfuie en serrant les dents, hébétée par le chagrin mais tenant fermement la main de son frère.
    Il était neuf heures du matin et les rues ensommeillées ne grouillaient qu’à moitié lorsqu’elle avait commencé à foncer droit devant comme un automate. Elle s’était dirigée au jugé, traçant son chemin à travers l’immense ville, sans prêter la moindre attention aux visages ahuris qu’elle croisait, pas plus qu’aux détritus et aux cadavres qu’elle enjambait sans s’en soucier, contrairement à l’ordinaire. Au bout de trois harassantes heures de marche en plein soleil, elle avait repris ses esprits. Elle se trouvait dans un quartier de Canton où elle n’avait jamais mis les pieds. Il était déjà midi et Joe, étrangement calme jusque-là, avait stoppé net devant la carriole d’un marchand de beignets de courge. Il avait faim. Laura, qui venait de prendre conscience qu’elle n’avait pas le moindre sou vaillant, en avait conclu qu’il ne lui était plus possible de continuer à errer ainsi sans but. Le handicap de son frère l’avait ramenée à la dure réalité de ses obligations élémentaires. A moins de revenir au presbytère, issue qu’elle refusait de toutes ses forces, il lui fallait trouver de quoi manger. C’est alors qu’elle était tombée nez à nez avec une discrète pancarte où elle avait réussi à déchiffrer l’inscription : Cherchons personnel de service. Urgent. Elle avait poussé la porte sur laquelle la pancarte avait été fixée. A l’intérieur, des hommes étaient allongés sur des bancs, la pipe à opium à la bouche.
    —  Bienvenue

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