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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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pour mieux la camoufler, s’était crânement posté au-dessus de l’ouverture et n’en avait pas bougé d’un pouce, Vuibert avait tout entendu et tout vu à travers les larges fentes du mauvais parquet fait de planches mal ajustées.
    —  Je savais bien que je finirais par retrouver les gredins qui m’ont roulé dans la farine, avait hurlé Jarmil dont le visage déformé par la colère dégoulinait de haine et de rancœur.
    L’Anglais, campé sur ses jambes, avait vivement riposté.
    —  En l’espèce, celui qui nous a abusés, Antoine et moi, c’est bien toi ! Maudit soit le jour où je t’ai naïvement fait confiance !
    Au premier signe du Pondichérien, l’énorme masse de Deux Fois plus de Chance s’était alors mise en mouvement, tel un pachyderme que son maître vient de déchaîner. Il s’était rué sur Stocklett avant de lui assener un violent coup de pied dans les parties qui avait fait tomber l’Anglais à genoux. Le compradore , qui pesait au bas mot deux cents livres, avait fait trembler si fort le plancher du salon qu’Antoine, la peur au ventre, avait bien cru qu’il allait s’effondrer sur lui. Il n’était plus resté aux deux compères qu’à renverser leur victime dont le visage s’était retrouvé à peine à quelques centimètres du sien. Dans l’espoir de le réconforter, Antoine avait scruté la pupille de Nash. Pratiquement collée à la sienne, elle était dilatée par l’effroi et semblait le supplier de le tirer de là. Mais il ne pouvait strictement rien faire, d’autant que le corps de son compagnon, désormais recroquevillé sur la trappe, en bloquait l’ouverture.
    —  Où est le maudit Français   ?
    —  À Pékin ! Nous avons un partenaire qui travaille pour la Cité Interdite. Antoine ne rentrera pas avant un mois… avait lâché Nash avec l’énergie du désespoir, sous les yeux éperdus de reconnaissance du Français.
    Sans plus attendre, Jarmil avait commencé à appuyer la lame de son couteau sur le cou de Stocklett d’où le sang n’avait pas tardé à perler avant de se répandre sur le plancher, jusqu’à goutter sur les épaules du Français qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce, de peur d’éveiller les soupçons des deux criminels.
    —  Tu es devenu fou, Jarmil, avait hurlé l’Anglais qui continuait à se débattre comme un beau diable mais dont la voix était déjà affaiblie par la blessure au cou qui avait touché son aorte.
    —  Tu me prends pour un idiot ! Vous vous êtes envolés avec la caisse et tu voudrais que je me laisse faire   ? Heureusement que Keluak m’a prévenu qu’à l’issue de votre départ de Singapour vous comptiez vous rendre à Shanghai chez Deux Fois Plus de Chance !
    Antoine, dont les bras étaient inondés du sang de Nash, s’était souvenu que ce dernier avait expliqué au Malais qu’ils commenceraient par se rendre à Shanghai afin de récupérer l’argent que leur devait le compradore . Malgré ses simagrées et ses serments de fidélité, Keluak avait bel et bien partie liée avec Jarmil. On ne se méfiait jamais assez !
    —  C’est toi qui as pillé la société. Avec tout ce que tu nous as volé, il n’aurait plus manqué qu’on te file ta part ! s’était défendu Stocklett dans un souffle.
    Sa gorge encombrée par les glaires avait réduit la portée de sa voix à un filet presque inaudible. Puis, sous l’œil consterné d’Antoine pétrifié par la stupeur, il avait perdu connaissance.
    C’est ainsi qu’Antoine, toujours coincé sous le plancher, avait découvert que, contrairement à ses dires, Stocklett n’avait pas donné à Jarmil ce qui lui revenait, du moins en théorie, des actifs à l’issue de la liquidation de V.S.J. & Co !
    Le Pondichérien n’avait pas eu besoin de fouiller la maison. Il s’était contenté de palper rageusement le corps de Nash, sur lequel il n’avait eu aucun mal à trouver, dans la doublure de la veste, les 50 dollars d’or que le malheureux y avait fourrés avant leur départ de Singapour.
    Jarmil les avait longuement mirés avant de les humer, satisfait du résultat. Quelques secondes plus tard, d’un geste brusque, il avait planté son poignard dans le ventre du malheureux Stocklett dont le gémissement, quoique très assourdi vu son état, avait néanmoins déchiré le cœur d’Antoine. Le Français, qui avait suivi d’un bout à l’autre ce terrible geste, brûlait d’en découdre et de venger son ami, au point

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