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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
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temps de voir qu’il y avait du sang partout. Il y avait deux autres militaires dans la pièce chaude. L’un d’eux est sorti pour me parler…
    Titos s’interrompit et déglutit péniblement. Philippos l’enlaça et le serra contre lui.
    — Tu t’en tires très bien, continue !
    — Il m’a dit qu’il faisait partie du Tribunal. Il s’est mis à me poser des tas de questions sur Photia, mais aussi sur son amie Klava, celle qui était servante… Si elles avaient beaucoup d’amis, avec qui elles sortaient et tout ça. Moi, je voulais voir Photia, mais l’homme a refusé de me laisser entrer. « Il faut que tu gardes une belle image de ta sœur », qu’il a dit. Et c’est vrai, Photia était très belle ! Elle avait des cheveux noirs comme moi, mais ses yeux étaient bleus comme des myosotis. Quand les gardes l’ont emportée, elle était recouverte d’un drap. Je ne l’ai plus jamais revue.
    — As-tu parlé de l’amoureux de Photia à cet homme du Tribunal ?
    Titos fit un signe de dénégation.
    — C’était un secret ! Ma sœur répétait que personne ne devait le savoir. Elle me l’a fait jurer sur son psautier.
    — Mais tu l’as aperçu, au moins ?
    — Jamais. Chaque fois qu’il devait venir, Photia m’envoyait chez la grand-mère Daria. De toute façon, qu’est-ce que ça change ?
    — C’est lui qui a assassiné ta sœur, répondit Philippos.
    L’enfant secoua fermement la tête.
    — Ça ne peut pas être lui ! Il aimait Photia et lui faisait plein de cadeaux. Et puis, l’homme du Tribunal a dit qu’elle avait été tuée par un fou.
    — Et ce flacon de parfum ? Ta sœur a-t-elle dit quelque chose à ce propos ?
    — Elle m’a expliqué que ça s’appelait un élixir et qu’il était aussi précieux qu’un bijou de grand prix. Il était semblable à une potion magique, qu’elle disait, et aussi qu’il allait assurer sa fortune… quelque chose comme ça. C’était son porte-bonheur.
    — Tu parles d’un porte-bonheur ! gronda Philippos. C’était la source de tous vos malheurs !
    — N’empêche qu’il sentait rudement bon, observa le gamin. On aurait dit toutes les fleurs du Paradis ! L’homme du Tribunal m’a expliqué qu’ils avaient trouvé le flacon par terre, vide. Le tueur avait dû le renverser pendant qu’il fouillait la maison. Qu’est-ce qu’elle était jolie, cette fiole ! Je voulais la garder en souvenir de Photia. Seulement…
    — Seulement ?
    — J’ai fini par la vendre. D’ailleurs, tout a été vendu : l’isba, la mercerie, les meubles et même nos vêtements. Il fallait rembourser le propriétaire de la boutique, le commerçant à qui Photia commandait la marchandise, et je ne sais qui encore. Nos voisins ont racheté ce qui n’a pas été pris par le collecteur de dettes. Au bout de six lunes, je n’avais plus rien. Alors, hier, quand j’ai revu cette fiole, je me suis senti tout drôle…
    Philippos tira l’aryballe de sa poche et la montra à Titos.
    — Oui, c’est exactement la même ! Je peux la toucher ?…
    Il prit le flacon dans ses mains et se mit à le caresser du bout des doigts. Il avait les larmes aux yeux. Comme Philippos le pressait contre lui, l’enfant enfouit sa frimousse dans le creux de son épaule et pleura silencieusement. Lorsqu’il se fut calmé, Philippos lui reprit la fiole en disant :
    — Je ne peux pas te la laisser maintenant. C’est un indice – disons, une preuve importante dans l’affaire criminelle que mon père essaie de résoudre. Je te promets qu’on finira par arrêter l’assassin de Photia, il sera châtié pour tous ses crimes. Et moi, je m’occuperai de toi, petit frère !
    En questionnant l’orphelin, Philippos apprit qu’il faisait partie d’une bande de gamins qui vivaient du maigre butin qu’ils se procuraient en mendiant ou en volant au marché.
    — Je n’ai pas le droit de t’en dire davantage, déclara Titos. Si tu veux me trouver, t’as qu’à demander après moi à l’un des garçons qui traînent devant l’église du Vendredi-Saint. Mais tu ferais mieux de t’habiller autrement si tu viens par là-bas.
    — Ne t’inquiète pas, le rassura Philippos en riant. Autrefois, j’ai appartenu à une bande semblable à la vôtre 1 . Je connais toutes vos astuces, va ! Un jour, je te raconterai, tu verras que mon histoire n’est pas si différente de la tienne.
    Avant de quitter Titos, Philippos fit promettre à l’enfant qu’il

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