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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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ciel, lança à sa locataire un regard plein de commisération.
    —  M. MacTaylor est à la fois pasteur et médecin… Lorsque mon pauvre Jay eut sa première crise de goutte, M. MacTaylor lui administra une bonne saignée qui le mit sur pied au bout d’un jour ! Et pourtant, sans mentir, je peux vous assurer que mon mari souffrait le martyre. Il était incapable de marcher tellement ses gros orteils étaient en feu ! Il vient me voir tous les quinze jours, moyennant quoi, les microbes me laissent à peu près en paix.
    —  Quand ce docteur doit-il passer   ? s’enquit Laura, soudain prise d’un fol espoir.
    Convaincue qu’il n’existait aucun médecin occidental à Shanghai, elle n’avait même pas eu l’idée d’en faire venir un au chevet de son frère ! Elle était vraiment au-dessous de tout ! Alors, mortifiée à l’extrême et par un élan qu’elle regretta aussitôt mais qu’elle ne dominait pas, elle se jeta en larmes dans les bras de la petite dame grisonnante.
    —  D’un moment à l’autre ! M. MacTaylor ne manque jamais un rendez-vous ! Il est de surcroît d’une ponctualité extrême ! Il ne faut pas vous mettre dans cet état, ma chère, fit celle-ci d’une voix chevrotante, quelque peu affolée par la réaction de la jeune Anglaise.
    —  J’ai peur pour Joe   ! Son état me paraît s’aggraver d’heure en heure… gémit Laura en se tordant les mains.
    —  Une croyante ne doit pas avoir peur de la mort. C’est Dieu qui choisit le moment, ma chère ! Quant à votre voyage, vous pouvez fort bien le retarder, le temps que votre frère soit complètement guéri. La compagnie maritime vous remboursera vos billets sans problème. Il y a toujours quantité de passagers sur liste d’attente, ajouta la Galloise sur un ton sentencieux après avoir vérifié que son chignon était toujours impeccable.
    —  Vous avez raison, Mrs Greenwich. Je vous prie de m’excuser pour ce manque de retenue.
    Laura, qui vivait un de ces entre-deux pendant lesquels on clôt les vieilles portes sans avoir pu, encore, ouvrir les nouvelles, était persuadée qu’elle ne pourrait faire le deuil de La Pierre de Lune qu’après avoir quitté la Chine. C’était la seule façon de s’arracher au passé. La perspective de devoir retarder son départ lui mettait un peu plus les nerfs à vif.
    Elle était en train d’essayer d’enfourner dans la bouche de son frère une cuiller à café d’eau sucrée lorsque la pénombre baissa brusquement d’un cran supplémentaire dans la pièce dont la porte venait d’être bouchée par la carrure impressionnante d’un individu tout de noir vêtu.
    —  Bonjour, mademoiselle Clearstone ! J’ai entendu parler de vous dans les journaux ! Vous n’avez pas eu froid aux yeux en allant vous installer dans la gueule du loup ! fit la voix de stentor du pasteur écossais dont l’énorme main broya allègrement les phalanges de l’intéressée.
    Ahurie, la jeune femme regarda Mrs Greenwich dont les pommettes venaient de s’empourprer. C’était évidemment la Galloise qui avait donné son nom à l’Écossais.
    Elle ne put que bredouiller :
    —  Chez les Taiping, j’ai été fort bien traitée…
    Après s’être penché au-dessus de Joe, MacTaylor lâcha, en lui prenant le pouls :
    —  Avec ce fou de Hong, vous pouviez vous attendre au pire… Ce type n’est qu’un sauvage, comme d’ailleurs beaucoup de ses congénères lorsqu’ils versent dans le taoïsme ! Voyons un peu de quoi souffre ce malade…
    —  Mon frère subit une forte fièvre depuis dix jours, souffla Laura, livide, en regardant l’Écossais tâter son frère, toujours inconscient, de la tête aux pieds.
    Le pasteur avait beau manipuler le corps de Joe dans tous les sens, lui lever puis lui baisser les bras, lui soulever les paupières et lui ouvrir la bouche de force, le trisomique, telle une chiffe, demeurait parfaitement inerte.
    —  Il n’est pas en bon état… Dommage que vous ne m’ayez pas appelé plus tôt ! murmura MacTaylor en tournant son regard vers la Galloise qui se contenta d’arrondir la bouche et de lever les yeux au ciel.
    —  À vrai dire, je ne connais pas grand monde à Shanghai ! lâcha la jeune femme, lèvres serrées et en baissant les yeux.
    —  Mais dites-moi un peu, vous êtes sûre que votre frère n’est pas de père chinois   ? crut bon de lancer le pasteur pour détendre l’atmosphère.
    Laura releva la tête et fusilla

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