Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elena Arseneva
Vom Netzwerk:
Philippos. La principale préoccupation de chaque jeune fille qui a la tête sur les épaules, c’est le mariage ! Nadia, elle, avait bien tiré son épingle du jeu. Elle n’était plus obligée de se rabattre sur le premier venu comme le faisaient tant de filles. Kassian était un homme bien sous tous rapports, et un boyard par-dessus le marché. En plus, il avait eu la bonne idée de l’enlever au nez et à la barbe de Fania, et celle-ci s’était comportée exactement comme Nadia l’avait escompté. Toute cette aventure l’avait enchantée. Un rapt, c’était si excitant ! En outre, son futur époux s’était ainsi mis la corde au cou plus sûrement que s’il avait demandé sa main à son père ! Quand on appartient à la bonne société, on se plie à ses lois. Si Kassian la quittait maintenant, avant la cérémonie des fiançailles, aucune famille honnête ne voudrait plus de lui ! Tandis que Nadia, elle, était protégée par sa dot de n’importe quel scandale.
    Soudain, elle entendit un bruit sec derrière elle et sursauta. Elle sortit du cuveau, contourna le paravent et courut vers la fenêtre sans faire attention à l’eau qui dégoulinait sur le sol. Non, ce n’était que le vent qui avait fait claquer les volets… Elle les attacha aux crochets fixés sur la façade puis se pencha au-dehors et promena son regard sur l’allée et le jardin. Personne !
    Elle retourna au cuveau pour se replonger dans son bain. Bien que l’eau fût encore chaude, elle ne put réprimer un tremblement. Voyons, se rassura-t-elle, elle n’avait aucune raison de devenir nerveuse ! L’exemple de Marfa lui servirait de leçon : par les temps qui couraient, on n’était à l’abri nulle part, pas même au sein de son propre domaine. Heureusement, elle pouvait désormais compter sur la protection de son promis ! Kassian était un brave. Il lui avait raconté comment il avait défié le meurtrier aux aromates – si bien que ce dernier s’était enfui en abandonnant son butin. Et il lui avait fourni la preuve tangible de ses dires : le gage d’amour le plus précieux qui soit, et qui valait une fortune !
    Nadia s’enfonça dans l’eau jusqu’au menton. Ses pensées prirent alors un autre cours, son regard se durcit et devint rusé. La chance semblait sourire à son fiancé, mais était-il aussi riche qu’il le prétendait ? D’après son père, Kassian était un panier percé. Et, bien que Nadia ait adoré l’idée de l’enlèvement, le projet des fiançailles à Kiev ne l’avait pas emballée. Non qu’elle doutât de la bonne foi de Kassian ; mais ici, à Tchernigov, c’était sa dot qui pesait surtout dans la balance de leur future union. Voilà qui lui permettrait de mener son futur époux à la baguette ! Elle gloussa en songeant au vieil adage : « Le mari, c’est la tête et la femme, le cou : la tête regarde là où le cou se tourne ! »
    À cet instant, un bruit de pas la tira de ses pensées. Elle se redressa et fixa la porte.
    — Nadia, Nadia ! dit une voix à peine audible. Ouvre-moi… Vite !
    Il lui sembla reconnaître le timbre de Philippos, et elle poussa un soupir d’agacement. Ce filou avait encore réussi à se faufiler jusqu’à sa chambre ! Et dire qu’elle avait éloigné Fania et les domestiques exprès en prévision de la visite de Kassian !
    — Écoute-moi, fils d’Artem, je suis occupée à ma toilette ! lança-t-elle. Fiche le camp !
    — Nadia, ouvre ! Ce n’est pas le fils d’Artem, c’est moi… J’ai besoin de ton aide !
    La voix était étouffée et trébuchait sur les mots, comme à bout de souffle.
    — Kassian ? Tu ne te sens pas bien ? s’alarma Nadia.
    Émergeant du cuveau, elle s’épongea rapidement le corps avec une grande serviette de lin, puis enfila sa longue chemise en tissu fin. Elle savait qu’elle était ravissante comme ça, ses formes à peine dissimulées. Son promis avait bien le droit de la contempler en cette tenue alléchante !
    Nadia s’approcha de la porte, tira le lourd verrou en fer et ouvrit le battant. En reconnaissant l’intrus, elle écarquilla les yeux et sentit son sang se glacer. Elle leva les deux mains pour se protéger la gorge et se figea ainsi, paralysée par la terreur. Elle avait compris que c’était la Mort – sa Mort – qui se tenait sur le seuil de sa chambre.
    1 - Voir La Nuit des ondines, op. cit.

CHAPITRE XVIII
    Les cloches sonnaient six heures du soir quand Philippos déboula

Weitere Kostenlose Bücher