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Le salut du corbeau

Le salut du corbeau

Titel: Le salut du corbeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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somnolait près du foyer.
    — Je les déteste, ces vieux jouets, cria Adam avec frustration.
    Lionel, qui s’était installé à table pour lire, dit :
    — Qu’est-ce qui ne va pas avec ces jouets ? À moi ils me semblent en parfait état. Allez, montre-moi ce machin, petit voyou.
    — Je suis pas un voyou. Ils sont tout brisés, bon. J’ai faim. Je veux du blanc-manger. Non, du gâteau. Avec du lait sucré.
    — Nous passons à table dans un instant, Adam. Un peu de patience.
    — Non ! J’ai trop faim.
    On n’osa pas réveiller Louis quand le moment fut venu de passer à table. L’enfant, qui avait tant insisté pour grignoter avant l’heure, ne fit pourtant que picorer dans l’écuelle des autres. Au bout de cinq minutes, il se mit à bougonner :
    — Je m’ennuie. Je veux m’en aller jouer.
    — Mais tu n’as rien mangé, fit remarquer Blandine.
    — Oui, j’ai mangé. J’ai plus faim.
    — Pardieu, petit, intenable comme tu l’es, nous allons sûrement avoir de la neige à profusion, grogna Hubert, dont la patience était pourtant reconnue comme exemplaire.
    — Non ! cria Adam à l’imprudent qui avait eu le malheur de protester.
    L’enfant se mit à bombarder Hubert avec des miettes de pain dont certaines étaient beurrées.
    — Hé ! là !
    — Qu’allons-nous bien pouvoir faire de cette tempête humaine, mes amis ? demanda Lionel.
    Encore un peu grippée, Jehanne ne pouvait leur être que d’un vague secours. En revanche, Louis remua, du coin où il s’était endormi. Il se leva et s’étira discrètement, puis se joignit à eux. Son arrivée donna un répit à tout le monde : Adam dut se contenter de bouder et de rester assis à sa place, les bras croisés, afin d’éviter une réprimande paternelle.
    — Cette trêve est la bienvenue, dit Lionel.
    — Quelle trêve ? demanda Louis.
    Ils regardèrent tous en direction d’Adam, qui lâcha un retentissant :
    — J’ai rien fait !
    Le maître servit lui-même au garçonnet une louchée de haricots et lui beurra un morceau de pain. Il dit :
    — Plus un mot. Mange. Après, nous aviserons.
    L’enfant avala le contenu de son plat sans dire un mot. Bien qu’il s’efforçât de ne pas quitter son humeur maussade, il dut se rendre à l’évidence que la nourriture était délicieuse, comme toujours lorsque c’était Père qui la lui offrait. Car c’était peut-être un signe qu’il l’aimait.
    Louis ingurgita son repas un peu plus rapidement que d’habitude et ne participa aucunement aux conversations des autres, ce qui était coutumier chez lui. Il se leva et sortit sans donner d’explications pendant que Margot mettait de l’eau à chauffer pour une infusion.
    — Il est fâché contre moi ? demanda Adam d’une toute petite voix.
    — Je ne crois pas, non, répondit Thierry.
    — Depuis quelque temps, dit Toinot, il va travailler dans la forêt, du côté de la colline. Mais j’ignore ce qu’il y fait au juste. Je n’ai pas vu d’arbres à terre.
    Dans l’écurie close, Tonnerre trouvait le temps long. Entre ses promenades quotidiennes avec Louis, il n’avait pour distraction que la compagnie d’un cochon, ainsi que d’une chèvre et d’une brebis qui bêlaient parmi la volaille répandue autour d’elles. Louis s’occupa un peu des bêtes avant d’aller dans la grange, puis il rentra à la maison en traînant derrière lui une luge toute neuve. Il en laissa tomber la corde et vint reprendre sa place à table comme si de rien n’était. Personne n’osa ouvrir la bouche. Adam se tortilla sur son banc pour regarder la mystérieuse structure qu’il avait admirée tant de fois dans la grange. Complétée, elle avait pris tout son sens. La courbure de ses deux patins était irréprochable et ses montants avaient été peints en rouge. Louis ne quitta pas l’enfant des yeux, ce qui fit demander à ce dernier avec hésitation :
    — Pour moi ? C’est la Noël ?
    Les domestiques éclatèrent de rire. Louis expliqua :
    — Elle n’était pas finie à la Noël. J’ai eu besoin d’aide. Tu peux remercier Thierry.
    Mais Adam quitta son banc et sauta au cou du maître, qui dut reculer un peu pour que l’enfant ne renverse pas son gobelet d’infusion. Il tapota le petit dos avec sa grande main sans voir les autres qui souriaient à la scène, heureux.
    — Merci, Père !
    — Sans façon.
    Adam lui appliqua un baiser collant sur la joue et se retourna pour dire :
    — Merci,

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