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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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l’ecclésiastique du regard.
    —  C’est rigoureusement impossible, M. MacTaylor. Le père de Joe était anglais, tout comme maman.
    —  Allons donc mademoiselle Clearstone, je plaisantais ! Mon collègue et ami le docteur Down effectue des recherches passionnantes sur les gosses qui viennent au monde avec ce faciès mongoloïde ! s’esclaffa MacTaylor en dégrafant la chemise de Joe avant d’ajouter, plus sérieusement : Votre frère a-t-il l’usage de la parole   ?
    Laura, ne désirant pas s’étendre sur le sujet, se borna à répondre :
    —  Fort peu. En fait, Joe n’a jamais eu toute sa tête. Je ne l’ai entendu s’exprimer qu’en de rares circonstances…
    S’étant emparée de la chemise du jeune malade, que le pasteur lui avait ôtée, elle constata avec effroi qu’en raison de la fièvre, elle était trempée de sueur, comme si elle eût été plongée dans l’eau.
    —  Beaucoup de Chinois doivent le prendre pour l’un des leurs ! fit le médecin qui avait sorti un stéthoscope avec lequel il commença à ausculter le trisomique toujours immobile.
    Le torse de Joe avait tellement fondu et sa peau était désormais si distendue qu’il paraissait revêtu d’une camisole blanchâtre aux plis flasques où fourmillaient de petites lignes bleuâtres.
    —  C’est un fait ! Ici, en Chine, mon frère est dans son élément… lâcha, d’un air sombre, Laura, qui attendait à présent avec angoisse l’annonce du diagnostic du géant écossais.
    —  Mademoiselle Clearstone, j’ai le déplaisir de vous informer que votre frère souffre d’un stade avancé de fièvre tierce ! déclara finalement le pasteur après avoir rangé son stéthoscope dans sa sacoche de cuir.
    —  Quel remède préconisez-vous, docteur   ? réussit à articuler sa sœur d’une voix mourante.
    L’Écossais fît au malade une ultime palpation au cou.
    —  Il est rempli de ganglions. C’est le signe que la maladie continue à progresser. Quant au remède, mademoiselle Clearstone, je ne vois guère que la saignée ! Le sang de votre frère est par trop rempli de miasmes pour qu’il puisse s’en sortir sans que son corps en soit quelque peu allégé…
    —  Une saignée   ? fit la jeune femme, les yeux remplis d’horreur.
    Elle connaissait le principe consistant à vider le corps du malade d’une partie de son sang mais demeurait jusque-là persuadée que cette coutume barbare administrée pour un oui pour un non jusqu’à la fin du XVIII e siècle à des malades dont beaucoup en étaient morts avait disparu depuis belle lurette de la panoplie des prescriptions médicales.
    —  C’est là un remède fort efficace. Si mon pauvre Jay était là, il pourrait vous en parler ! s’écria Mrs Greenwich, comme si MacTaylor avait besoin qu’elle volât à son secours.
    Lorsque Laura vit le pasteur disposer ses lancettes dans une petite coupelle d’acier en forme de haricot où il avait versé de l’alcool à 90°, elle lui souffla, d’une voix blanche et comme en proie à un sombre pressentiment :
    —  Pourriez-vous attendre un peu, monsieur MacTaylor… Je dois d’abord réfléchir… Mon frère est très affaibli… Je ne suis pas sûre qu’il supporte la médication…
    Janie Greenwich s’approcha de sa locataire, planta ses petits yeux grisâtres comme ses cheveux dans les siens et lui chuchota d’un air excédé, en désignant Joe d’un doigt vengeur :
    —  Il ne faut pas contrarier les médecins, ma chère. Si M. MacTaylor devait prendre la mouche, vous seriez dans de beaux draps… et je ne parle pas de ce pauvre garçon…
    Pour la Galloise, bigote autant qu’hypocondriaque, la double casquette – ecclésiastique et médicale – de l’intéressé transformait tous ses propos en paroles d’Évangile.
    —  Alors, mademoiselle Clearstone   ? Que décidez-vous   ? lança le pasteur qui venait de retrousser ses manches et de passer un long tablier blanc noué à l’épaule qui le faisait ressembler à un boucher.
    Au bout de quelques secondes qui lui parurent des siècles, Laura finit par lui répondre dans un souffle, comme si elle avait dit au bourreau d’en finir avec Joe   :
    —  Faites !
    Tandis que Laura, incapable d’assister à une telle opération, était sortie de la chambre, MacTaylor, après avoir garrotté le bras droit de Joe, y enfonça, d’un geste lent, la pointe de son stylet. Sur-le-champ, le trisomique poussa une sorte de gémissement qui

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