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Le sac du palais d'ete

Le sac du palais d'ete

Titel: Le sac du palais d'ete Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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aromates de la péninsule arabique et les tapis de Perse, faisaient l’objet de pillages systématiques, sans oublier les outils de menuiserie forgés dans la région de Bergame dont il s’était aperçu avec effroi qu’il en manquait les trois quarts !
    Le sol s’était effondré sous Niggles lorsqu’il avait découvert l’ampleur de la fraude à laquelle il était confronté. Il craignait par-dessus tout l’effet du scandale lorsqu’il en référerait à ses autorités de Londres. Il passerait soit pour un voleur, soit pour un piètre gestionnaire, à tout le moins indigne des fonctions qui lui avaient été confiées. L’avenir s’annonçait par conséquent des plus sombres. Il se voyait déjà mis à pied sans la moindre indemnité, contraint d’abandonner son bureau et son train de vie, obligé de revenir en Angleterre la queue basse et marqué au fer rouge jusqu’à la fin de ses jours… à moins qu’il n’eût l’énergie de repartir dans d’autres aventures, vers de nouvelles activités comme celles dont les Elliott lui avaient donné l’idée. Marchand d’antiquités chinoises… Mais aurait-il seulement la force de changer de métier, d’effectuer la collecte des objets, de les transporter, puis de trouver de riches clients qui accepteraient de payer le juste prix   ? A Londres, la gentry fortunée aurait tôt fait de se renseigner sur son compte car nul doute que ses collègues de Jardine & Matheson lui pourriraient la vie en colportant à son propos de quoi lui fermer toutes les portes !
    Il poussa un soupir et repensa à baby face, à son visage angélique ainsi qu’à ce côté « baroudeur » qu’il lui avait découvert depuis son équipée récente et qui ajoutait un peu plus à son charme. Quel dommage qu’Antoine Vuibert n’aimât pas les garçons… Avec lui, tout eût été possible. Car à son âge, pour repartir valablement dans la vie, il fallait être deux ! Face à cette rude épreuve qu’il devait à présent traverser, il se sentait seul au monde, abandonné de tous et cerné par un ennemi invisible qui avait décidé d’avoir sa peau. Du coup, il en était presque à regretter de ne pas avoir fait médecine comme son père et son frère. Lorsqu’il se leva pour aller assouvir un besoin pressant, deux pieds de son fauteuil se cassèrent. Il ne put s’empêcher d’y voir un mauvais présage. Le serviteur traîna un nouveau fauteuil.
    —  Cette véranda est infestée par les insectes ! lâcha Niggles quand il revint.
    Zhong désigna le petit pot de bronze placé sur son brasero incandescent.
    —  J’ai mis des feuilles de citronnelle à cuire… Quant au thé de monsieur, il est servi !
    À la première gorgée, Jack Niggles fit la grimace.
    —  Ce thé est beaucoup trop amer ! Depuis quelques jours, tu me sers un breuvage imbuvable ! lâcha-t-il, agacé et sans cacher un certain accablement.
    —  C’est du Nuage des Forêts… l’une des meilleures variétés de thé vert ! s’écria le serviteur en minaudant.
    —  Il n’empêche, il ne me laisse que du feu à la gorge… maugréa l’Anglais en se tamponnant la bouche avec sa pochette de soie.
    —  En réalité, monsieur est très fatigué, mais monsieur ne veut pas l’admettre. Voilà pourquoi le thé Nuage des Forêts paraît si amer à monsieur ! ajouta Zhong le Discret comme si de rien n’était.
    Il lui fallait être sur ses gardes, car c’étaient les gouttes blanchâtres d’Epée Fulgurante qui conféraient au thé de Niggles sa terrible amertume.
    —  Il est vrai que la station debout du matin au soir dans cet entrepôt où l’on étouffe est un rude exercice… soupira, maussade, le marchand d’opium.
    Ses investigations n’avançaient guère, au point qu’il avait désormais l’impression de s’attaquer à la muraille de Chine. Les stocks à vérifier, gigantesques, fluctuaient selon les jours, au gré des entrées et des sorties des marchandises. Bref, la suite de l’enquête s’annonçait des plus difficiles et il n’était pas du tout sûr d’arriver à ses fins.
    Il acheva son bol de mauvaise grâce, en pensant au rapport qu’il devrait rédiger pour Stocklett et ses chefs. Il importait, à cet égard, de ne pas trop tarder afin qu’il soit dit qu’il avait découvert le pot aux roses, sans attendre qu’une inspection diligentée par la direction générale –  ils appelaient ça « audit »  – lui coupât l’herbe sous le pied. Ce rapport,

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