Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le salut du corbeau

Le salut du corbeau

Titel: Le salut du corbeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
Vom Netzwerk:
lança n’importe comment dans une nouvelle descente.
    — Oh non, pas à reculons ! Les arbres n’attendent que ça !
    Adam avait boulé, hilare, sur les cuisses d’un Louis éberlué.
    — On y va ensemble, Père !
    Ainsi, le garçonnet assis dans la luge eut-il le bonheur de se faire remonter en haut de la pente par Louis. L’homme prit place derrière et tint la corde, un bras de chaque côté de l’enfant. Adam aima le sentiment de sécurité que cela produisit. Pendant ce temps, les domestiques étaient convenus que le redoux était un moment tout désigné pour faire une promenade. Ils avaient abandonné Hubert et Margot à la quiétude de la maison et avaient rejoint la famille pour se repaître du spectacle et bavarder.
    Lionel, essoufflé par une remontée faite en hâte, dit :
    — Comme je t’envie ton corps d’athlète, Louis. Ouf… Mais qu’importe ! Oublions soucis, rhumatismes et jours maigres. Nous voici tous redevenus gamins grâce à notre précieux Adam et à vos bouts de bois.
    Plaf ! Une boule de neige explosa au-dessus de la tête du bénédictin et fit partir son chaperon.
    — Silence, moine ! fit Louis, dont les yeux pétillèrent malicieusement.
    Il prit son élan d’un seul pied pour détaler en bas de la pente, emportant avec lui le rire guttural d’Adam. Lionel se recoiffa en hâte et partit à leurs trousses.
    — Ah, mes enfants, vous ne m’échapperez pas comme ça !
    Le bénédictin fit voler une gerbe de neige en négociant un virage de trop près.
    — Malédiction, je viens de perdre une heuse*.
    Il leva la jambe afin de protéger son pied enveloppé de bandelettes.
    — Ding ! Dong ! Ding ! Dong ! Alerte ! Il y a un obstacle sur la route ! cria-t-il avant d’être avalé par un nuage de neige.
    Alors qu’il détaillait l’arbre qui l’avait arrêté, Lionel aperçut Blandine qui lui rapportait sa chaussure fugueuse en riant.
    Au bas de la pente, Louis s’était rendu compte qu’il avait perdu Adam et sa luge en cours de route. L’enfant s’échappait avec son traîneau. Il avait déjà entrepris de remonter la pente, les joues en feu et trébuchant à chaque pas à cause de son fou rire. Pendant ce temps, une traîne tournoyait à toute vitesse droit vers lui.
    — Allez, ouste ! Ouste ! criait Jehanne.
    Louis eut tout juste le temps de rouler hors de la piste, de se relever et de plonger tête première dans de la neige molle en perdant son chaperon. Jehanne s’arrêta un peu plus bas et courut jusqu’à lui avec sa traîne. Il était resté assis dans la neige et ressemblait à une grosse borne noire. Elle s’écroula de rire à côté de lui. Il dit, encore confus :
    — C’est le moine qui va être content. Parce qu’avec une telle façon d’agir, à me faire foncer dedans comme ça et à risquer de me rompre le cou, je vais bien être obligé d’apprendre à prier.
    Au crépuscule, le retour à la maison fut rempli de chants assez bien rendus par tous les adultes, y compris Louis qui traînait Adam sans rechigner. L’enfant s’était improvisé comme auditoire et applaudissait leurs prestations qu’il trouvait magistrales, même si elles ne l’étaient pas. Lionel interrompit le chant pour pousser un soupir de contentement :
    — Ah, l’après-midi a filé aussi vite que nous, n’est-ce pas, cher Louis ? À l’égal de notre adorable bambin, rose et frétillant…
    Lorsqu’il se rendit compte que son fils ne l’écoutait pas, le moine s’en approcha subrepticement et parvint à insérer un peu de neige dans son col étroit. Elle se mit à fondre le long de l’épine dorsale en laissant une traînée d’eau glacée. Louis se tortilla, lâcha la corde et s’élança à la poursuite du farceur qui finit par se retrouver étendu sur le dos, le visage lessivé sans ménagements par deux grandes moufles de cuir. Adam sauta au cou de son père qui avait le dos tourné et lui arracha son chaperon avant de prendre la fuite en direction du pré enneigé. Louis rugit et partit à sa poursuite. Il disparut avec lui dans un bosquet, où les rires et les cris suraigus d’Adam montèrent rejoindre les nuages perlés qui annonçaient la tempête pour la nuit suivante.
    — Leur énergie est stupéfiante, fit remarquer Lionel, crachotant et le visage rougi, en reprenant sa marche en compagnie des autres vers la maison.
    Dans le bosquet, la neige molle qui s’était accumulée permit au duo d’entreprendre un corps à

Weitere Kostenlose Bücher